• Ni Dieu, ni Roy – Johann Chapoutot
    https://www.liberation.fr/idees-et-debats/opinions/ni-dieu-ni-roy-20220425_SFIHPW4WXVEUPI3OERIJBSTHUI

    La Constitution de 1958 a transformé la France en aire de jeu pour personnalités rêvant de la « magistrature suprême ». Voulu par un vieux général patriarcal, le texte étouffe le débat et provoque une désaffection croissante à l’égard du suffrage, provoquant l’impuissance du pouvoir.

    Le passé, décidément, ne passe pas. Après avoir vu ressurgir Vichy et les mérites, manifestement trop méconnus, du maréchal Pétain, voilà réélu un faux jeune, qui cite Gérard Majax (à quand Léon Zitrone ou Sacha Guitry ?), qui rêve à Reagan et Thatcher et qui vient de découvrir l’importance de la question écologique (sur quelle planète, littéralement, vivait-il donc avant ce second tour ?). Le fringuant archaïque, ami des puissants (ceux qu’il a satisfaits en abolissant l’ISF) et des cogneurs (Benalla), rêve et jouit de verticalité, de royauté, d’autorité… Partout en Europe de l’Ouest, ce genre de personnalités est généralement exclu du champ politique. Partout, en effet, des démocraties parlementaires, avec des scrutins largement proportionnels, encouragent la discussion, le débat et une attention à l’intérêt général et au bien commun. La France, elle, est une aire de jeu offerte à des personnalités fragiles qui, tout petits déjà, se prennent pour Dieu ou le Roy. Les asiles, jadis, étaient pleins de gens qui se prenaient pour Napoléon : désormais, ils racontent à leur maman ou à Alain Minc qu’ils seront, un jour, grand chef à plume de toute la Terre.

    Personnalisation extrême

    Depuis 1958, ils peuvent rêver d’élection à la « magistrature suprême », au dialogue « d’un homme et du peuple », etc. Car, en 1958, un général né en 1890, éduqué par des hommes issus de la droite maurrassienne, qui pleuraient le XVIIe siècle de Louis XIV, qui maudissaient la Révolution française, celle qui avait décapité le Roy et le royaume, revient au pouvoir. Certes, à 67 ans, il n’avait pas l’intention de commencer une carrière de dictateur, mais il lui fallait en finir avec la République parlementaire, qu’il abhorrait car elle était, à ses yeux (comme à ceux de Pétain), responsable de la défaite de 1940. Il fallait un nouveau Roy à la France, et tenir en respect les Etats généraux du Palais-Bourbon. En 1962, estimant que sa légitimité historique ferait défaut à ses successeurs, il leur offrit par référendum la légitimité politique, celle du suffrage universel direct : les députés protestèrent (la précédente tentative, en 1848, avait abouti à un coup d’Etat bonapartiste et à un nouvel Empire…), votèrent une motion de censure contre le gouvernement Pompidou (la seule en soixante-quatre ans, à ce jour), Mongénéral, furieux, dissout, et ce fut tout.

    Le résultat est là : une personnalisation extrême, des programmes parfois inexistants, car, comme le dit le candidat Macron, en 2016, « on s’en fout », un scrutin uninominal à deux tours, qui aboutit, pour la majorité des électeurs, à un non-choix. De Gaulle avait trop d’orgueil et de souci du bien commun pour en abuser : il se retira quand il fut désavoué, en 1969. Mais n’est vraiment pas de Gaulle qui veut : en 2022, on peut être « élu » avec 38,5 % des inscrits (dont une grande partie « contre elle » et non « pour lui »), avoir perdu 2 millions de voix et 5,6 points par rapport à 2017, avoir permis une croissance de près de 3 millions de voix de l’extrême droite, et être revêtu du lourd cordon de la Légion d’honneur et de pouvoirs exorbitants (le président des Etats-Unis n’en a pas autant, et de très loin). Est-ce bien suffisant pour continuer à fermer des maternités et détruire l’hôpital (17 500 lits fermés lors du quinquennat qui s’achève) ? Pour abreuver d’argent public les cabinets de conseil qui ont contribué à son élection de 2017 ? Pour fréquenter des voyous épargnés par des parquets compatissants ? Pour assister, sans rien faire, voire pire, à la destruction du vivant ? Pour continuer à se proclamer le « camp de la raison » alors que l’on est confit en idéologie déraisonnable, voire irrationnelle (le « ruissellement », l’« écologie productive »…) ? Pour raconter tout (singer le slogan du NPA, puis de LFI, entre les deux tours) et continuer à faire n’importe quoi ? Pour insulter, ignorer et assouvir ses fantasmes infantiles de toute-puissance ?

