• Apparemment argumentation faisant suite à « La farce républicaine »
      http://seenthis.net/messages/434783

      C’est de ce point de vue, celui de l’hétérogénéité radicale des forces qui s’affrontent, que certaines formulations du « manifestant anonyme » peuvent paraître fausses, voire scandaleuses.

      Je ne juge pourtant ses conclusions ni fausses, ni moins encore scandaleuses, mais bien plutôt salutaires, du moins dès lors qu’on en partage les prémisses, à savoir que ce jour-là l’affrontement commence lorsqu’entre en scène la force d’inertie : prendre la forme d’un défilé d’hommes et de femmes se mouvant par le plus court chemin d’un point à un autre.

      Comme on sait, aussitôt après les premiers heurts les CRS ont tiré des bombes à gaz lacrymogènes sur la foule des manifestants. C’est d’ordinaire pour disperser une population qu’on tire ces bombes, or en l’occurrence toutes les issues de la place étant bloquées, cela ne rimait à rien, sinon à produire une zone de chaos. Puis les CRS laissèrent passer, ici ou là, des groupes de manifestants, en embarquèrent d’autres. Enfin ils prirent dans une nasse quelques centaines de manifestants et les gardèrent prisonniers pendant des heures, place de la République. Le gouvernement n’avait donc, on le savait à présent, jamais eu l’intention de laisser les manifestants braver l’« état d’urgence », de quelque manière que ce fût. Et c’est bien pourquoi la mise en cortège, puis les premiers heurts, leur étaient du pain béni. Cela justifierait, dans les discours publics, la répression des hommes et des femmes qui s’étaient réunis le 29 novembre place de la République dans le dessein d’affirmer que « nous sommes là », et bien vivants. On embarqua des centaines de ces hommes et de ces femmes comme si c’était des voleurs, des brigands, des coupables. Et certes, ils étaient aux yeux des gouvernants coupables d’« être là ». Ce fut ce jour-là le message de la République Française, clair et distinct, audible pour tous : occupez la place qu’on vous assigne, sans quoi vous serez coupables d’« être là ».

  • La farce républicaine
    https://lundi.am/La-farce-republicaine

    Faut-il donc s’indigner qu’on ait saccagé le « mémorial des victimes du terrorisme » érigé au pied de la statue de la République après les attentats de janvier 2015, puis étoffé après ceux de novembre, ou faut-il s’indigner que les valeurs républicaines censées être sacralisées par un tel mémorial (la liberté d’expression en premier lieu) soit de la sorte instrumentalisées, si bien qu’elles servent à présent de légitimation à la répression policière d’une manifestation doublement symbolique puisqu’elle visait d’une part à dénoncer, au nom des générations futures, l’exploitation et la gestion irraisonnées des ressources d’une planète que nous habitons tous, de quelque ethnie, nation ou religion que nous soyons, d’autre part à alerter le gouvernement français sur le danger que représente une lutte anti-terroriste irrespectueuse des valeurs républicaines ?

    via http://seenthis.net/messages/434783 mais je voulais mettre cette longue et pertinente phrase en exergue, tiens.

  • Ces derniers jours, à lire les commentaires épouvantables de Twitter sur les manifestations interdites, j’ai le sentiment que nous avons parfaitement intégré une nouvelle obligation dégueulasse : le devoir d’obéissance.

    J’ai connu et détesté les années 1980 : plus je m’approchais de l’âge adulte, moins je supportais l’ambiance de conformisme aigu de l’époque. Mais ces derniers temps, les injonctions à l’obéissance (obéir au gouvernement, obéir aux flics, obéir au jugement moral des présentateurs télévisés…), devenues omniprésentes dans les forums de l’interwebz, c’est déprimant au dernier degré. Le conformisme des années 80 consistait à se déguiser en yuppie et à mépriser bruyamment les déviants, mais pas à leur imposer de devenir eux-mêmes des yuppies (au contraire, la yuppitude reaganienne avait évidemment besoin de l’autre justement pour pouvoir afficher ce mépris des malpropres soixante-huitards) ; le discours ambiant actuel revendique, lui, l’adoption des mêmes codes et de la même obéissance pour tous.

