pourrait tenter de résumer en quelques lignes le propos du mini-feuilleton qu’elle est en train de regarder, non ? Pourquoi pas ? Ça lui ferait un petit exercice de rédaction, et puis surtout ça lui permettrait peut-être de voir si elle-même y comprend quelque chose, parce que plus le récit avance plus ça lui paraît alambiqué.
Alors voilà : grosso modo c’est l’histoire d’une meuf qui fut orpheline très tôt puisque ses deux parents sont morts dans un accident automobile qui ne fut pas vraiment un accident et dont elle fut la seule survivante. Devenue adulte « CSP+ » et alors qu’elle vit avec son amoureuse voilà que subitement elle vire hétérote et se maque avec un phallocrate qui s’avère être le seul garçon qui prenait jadis sa défense dans la cour d’école — elle elle le sait, pourtant lui ne l’a pas reconnue, d’où asymétrie. On se doute d’autant plus que ça va beuguer que le ceusse veut impérativement lui coller un lardon, projet qui ne semble pas pouvoir aboutir par les voies « naturelles » et qui de toute façon la laisse tiédasse (et on la comprend puisque sur ce flux SeenThis nous sommes tou·te·s d’accord pour dire que les enfants sont la plaie de l’humanité).
Bref, comme si la situation n’était pas assez craignos comme ça, voilà que l’assez peu fréquentable frangin du keum emménage dans la maison d’en face en compagnie de sa légitime qui n’est autre que... l’ex-concubine de notre orpheline. Aïe. Vous suivez toujours ? Attention ça se complique, alors à partir de maintenant nous allons nommer « Meuf A » et « Keum A » les membres du premier couple, et « Meuf B » et « Keum B » ceux du deuxième.
Suite à une embrouille lors d’une soirée à laquelle participent les deux ménages (enfin les deux et demi), Keum B (devenu beau-frère de Meuf A) et Meuf B (l’ex de Meuf A devenue donc belle-sœur de Keum A) se foutent sur la gueule, si bien au beau milieu de la nuit Meuf et Keum A (qui, rappelons-le, habitent juste en face de Meuf et Keum B) croient voir le frangin transporter le corps de l’ex dans le coffre d’une Lada® — mais nous apprendrons quelque temps plus tard qu’en fait c’était Meuf B déguisée en Keum B, sans pour autant avoir la certitude qu’en parallèle il y avait bien le cadavre de Keum B à la place de celui de Meuf B, bien qu’on ait vu Meuf A zigouiller le premier en venant à la rescousse de la seconde.
Pensant à tort ou à raison que son frangin a claboté, Keum A flippe et tente de se pendre mais est sauvé in extremis par Meuf A, puis atterrit en hôpital psychiatrique pendant que Meuf A s’enfuit dans la montagne roucouler avec Meuf B qui attend un gosse de Keum B — mais si Meuf A ne voulait pas d’enfant avec Keum A il s’avère qu’elle n’en veut pas davantage avec Meuf B, a fortiori si le géniteur de celui-ci est Keum B, le potentiel mort responsable du suicide raté de Keum A.
Là-dessus on peut se perdre en supputations : est-ce que Meuf A ne s’est pas remise avec Meuf B qu’elle tient plus ou moins sous sa coupe dans le seul but de récupérer le futur môme que pourtant elle ne veut ni ne parvient à obtenir avec Keum A ? Est-ce que par hasard Keum A et Keum B n’étaient pas les responsables de « l’accident » qui avait coûté la vie aux parents de Meuf A ? De qui Meuf B est-elle la complice ? Et surtout étant donné qu’il ne reste plus qu’un seul épisode à regarder, comment le cinéaste va-t-il s’y prendre pour débrouiller tout ça en cinquante-deux minutes ?
Ah la la, c’est peut-être son cerveau qui ramollit mais il semble à la vieille Garreau que les feuilletons télé étaient quand même plus simple à suivre du temps des « Saintes chéries » et de « Rintintin ».
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→ « L’Amour fou », de Mathias Gokalp, trois épisodes sur Arte.