    Structures mentales archaïques

    Il ne faut pas personnaliser outre mesure : le pouvoir grise, isole, peut rendre fou et, de toute façon, la Constitution de 1958 est un appel aux dingues. Les gens qui paradent et caracolent sur les cendres d’une élection par défaut sont le produit de structures mentales archaïques (le mythe du messie, le culte servile du « chef »), d’intérêts patrimoniaux puissants et d’un mode de scrutin obsolète : rappelons que la Constitution de 1958 est une constitution de guerre et de guerre civile (guerre d’Algérie, 1954-1962), voulue par un vieux général patriarcal et défiant à l’égard des parlements qui, au fond, avait fait son temps dès 1968. De Gaulle partit en 1969, mais la Constitution demeura, et demeure toujours. Tant qu’elle demeurera, elle étouffera le débat, assourdira l’intelligence collective et produira des catastrophes : une désaffection croissante à l’égard du suffrage, avant la bascule vers l’autoritarisme, stupidement préparé par la veulerie d’un « pouvoir » impuissant, qui ne tient que par le recours massif à la violence, et sourd aux questions fondamentales de notre temps – le besoin d’intelligence face aux injustices croissantes et à la dévastation du monde.

    • Il y a déjà 15 ans, Politis avait publié une intéressante synthèse historique sur la question de l’élection présidentielle.

      https://www.politis.fr/articles/2007/04/faut-il-supprimer-la-presidentielle-766

      ❝Faut-il supprimer la présidentielle ?
      Par Denis Sieffert, Michel Soudais
      jeudi 5 avril 2007

      La timide évocation de réformes, voire d’une VIe République, cache l’essentiel : l’élection du président de la République au suffrage universel. Seuls les candidats de la gauche antilibérale et les écolos l’évoquent.

      Difficile de sortir la tête de l’eau au plus fort de la bataille. Pas facile de remettre en cause une institution qui conditionne depuis des mois déjà tous nos commentaires, rythme toute notre vie politique, et relègue toute autre considération, sociale et internationale. Depuis des mois, la France vit sous l’empire de la présidentielle. Et malheur à quiconque remettrait en cause l’institution sacrée. Toucher aujourd’hui à l’élection du président au suffrage universel est un crime de lèse-démocratie.

      Et si c’était exactement le contraire ? Le consensus médiatique est si pesant qu’on en vient à oublier que la gauche a longtemps été hostile à ce mode de désignation du chef de l’État. Et la gauche avait pour cela de bonnes raisons historiques. Le premier usage du suffrage universel (un suffrage très peu universel, d’ailleurs, puisqu’il n’admettait pas le vote des femmes) date comme on sait du fameux scrutin du 10 décembre 1848. Il s’inscrit comme une suite logique de la contre-révolution de juin. Il vire au plébiscite. Un aventurier portant le nom prestigieux de Bonaparte recueille 5 400 000 voix, quand deux des acteurs de la révolution de février, Ledru-Rollin et Raspail, n’obtiennent que quelques dizaines de milliers de suffrages. La magie du nom a opéré, plus que la politique. Et la logique ira à son terme puisque, trois ans plus tard, Louis Napoléon Bonaparte s’appuiera sur sa légitimité populaire pour commettre le coup d’État qui le fera empereur.