    Nous avions déjà la grosse-couillitude des forums, le racisme-camembert, l’adoption des codes de non-discussion des aboyeurs télévisuels, le personnal-branding de nos relations, mais ça, c’est encore autre chose. C’est je crois un mode de pensée proprement totalitaire à la sauce Twitter : « mais puisqu’on te dit que c’est interdit, merde, c’est pas compliqué à comprendre, ça, que c’est interdit ! ».

    • C’est parce que c’est très mal foutu, Twitter : si quelqu’un que tu aimes bien postes plusieurs messages de suite parce qu’il a des choses un peu intéressantes à dire, tu es dois déplier tout le fil et te taper tous les commentaires.

    • De mon côté, le fait de relayer rien que sur le mode factuel, les informations qui sortent du cadre télévisuel et radiophonique, me vaut des accusations en prosélytisme et en extrémisme. J’attends le moment où je vais être signalé pour radicalisation...
      Même le fait de dire que mon voisin là qui tient des propos racistes est raciste, on m’explique que je suis intolérant, qu’il a le droit d’avoir des opinions différentes des miennes.
      En gros, faut être tolérant avec la Réaction, et impitoyable avec toute prise de recul.

    • @biggrizzly Oui évidemment, mais cet aspect reste, je trouve, au niveau du conformisme et donc des gens à qui on apprend à se construire par opposition au « déviant » (mais ce déviant est relativement toléré, bien que méprisé).

      J’ai l’impression (mais c’est pas très formalisé) qu’il y a eu un glissement du discours de conformisme au discours d’obéissance avec les interdictions du voile, et le « débat » sur l’« identité nationale ». Avec l’identité nationale, « on » a accepté que « collectivement » (mon œil) nous serions autorisés à nous imposer à nous même une identité.

    • Je remarque aussi ce devoir d’obéissance dans la docilité avec laquelle on se fait fouiller nos sacs de fond en comble, ouvrir nos manteaux, palper, sans remettre en question la nécessité de tous ces gestes, ou la vraie motivation du patron du magasin qui exige ces fouilles...

    • C’est la généralisation des processus en cours d’expérimentation dans les aéroport. Je travaille sur les aéroports depuis quelques années en partie parce que j’étais convaincu que les processus sécuritaires et leurs conséquences étaient une préfiguration de ce qui allait se paser partout ailleurs. Je vois avec tristesse que c’est commencé.

      #dfs

    • Ce qui m’inquiète, c’est le nombre de gens plutôt militants, plutôt critiques, plutôt démocrates depuis longtemps qui se sont subitement mis à aboyer avec le reste de la meute, comme s’ils avaient déconnecté d’eux même, en mode put your brain down.
      Et le fait que tous ceux qui ne pensent pas comme la nouvelle norme sont devenus extrêmement prudents et réservés, se méfiant (assez légitimement) de tout le monde !

    • Et le fait que tous ceux qui ne pensent pas comme la nouvelle norme sont devenus extrêmement prudents et réservés, se méfiant (assez légitimement) de tout le monde !

      Réaction de préservation assez compréhensible en ces temps de forte coercition.

    • A l’heure de l’apéro, dès que je proteste contre ce qui arrive aux militants écolos, et que j’explique qu’une des raisons de la crise actuelle tient à la politique post-coloniale occidentale, j’entends assez rapidement « donc tu es d’accord pour dire que c’est de notre faute ? » qui décrédibilise la réflexion de fond que je viens d’entamer.

      Ensuite on me dit « oh, on se doute bien qu’il va y avoir des bavures » et j’ai un mal de chien à expliquer en pure perte qu’il y a une différence notable entre la bavure (qui est un accident, souvent dans la précipitation, une faiblesse humaine) et l’abus d’autorité. « Oui, c’est la même chose. » MAIS NON.

