KQ : Pour écrire une fiction à partir de la matière documentaire, il faut que tu aies une idée préalable de ce que tu veux vraiment dire. Ensuite, tu vas prélever dans le réel ce qui correspond à ta vision : c’est ce qui fait que ça devient une oeuvre personnelle, à nous et nos scénaristes, et pas un documentaire. Pour te donner un exemple, la construction de Kool Shen comme personnage depuis ses témoignages de personne « vivante. » Quand il nous raconte sa vie, son histoire familiale, son adolescence, on se rend compte que ce qui nous passionne, c’est sa relation à son père, et derrière, au politique à travers son père. Comment son père qui est un ouvrier de chantier avec des idées très à gauche, qui commente l’actualité à travers la télé, lui transmet des valeurs, comment cette passion du foot commune qui est importante dans la famille, Bruno va la briser, il va briser le rêve de son père… Mais comment en fait, le rap, et ce que va devenir NTM, est une manière étrange de lui rester fidèle. À la fois il le trahit, en refusant de devenir footballeur, et même temps il lui est fidèle à travers ce que NTM va dire dans ses textes.