      Ce n’est pas ce type de péril qui nous guette aujourd’hui. Mais une grande figure de la gauche, dont on commémore cette année le centenaire de la naissance sans entendre son message (c’est un classique de la commémoration !), a mieux que quiconque fait la critique de l’élection du président de la République au suffrage universel. C’est évidemment Pierre Mendès France. « Choisir un homme, écrivait-il en 1962, sur la seule base de son talent, de ses mérites, de son prestige (ou de son habileté électorale), c’est une abdication de la part du peuple, une renonciation à commander et à contrôler lui-même, c’est une régression par rapport à une évolution que toute l’histoire nous a appris à considérer comme un progrès [1] . » Et l’éphémère président du Conseil en rajoutait une couche : « Lorsqu’un homme est porté à la tête de l’État par le suffrage universel, c’est essentiellement sur sa personne que l’on vote. En fait, on lui fait confiance, on s’en remet à lui, et parfois sur la base de promesses plus ou moins démagogiques. » « À cet égard, concluait-il, les campagnes électorales présidentielles aux États-Unis sont d’une médiocrité que l’on n’est guère tenté de transposer ici. » Nous sommes en 1962, et Charles de Gaulle vient de faire adopter par référendum sa grande réforme institutionnelle qui donne en réalité tout son sens aux institutions de la Ve République. S’agissant de « talent » de « mérites » et de « prestige », l’homme que critique Pierre Mendès France n’en manque pas. Cela n’enlève rien à la pertinence de l’analyse. Au contraire. La seconde citation a, hélas, une portée plus prophétique. Quand le personnage n’a plus la stature du général de Gaulle, la médiocrité s’ajoute au péril antidémocratique. Nous y sommes parfois, ces jours-ci.

      Longtemps donc, l’opposition à l’élection du président de la République au suffrage universel fut une sorte de marqueur identitaire de la gauche. Même François Mitterrand, en 1962, en faisait une critique virulente dans un petit ouvrage polémique, le Coup d’État permanent. Mais son point de vue a changé quand il a revêtu les habits du candidat. On connaît la formule d’une plasticité toute mitterrandienne : « Les institutions n’étaient pas faites à mon attention, mais elles sont bien faites pour moi [...]. Elles étaient dangereuses avant moi, elles le seront après moi... »

      Non seulement le président socialiste ne toucha pas à l’institution présidentielle, mais il conserva l’une de ses attributions les plus régaliennes, le fameux article 49-3 de la Constitution, qui permet à l’exécutif de contourner le Parlement. Il a même usé sans retenue de l’article 13, par lequel le Président nomme aux emplois civils et militaires. Les deux septennats de François Mitterrand marqueront en vérité l’apogée de ce qu’on a appelé « la monarchie républicaine ». Des structures de pouvoir parallèles ont été créées ou renforcées. Des conseillers nommés de façon discrétionnaire par le Président ont rapidement été plus influents que certains ministres. Nul n’a oublié la trop fameuse « cellule antiterroriste » de l’Élysée du commandant Prouteau et du capitaine Barryl, fabriquant de fausses menaces d’attentats dans l’affaire dite des Irlandais de Vincennes. Nul n’a oublié non plus les mésaventures de Jean-Christophe Mitterrand, fils du Président, propulsé conseiller particulier aux affaires africaines. Il est vrai que le monarque républicain « de gauche » perpétuait en l’occurrence une tradition « africaine » héritée de Chalres de Gaulle et de son conseiller occulte Jacques Foccart.

      Les exemples foisonnent de pouvoirs parallèles échappant au contrôle démocratique. Ils sont autant d’arguments qui plaident pour l’abolition de cette légitimation par le suffrage universel du pouvoir d’un seul homme. Curieusement, c’est un autre haut responsable de la gauche qui a renforcé l’institution présidentielle en 2002. En inversant le calendrier électoral, le Premier ministre-candidat, Lionel Jospin, a réaffirmé le primat de l’élection présidentielle sur la législative. Trop sûr de son accession à la magistrature suprême, il a fait le pari que les électeurs confirmeraient ensuite leur vote en donnant au nouveau Président une majorité de députés. Le calcul s’est révélé exact, mais il a profité à un autre que lui... On devrait voir dans cette mésaventure la preuve que la gauche a davantage intérêt à miser sur les législatives, réorganisées autour d’un scrutin proportionnel, que sur l’élection d’un seul personnage. Si l’on se réfère aux principes fondateurs de la gauche sociale, il n’est pas exagéré de dire que la présidentielle au suffrage universel est une institution intrinsèquement de droite. Elle relègue les grandes questions programmatiques et les valeurs d’un pouvoir partagé. Le renoncement à s’attaquer à cette institution archaïque et unique en Europe constitue sans doute la plus grande faute de la gauche, au même titre que son glissement libéral.