      Enfin bref, je trouve aussi que ces temps-ci c’est difficile de discuter.

    • @notabene oui, en gros, c’est ça et les gros relents nationalistes de la part de gens qui n’en avaient rien à carrer des valeurs de la République il y a trois semaines « moi, je ne fais pas de politique, moi ! ». Sans compter la fête aux idées courtes : terroristes = arabes = musulmans = gauchistes et droit-de-l’hommistes = ZADistes = « bien fait pour leur gueule et moi, j’ai rien à cacher, moi ! »

    • Oui, « c’est pour notre bien ». Faut continuer d’aller travailler, de vivre, faire son shopping de Noël… ambiance mobilisation, chacun à son poste. Ah, et cette suspicion qui affleure très vite dans le regard, dès que tu laisses entendre que c’est pas si chouette que ça, l’état d’urgence…

      #CestPourTonBien

      Quand à twitter, ça fait qq années déjà que j’observe la montée de comportements cloisonnants : œillères de l’unfollow et du blocage, nettoyage de TL, épuration des propos jusqu’au bashing, décomplexé, pratiqué de tous bords, y compris par les gentils militant·e·s non-discrimination, qui se prennent pour des justiciers de la toile, motivés par la bonne cause ; jusqu’au cloisonnement des pensées qui en résulte, l’illusion de connivence, qui décomplexe l’insulte, qui se lâche, facile, sauf qu’elle n’est pas confidentielle mais publique et à forte résonance, qu’elle blesse, et ainsi de suite…
      http://romy.tetue.net/1027
      S’exprimer en 140 caractères, ça n’aide pas à élever le débat, d’t’façon.

      Ne lire que ma TL est bien confortable. J’en suis sortie pour suivre un hashtag, juste pour savoir ce qui se passait à côté de chez moi, place de la République, ce dimanche. Très intéressant de voir comment les images se sont diffusées et ont été accueillies. Le raccourci « écolos = zadistes = black bloc = terroristes » était immédiat. Qui manifeste, dans la rue, est contrevenant, qui ne se conforme pas, qui n’obéit pas, est dangereux. Et fait le jeu des terroristes. Il n’en faut pas plus pour souhaiter que les CRS butent (au sens fort d’avoir le droit de tirer pour tuer) ces « crasseux » (que sont les militants écolos, tous, indistinctement). Qui en doute, est suspect.

    • Qui manifeste, dans la rue, est contrevenant, qui ne se conforme pas, qui n’obéit pas, est dangereux. Et fait le jeu des terroristes. Il n’en faut pas plus pour souhaiter que les CRS butent (au sens fort de tuer) ces « crasseux » (que sont les militants écolos, tous, indistinctement). Qui doute, est suspect.

      Voir aussi http://seenthis.net/messages/432338 où est cité le passage suivant :

      Le policier remarque alors son sweat-shirt avec l’étoile rouge et le slogan « non au capitalisme et au racisme » porté sous sa veste ouverte. « C’est un petit cadeau de ma mère qui l’avait acheté à un meeting de Mélenchon. Après coup, j’ai regardé l’étiquette, c’est le nom du site socialisme.be » explique Délio. Le sweat est vendu par le Parti socialiste de lutte (PSL) la gauche radicale belge. « Et là il me dit : " c’est un message contre l’Etat, il ne faut pas porter ça en ce moment, il vaut mieux garder ses opinions pour soi, surtout ce genre de messages. Je lui réponds qu’on est en France, qu’on peut encore porter ce qu’on veut, que c’est pas contre l’Etat. Il me répond que "l’Etat, c’est le capitalisme donc c’est un message contre l’Etat". J’insiste en disant que je porte ce que je veux. Il me répond "plus pour très longtemps !" Je lui lance "Vous avez hâte d’avoir tous les droits et d’arrêter qui vous voulez ?" Il me répond "Oui les petites faces de merde comme toi, on a hâte de pouvoir les arrêter sans raison, les petites faces de pine, les petites faces de shiteux comme toi"

      #délit_de_faciès #délit_d'opinion

    • @sombre : assez flippant de constater à quel point les mots sont les mêmes dans la bouche des CRS que sur twitter au même moment :(

      Les écolos, les végans, les celleux qui roulent à vélo plutôt qu’en voiture, les fumeurs de beuh, de roulées, celleux à pantalons larges, à dreads, les hippies qui rêvent d’un monde meilleur, les décroissants, les antifas, les anars, les punks à chiens, à chats… toussa, toussa, toussa, dans le même sac, celui des « crasseux », dont il faut nettoyer la République.

      M’en remet pas, tiens, d’être une crasseuse.

      #crasseux

    • @sinehebdo : oh ben alors, s’il s’agit de porter un flingue, il va y avoir pléthore de candidatures.

      @tetue : la société française se durcit et se rétracte autour de son noyau le plus réactionnaire. Et ce n’est pas du côté de la « gauche de la gauche » ou des « anars » que viendra le salut. Ces gens-là se sont emmurés vivants dans leurs dogmes. Récemment, je me suis fadé un texte d’une dizaine de pages et j’ai encore du mal à m’en remettre. Faut croire que j’ai été très naïf jusqu’ici.
      Vite fait, il s’agissait d’une remise en cause du racisme social par lesdits « anars », remise en cause justifiée par le fait que, puisque les races n’existent pas, il ne peut y avoir de racisme social et que les défenseur-e-s des personnes racisées -défenseur-es qui d’ailleurs sont le plus souvent des femmes et qui font l’objet de l’ire (tiens,tiens) de nos fougueux étalons révolutionnaires- sont les plus abject-e-s promoteur-trices d’un « lobbying communautariste ».

      Si cette problématique t’intéresse, une discussion s’est amorcée ici :
      http://seenthis.net/messages/434706#message435687

    • Il est possible que ce ne soit pas du côté de la « gauche de la gauche » ou des « anars » que viendra le salut, mais de là à réduire toute la gauche de la gauche à ce pamphlet de ladiscordia, c’est lui donner trop d’importance. La "gauche de la gauche" est divisée sur ces questions et une partie continue de promouvoir des idées nouvelles et émancipatrices...

  • L’En Dehors
    http://endehors.net

    Un groupe de casseurs à la manif de Paris

    Manif anti-COP 21 : des flics en noir très spéciaux

    Lors de la manifestation contre la COP 21 organisée dimanche 29 novembre 2015, on pouvait remarquer avenue de la République, à quelques centaines de mètres de la place de la République un groupe de flics habillés en noir, la tenue des Blacks blocks en somme mais avec un brassard « Police ». On notera même à l’occasion que l’un d’eux, au dernier rang, à côté d’un policier au crane rasé, ne porte aucun brassard mais une belle cagoule noire. N’est-il plus interdit de se promener dans l’espace public en masquant son visage ?
    Dans quel but étaient-ils là ? Un brassard de police ça s’enlève très facilement et alors qu’est-ce qui différencie un « anarchiste autonome » avec sa fiche S, d’un policier en civil déguisé en Black block ?
    Je n’ai pas encore la réponse. Peut-être le Préfet de police la connait-il ?
    Imaginons que pour énerver les manifestants rassemblés pacifiquement sur la place, vous ouvriez, sans raison semble-t-il, la rue de la République, alors que toutes les autres sont fermées.
    La foule s’engouffre en masse dans cette rue, puis au bout de 100 mètres vous bloquez la rue. Que se passe-t-il ? les premières échauffourées, la foule est chauffée à blanc.
    Quant au fameux groupe signalé plus haut en costume de combattants, ne lui était-il pas assez facile, d’aller jeter quelques pots de fleurs sur leurs collègues CRS ou garde-mobiles ?
    On entendit dès lors quelques cris d’orfraies prononcés par Valls et Hollande : violation du sanctuaire de la Place de la République par des irresponsables de l’anti-France.
    Éléments de langage préparés à l’avance par quelques communicants pour justifier la répression des opposants et l’État de siège.