      Quels que soient les reproches adressés à la gauche sur ce plan, force est de reconnaître que c’est encore dans ses rangs que ce coupable accommodement a été le mieux analysé. Et pas seulement quand la gauche était dans l’opposition. En 1991, François Mitterrand est encore à l’Élysée quand la Gauche socialiste, animée alors par Jean-Luc Mélenchon, Julien Dray et Marie-Noëlle Lienemann, se prononce pour une VIe République dans la motion qu’elle dépose au congrès de l’Arche du PS. Tirant un premier bilan des gouvernements de la gauche depuis 1981, ce texte, intitulé Une VIe République pour le changement social, établit déjà un lien entre l’extrême délégation induite par les institutions et l’atonie de ce que l’on n’appelait pas encore le mouvement social [2]. « Trente ans passés dans le moule de la Ve République ont diffusé partout une culture qui attend tout de ceux qui occupent les institutions et rien de l’action des citoyens », peut-on lire au début de cette motion, qui demandait de « libérer le pays de sa camisole » présidentielle.

      Si la demande de la Gauche socialiste n’a pas eu le succès escompté ­ son texte ne recueillit que 6 % des suffrages des militants socialistes ­, son analyse du régime de la Ve République n’a pas été totalement perdue. Arnaud Montebourg l’a remarquablement relancée en publiant, à l’automne 2000, un réquisitoire très argumenté à l’origine de la création de la Convention pour la VIe République (C6R), au printemps 2001. Dans la veine du Coup d’État permanent, dont il actualise le propos, le député de Saône-et-Loire, nourri des expériences gouvernementales de la gauche, croque les institutions de la Ve République en « machine à trahir » ­ c’est le titre de son essai ­ les espoirs du pays. Avec, au centre du dispositif, un pouvoir présidentiel, dont il remet en cause l’élection, qui favorise l’inertie, l’irresponsabilité et l’impunité. Mais il faut croire que l’élection du président de la République au suffrage universel résiste à toute remise en cause. Le projet de constitution présenté par Arnaud Montebourg et Bastien François, en 2005, la maintient tout en privant l’hôte de l’Élysée d’une grande partie de ses pouvoirs et prérogatives.

      Douze ans de présidence chiraquienne ont considérablement renforcé l’audience des contempteurs de la Ve République. Au point que sept des douze candidats à la présidence proposent de passer à une VIe République. Jean-Marie Le Pen, Marie-George Buffet, Olivier Besancenot, José Bové et Dominique Voynet ont été rejoints sur ce terrain par François Bayrou et Ségolène Royal. Nicolas Sarkozy, lui-même, envisage des aménagements. Tout en qualifiant la Ve République de « meilleur régime politique de l’histoire » de France, le président de l’UMP estime qu’il faut « préserver l’efficacité de notre cadre institutionnel, tout en l’adaptant ».
      Si le numéro est le même, les motivations et les réformes diffèrent. En changeant de République, le FN, qui défend un septennat présidentiel non renouvelable, veut surtout inscrire dans la loi fondamentale ses principes idéologiques, dont la préférence nationale. La suppression des pouvoirs du président de la République rassemble les « petits » candidats de gauche. Hormis Dominique Voynet, tous remettent en question l’élection du président au suffrage universel direct. Avec des variantes : régime primo-ministériel pour le PCF et les Verts ; régime d’assemblée pour la LCR et José Bové.

      À l’opposé, la VIe République de François Bayrou est présidentielle. Hostile à tout changement de République jusqu’au référendum européen de mai 2005, il plaide désormais pour de nouvelles institutions, où le Premier ministre ne serait que « le premier des ministres », soit un simple coordonnateur de l’action gouvernementale, tandis que la charge de « déterminer et de conduire la politique de la nation » incomberait au président de la République « élu par les Français pour assumer la charge de les gouverner ». S’il réforme le Parlement, avec une forte dose de proportionnelle, des pouvoirs législatifs et de contrôle accrus, le président de l’UDF souhaite que le mandat des députés prenne fin automatiquement dès l’élection du Président, y compris en cas de scrutin anticipé, subordonnant ainsi le mandat parlementaire au mandat présidentiel.

      La VIe République de Ségolène Royal repose sur « quatre piliers » : « Une démocratie parlementaire revivifiée qui va mettre fin au cumul des mandats » ; « une démocratie sociale » avec un « dialogue social » modernisé ; « la démocratie participative » ; la « démocratie territoriale », enfin, avec une « clarification » des compétences de chaque collectivité pour mettre « fin aux superpositions, aux doublons, à toutes les formes de gaspillage ». Ce projet ne remet toutefois pas en cause la concentration des pouvoirs au profit du chef de l’État.
      Interrogée sur ce point, la candidate socialiste a indiqué, lors d’un entretien au Monde (5 mars), que les prérogatives du Président ne seraient pas entamées sous son quinquennat, promettant d’« exercer pleinement le pouvoir » que lui donnent les institutions tout en résistant à la « tentation monarchique à laquelle la République a trop souvent cédé ».

      Dès lors, peut-on vraiment parler de VIe République ? Faute de remettre en cause le principe de l’élection du président de la République au suffrage universel direct, clef de voûte de la Constitution de 1958, faute aussi de contester au chef de l’État le droit de dissolution qui place l’Assemblée nationale en état d’infériorité, Ségolène Royal et François Bayrou ne proposent qu’un « simulacre » de réforme puisque « l’architecture de la Ve République est intacte, sacralisée, intouchable », comme le note Alain Duhamel (Libération, 28 mars). Ce qui ne signifie pas que leurs projets soient équivalents : « La VIe République de M. Bayrou, c’est... la Ve République "en pire". [...] La VIe République de Mme Royal, c’est... la Ve République "en moins pire" », nuance Bastien François, dans une tribune publiée dans le Monde (30 mars).

      Pour ce professeur de science politique, cofondateur de la Convention pour la VIe République, « l’élection présidentielle bride toutes les initiatives de modernisation démocratique de nos institutions chez ceux qui ont quelque chance d’accéder à la présidence ». À l’heure où le déficit démocratique de la construction européenne nécessiterait de refonder nos institutions nationales mais aussi européennes, ce constat confirme, s’il en était besoin, l’inanité de cette compétition électorale.

      Notes

      [1] La République moderne, Pierre Mendès France, 1962, cité par Paul Alliès, in le Grand Renoncement, Textuel, 2006.

      [2] Jean-Luc Mélenchon rappelle cet épisode dans Quelle VIe République ? (Le Temps des cerises, 170 p., 12 euros), un ouvrage collectif qui rassemble des contributions de François Hollande, Nicole Borvo, Christian Picquet, Arlette Laguiller, Anicet Le Pors, José Bové, George Séguy, Roland Weyl et Roger Bordier.

  • Le gouvernement veut restreindre le droit d’amendement des parlementaires
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2018/03/06/le-gouvernement-veut-restreindre-le-droit-d-amendement-des-parlementaires_52

    Plusieurs responsables de l’opposition condamnent la volonté de l’exécutif de restreindre le droit d’amendement. Reçus par Edouard Philippe mardi matin à Matignon, le président du groupe communiste à l’Assemblée, le député André Chassaigne, et son homologue du Sénat, la sénatrice Eliane Assassi, dénoncent un « coup de force » contre la démocratie. Les responsables parlementaires communistes jugent « gravissime » d’instaurer un droit d’amendement proportionnel à la taille du groupe parlementaire. Avec un tel projet, « un petit groupe aurait un nombre d’amendements limité et un grand groupe de députés godillots pourrait disposer sans aucun doute de centaines d’amendements qu’ils ne défendront même pas en séance », a critiqué André Chassaigne. « Contingenter le droit d’amendement est une attaque frontale contre le pluralisme », a ajouté Eliane Assassi.