    • Les BACqueux et autres flics en civil essayent de se faire discret, de s’infiltrer au milieu des manifestant-es et de semer le trouble, dans le but de diviser les manifestant-es et d’en arrêter un certain nombre. Ok.
      Mais faut arrêter de croire que si des manifestant-es combattent la police c’est uniquement parce qu’ils/elles ont été provoqué-es par de vilains policiers. De nombreux-euses anarchistes, autonomes et autres révolutionnaires assument leur hostilité active envers la police, l’État et le système capitaliste.
      Il y a plusieurs textes/communiqués qui le rappellent, en signalant que les accusations à moitié conspi qui flirtent avec le « casseurs = policiers déguisés » (quand elles ne tombent pas carrément dedans) sont fatiguantes voire dégueulasses.
      Il est tout à fait cohérent de vouloir détruire un système qui détruit nos vies.

      Deux exemples (autrement plus « actifs » qu’en ce 29 novembre à Paris) :

      – Black bloc / Strasbourg avril 2009, contre l’OTAN

      si nous avons cassé des vitrines ou mis le feu à des bâtiments qui sont au service de l’Etat et du capitalisme (douane, banques, station essence, office de tourisme, hôtel Ibis, etc.), si nous avons saccagé des caméras de vidéosurveillance et des panneaux publicitaires, si nous nous sommes attaqué-e-s à la police, ce n’est pas parce qu’une organisation occulte nous y a poussé, mais parce que nous l’avons choisi délibérément.

      https://infokiosques.net/lire.php?id_article=684

      – Black bloc / Gênes juillet 2001, contre le G8

      Ce que nous avons fait à Gênes, nous avions prévu de le faire. Et manifestement, comme prévu, la police ne nous a pas aidé. Dès qu’elle en avait la possibilité, la police s’attaquait violemment aux black blocs. C’est grâce à des réactions tactiques, stratégiques, que nous avons pu éviter de nous faire massacrer (solidarité de groupe, jets d’objets sur la police, barricades, mobilité et mouvements de foule, etc.). Nous ne nions pas la possibilité que des policiers « déguisés » se soient infiltrés dans certains black blocs. Il semblerait logique qu’il y ait eu des policiers infiltrés dans tous les cortèges. Certains, par exemple, se faisaient passer pour des journalistes ou des ambulanciers. C’est un moyen de contrôle bien connu pour identifier et étudier les manifestantEs et leurs agissements. Par rapport à cela, notre but est bien évidemment de les repérer et de les faire dégager.
      A Gênes, nous avions prévu de nous attaquer à des bâtiments représentant diverses formes de pouvoir. Nous nous sommes exécutéEs avant que de quelconques provocations policières puissent avoir lieu. Nous l’assumons entièrement et tenons à faire remarquer que si la police a bien évidemment participé directement aux violences de ces deux jours, c’est en s’attaquant aux manifestantEs, de toutes parts. La violence policière s’est exprimée massivement sur quelques km2 à Gênes, de la même manière qu’elle le fait quotidiennement partout ailleurs. Pas besoin de manifester contre le sommet du G8 pour ça.