  • En 2014, l’Assemblée nationale a rémunéré 52 épouses, 28 fils et 32 filles de députés
    Je vais retitrer utile :
    L’Assemblée nationale se mobilise contre le chômage (ça a plus de gueule, non, hein ?)
    http://www.politique.net/2014090302-epouses-fils-filles-de-deputes.htm
    #népotisme #chômage #solution

    On a failli passer à côté de l’info : cet été, Mediapart a épluché la liste, désormais publique, des collaborateurs de députés. « En 2014, au moins 20 % des députés ont rémunéré un membre de leur famille proche », explique le site d’info. 115 députés (sur 577) ont salarié un membre de leur famille, en CDD ou CDI, sur un temps plein ou partiel. Huit élus sont même allés jusqu’à rémunérer deux de leurs proches".

    • Ce n’est pas scandaleux, si le travail y est.
      Dans ce genre de travail il vaut mieux avoir des gens en qui on a confiance.
      Et des gens de la famille peuvent faire partie de ceux-là.
      On ne critique pas les dentistes qui emploient leurs enfants, les avocats, ni aucune autre profession, pourquoi celle-là ?
      Quant à la réflexion machiste sur les maîtresses, franchement...

    • En ce moment, je côtoie des milieux d’affaires où les dirigeants préparent leurs vieux jours. J’ai un certain nombre d’exemples de pré-retraité(e)s qui casent leurs gamin(e)s sans vergogne à leurs copains/copines :
      – « mon fils est un super expert-comptable, laisse le t’accompagner, tu vas voir, ça va être génial... »
      – « Ma fille est une super avocate, laisse la t’accompagner dans tes dernières années d’exercice, tu vas voir, elle va te reprendre tes clients sans soucis... »

      Ce n’est dans ces cas là qu’une des formes de la reproduction sociale des élites. Et quand vous arrivez au milieu d’un banc de pré-retraités avec des enfants à caser, vous n’avez pas beaucoup de chance d’y faire votre place... quand vous présentez votre propre devis pour faire la prestation.

      A mon sens, les élus devraient en effet avoir à rendre des comptes sur les raisons qui les ont poussé à embaucher un proche... Et pour éviter tout débat oiseux, l’interdiction pure et simple devrait être la règle.

    • Il ne semble pas que l’assemblée nationale soit un lieu d’artisanat ou d’apprentissage d’un quelconque métier. Partant du principe même de la représentation politique (des députés mais pas que) totalement faussée par rapport à la pluralité de la société, la consanguinité de classe sociale est avérée depuis fort longtemps. Pourquoi alors, ne pas accepter que tout ce petit monde fasse entrer les plus proches membres de sa douce famille, travail, patrie, ou bien, dans la même logique, ne pas revenir au pouvoir de droit divin et mettre en place une seule et même famille, ce serait nettement plus simple et on saurait au moins à qui couper la tête. Mais encore, si l’endroit politique est effectivement devenu le lieu de « reproduction »…" des élites" et j’en exclus le mot « sociale » car tout cela n’est après tout qu’une vaste histoire de cul, n’ayons pas peur des mots et renommons l’Assemblée en #Partouzerie_des_dominants. Car @jean_no n’a pas tort de demander à citer les maitresses, sachant qu’à peine 30% des députés sont des femmes et que si, on devait également y parler des amants on y parle déjà de ceux ou celles qui sucent le mieux, car ce monde du pouvoir qui se dit politique est juste totalement à reformer, femmes ou pas, car d’abord basé sur l’ascension phallique et la violence culturelle et familialement névrosée qui va avec.

    • @aude_v, avec 3% des députés qui viennent d’un milieu modeste
      http://seenthis.net/messages/291205
      il faut oublier le manque de diversité sociale dans les rangs de l’Assemblée nationale pour s’intéresser à la psychologie de l’individu arriviste ? pas d’accord.

      Il serait bien temps de reconsidérer que la politique est ad vitam nauseam un métier et qu’on arrête de faire croire à ceux qui ne sont pas dans une famille de l’élite politique qu’ils seraient trop idiots pour participer à la vie de la cité.

    • Pas trop le temps de répondre mais non, le phénomène transclasses que tu évoques est un pur leurre inventé pour qu’on arrête de dire/penser #lutte_des_classes, ce truc communiste ringardisé par le libéralisme transclasses …

    • Ce que j’aime c’est que quand on défend un truc avec des idées, on est tout de suite attaqué personnellement...
      Ce que je vois aussi c’est qu’il est impossible de parler de l’argent politique sans qu’il n’y ait de la méfiance et toujours des accusations, sans qu’aucun argument ne puisse vraiment être discuté.
      De la famille en qui on a confiance pour être proche collaborateur c’est vrai dans toutes les grandes entreprises, et un majorité de petites, mais c’est normal. En politique, non ?
      Pour info je suis au chômage, 15 ans d’expérience de collaboratrice parlementaire, avec des boulots et expériences non seulement variées mais absolument complètes, et si vous me trouvez du boulot je prends.

    • Ah ben moi, je ne vous connait pas, et si je vous ait croisé, je l’ignore, mais peut-être faut il aussi regarder la chose depuis la fonction #politique. Sauf une partie d’entre eux, à héritage ou fortune, les députés dépendent effectivement de revenus dignes de #larbins de luxe, comme des acteurs du théâtre privé à budget et qui joueraient beaucoup. Et ils ont intérêt à ce que le théâtre continue, intéresse un peu de monde (faut s’escrimer pour, parfois, le public est pas toujours réceptif). Et à rempiler, et à saisir les opportunités (vous vous souvenez du rajeunissement socialiste du Sénat, une merveille !).

      Ce ne sont pas des décideurs effectifs, tout juste des petites main du gratin, avec pourliche à la clé en rapport, éventuellement [oh, là, là, gaffe, le correcteur avait écrit pouliche, je me serais fait corriger grave, c’est sûr]. #Bouffons d’une démocratie représentative en sa partie accessoire, l’assemblée nationale, y a pas de raison qu’ils soient mieux payés que ça (qui est déjà pas mal pour le vulgaire, rarement au dessus du revenu médian de 1600€/tête et parfois sans même les 439,39€ du RSA, mais avec la fierté de pas dépendre de l’état, non mais).

      Une bonne analyse de La cinquième république permet bien d’en comprendre les raisons (Le coup d’état permanent, de François Mitterrand, http://www.geocities.ws/jupiau/coudeta.pdf), c’est structurellement que le parlement est un croupion. Et nous ? on est supposés contempler le cul de la bête jusqu’à qu’on croit voir la lune. Alors, on se défend, les pieds sur terre, on regarde plus bas. et puis on courbe la tête, forcément ?

      J’ajoute quelques tags par avance, je préfère faire ça moi même

      #grossier #méchant #pas_démocratique #voyeur #malhonnête #haineux #troll

    • @jean-no Ça dépend de quel argent on parle. De celui qui existe avant ? Qui est gagné pendant ? Celui d’avant pose le problème de la capacité à arriver à ce métier. Celui pendant pose celui de la corruption s’il n’est pas assez important.
      En fait, pour moi, le vrai problème c’est les influences, infiniment plus que l’argent, sur les orientations, les votes, les « idées » que les politiques croient avoir, ce qu’ils croient connaître.

    • @aude_v waoouuuh quelle passion !
      Il suffit d’un post qui pointe ici parce qu’il concerne la non disparité sociale de l’assemblée pour que tu te persuades que je te traine dans la boue. Sérieux, il me faudrait aussi abonder dans ton sens pour mener une discussion ? Et concernant les comptes que l’on peut bloquer, tu devrais essayer, ça permet de prendre des distances au lieu de #partir_en_vrille !

      Je comprends que la situation est délicate aujourd’hui pour ceux et surtout celles qui veulent s’investir professionnellement dans la politique, pertes d’emploi et difficultés de survie, puisque la valorisation humaine passe encore par l’argent ou peut-être aussi ici par le prestige des lieux où s’exercent le pouvoir.
      Mais, pour reprendre avec un peu plus de distance, je me demande seulement où se défend réellement le politique, la vie de la cité, ouvert à tous. Puisqu’il m’intéresse, non de m’affliger sur des sorts individuels, mais d’#élargir_au_politique, je plains celui ou celle qui se retrouve à travailler dans des institutions ou partis figés et s’y débat pour manger sans saisir les dimensions étroites, que je critique, de ce milieu dit d’élite qui s’assèche d’année en année.

      Mon propos n’était pas ailleurs, et je suis bien d’accord que seenthis est un lieu politique et d’échange remarquable, même si ça frotte.