      https://infokiosques.net/lire.php?id_article=3

    • Que des manifestants agissent ainsi en fonction de leurs convictions, tout à fait d’accord. Je crois que l’équation à établir n’est pas casseur = flic. Par contre que certaines actions, certains objectifs choisis qui ne sont pas forcément très intelligents, soient quelque peu manipulés par les keufs c’est indiscutable aussi.
      Puisqu’on évoque des faits historiques, je me rappelle très bien d’une certaine Assemblée Générale qui a eu lieu avant la manifestation contre la centrale de Malville (où il y a eu un mort comme à Gènes). Les « locaux » avaient tablé sur trois marches convergentes sur le site, ce qui n’arrangeait pas la préfecture. En une heure de discussion et grâce à l’intervention d’habiles orateurs (deux au moins seront identifiés par la suite) il a été décidé de regrouper les trois cortèges en un seul et de choisir le plus mauvais itinéraire... D’autres exemples aussi, à l’époque de la « propagande par le fait » où des agents provocateurs ont réussi à faire changer des objectifs prévus pour certains attentats.
      La pratique est vieille comme le monde et un individu en colère est facile à manipuler... ce qui ne veut pas dire que tous le sont !

      Il est effectivement cohérent de vouloir détruire un système qui détruit nos vies ; le débat ouvert pour savoir si l’affrontement violent est le meilleur choix à tout moment. Je n’en suis pas persuadé, d’autant que, derrière, nous ne contrôlons absolument pas ce qui est fait de l’information. Peut-être est-il temps de sortir de certaines ornières. Il ne faudrait pas non plus que la violence ne soit que le résultat du fait que l’on n’a plus rien à espérer et plus rien à perdre.

      Ce n’est pas mon cas malgré la noirceur du présent, mais je ne suis plus très jeune et plus très militant non plus.

    • L’avis d’Ivan Segré sur les lanceurs de projectile et sur les charges des CRS :
      http://seenthis.net/messages/434783
      https://lundi.am/La-farce-republicaine

      Les quelques dizaines d’individus (disons entre vingt et trente) soucieux d’engager le combat avec les forces de l’ordre, notamment en jetant des projectiles avec intention explicite de nuire, ont évidemment une fonction objectivement réactionnaire : justifier dans un premier temps les assauts des forces de l’ordre et leur répression de la manifestation puis, a postériori, dans un second temps, justifier l’interdiction de la manifestation en question. Quant aux motivations subjectives de ces lanceurs de bougies, de pierres ou de bouteilles, je les crois principalement narcissiques : ils éprouvent de la jouissance à combattre les forces de l’ordre, plutôt que le désir de transformer le monde ou, plus modestement, le rapport de force inégalitaire.

      Les centaines de CRS disposés tout autour de la Place de la République avaient quant à eux pour ordre d’empêcher que les manifestants puissent défiler. Puis, au fur et à mesure du déroulement des opérations, on comprit, et peut-être comprirent-ils aussi, qu’ils avaient également pour ordre de prendre au piège quelques centaines de manifestants afin d’opérer un nombre d’interpellations et de garde-à-vues vraisemblablement arrêté d’avance. Il s’agissait à l’évidence de rappeler que la manifestation étant interdite, quiconque se trouvait là était coupable. Et qui n’avait pas quitté les lieux après les premiers échauffourées allait bientôt se retrouver séquestré, le paradoxe étant que la stratégie policière a donc consisté à faire durer la manifestation interdite. Ainsi bon nombre de ceux qui, comme moi, souffraient du froid, se sont vu contraints par la police de braver l’état d’urgence jusqu’après 19h, lors même qu’ils auraient volontiers cessé de le braver dès 15h30, afin de parler littérature ou cinéma, par exemple.

    • Je ne sais pas qui est Ivan Segré, mais je me demande si le fait que lundimatinmachintruc relaie ce torchon est une blague ou un malentendu ou une décision en connaissance de cause. Dans tous les cas c’est de mauvais goût, et si c’est une décision en connaissance de cause, c’est incroyablement infect.
      Le bonhomme, là, l’analyste politique péremptoire doublé d’un psychologue à baldeux qui parle de ce qu’il ne connaît pas, il ferait mieux de continuer de s’occuper du ciel (il se réchauffe, t’as vu ?).