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  • Nova Friburgo, passé-présent

    Par ses photographies à découvrir à la Galerie Focale, le Vaudois #Thomas_Brasey évoque la ville brésilienne et son lien ombilical avec la Suisse.

    En 1816, l’Europe souffre des conditions météorologiques calamiteuses provoquées par l’éruption du volcan indonésien Tambora. Une va­gue de froid et des pluies diluviennes s’abattent sur le continent. La famine pousse les émigrés d’une dizaine de cantons suisses sur les chemins de l’exil, notamment en Amérique latine. Parmi les candidats à ce périlleux voyage, d’abord sur le Rhin, puis à travers l’océan, un sur sept y laissera la vie.

    Des quelque 2000 migrants suisses qui rejoignent le Brésil, en majorité fribourgeois, certains fondent Nova Friburgo en 1818, dans les montagnes de l’Etat de Rio de Janeiro, à plus de 800 mètres d’altitude. Les terres sont celles des indiens coroados puris, cédées par décret royal à des familles de colons suisses. A la Galerie Focale à Nyon, les photographies de Thomas Brasey racontent cette ville bicentenaire comptant aujour­d’hui 200 000 habitants. Et comble ainsi un vide iconographique.

    Sans mises en scène

    Car si la dure réalité de l’époque est racontée par les lettres des émigrés et autres textes d’écrivains, journalistes ou auteurs de théâtre, les images et objets originaux sont pour ainsi dire inexistants. Concrètement, le travail de l’artiste vaudois, lauréat de la 10e Enquête photographique fribourgeoise, associe dans sa série Boaventura trois types d’images : des paysages luxuriants et inhabités, des portraits en apparence sans rapport les uns avec les autres, et des natures mortes.

    Les clichés de paysages des environs de l’actuelle Nova Friburgo sont à la fois simples et évocateurs. L’artiste évite toute mise en scène afin de ne pas verser dans le registre de l’anecdotique, du photojournalisme ou du reportage. Le même souci se retrouve dans les portraits d’habitants actuels de Nova Friburgo. Photographiés chez eux ou sur leurs lieux de travail, les descendants des exilés helvétiques ne sont identifiables qu’à leur seul patronyme.

    Un effet de distanciation critique est obtenu avec le recours à la nature morte. Des photographies d’objets noirs sur fond blanc évoquent de façon originale et allusive l’aventure de l’émigration, de ses aspects les plus banals aux plus chargés émotionnellement. Le mousti­que anophèle renvoie à la malaria. La maladie avait rattrapé les migrants dans des camps près de Rotterdam où ils ­s’entassaient dans l’attente de leur appareillage en mer, après une longue descente du Rhin en bateau.

    Regards sur la migration

    Le plant de café symbolise la graine qui faisait miroiter aux exilés la prospérité après l’échec des cultures de leur pays d’origine. Le requin évoque l’exploitation des colons au Brésil et le sort tragique des naufragés. Par la coexistence de différents types d’images, Thomas Brasey s’inscrit en faux contre une vision de la photographie opposant objectivation du réel et subjectivité de l’artiste.

    Déjà exposée au Musée gruérien de Bulle et à Winterthour, la série Boaventura documente un espace social et géographi­que contemporain à la recher­che d’un passé collectif. La redécouverte par la photographie de Nova Friburgo et de son histoire aux résonances universelles alimente une réflexion sur la migration et ses représentations. La sensibilité de l’artiste contribue à remettre en cause les définitions simplistes de l’#identité.


    https://lecourrier.ch/2018/09/11/nova-friburgo-passe-present
    #Nova_Friburgo #Brésil #Suisse #colonialisme #colonialisme #photographie

    Nova Friburgo

    Nova Friburgo est une ville du Brésil située dans une région montagneuse du centre-nord de l’État de Rio de Janeiro, à 136 kilomètres de la capitale, Rio de Janeiro, sur un territoire de 933,4 km2. Elle se trouve à 22°16’55" de latitude sud et 42°31’52" de longitude ouest et à 846 mètres au-dessus du niveau de la mer.

    Sa population, d’après le recensement brésilien de 2010 de l’Institut brésilien de géographie et de statistiques, était de 182 082 habitants. Les principales activités économiques sont basées sur l’industrie du textile (lingerie) et la métallurgie, l’horticulture (fleurs), l’élevage de chèvres et le tourisme. Elle est la ville la plus froide de l’État.

    Jusqu’au XIXe siècle, la région de l’actuel Nova Friburgo était occupée par les indiens #coroados puris. En 16 mai 1818, le #Roi_Jean_VI proposa une #colonisation_planifiée, pour promouvoir et agrandir la civilisation au royaume du Brésil. Un décret donna l’autorisation au #canton_de_Fribourg de fonder une #colonie de cent familles suisses dans la ferme du "#Morro_Queimado", dans le district de #Cantagalo, un endroit choisi en raison des #ressemblances_géographiques et climatiques avec celles de leur pays d’origine. De 1819 à 1820, la région fut colonisée par 265 familles suisses, totalisant 1 458 immigrants. Elle fut nommée par les Suisses « Nova Friburgo » (La Nouvelle-Fribourg), en hommage à la ville d’où était partie la majorité des familles.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nova_Friburgo
    #peuples_autochtones #migrations

    cc @simplicissimus

    • #merci !

      Mon grand-père voulait émigrer en Argentine où des parents étaient déjà partis (mon nom de famille se trouve d’ailleurs aussi dans la province d’Entre Rios). Il en a été empêché par le déclenchement de la Première guerre mondiale. Après celle-ci, il s’est finalement installé dans le Jura français.

  • #Jean_de_Beins

    Il s’est engagé à 13 ans comme arquebusier à cheval. Entre 1590 et 1594, il participe au siège de Paris entre mai et septembre 1590 et y est blessé. En février 1591, il est dans la compagnie de Charles de Balsac, baron de Dunes, au siège de Chartres où il de nouveau blessé. Il participe au siège de Rouen entre décembre 1591 et juillet 1592. Il est blessé au siège de Dreux. En 1596, il est envoyé à Perpignan, sous les ordres du maréchal d’Ornano où il est de nouveau blessé. En 1597, il est en Savoie sous les ordres du duc de Lesdiguières pendant la campagne contre le duc de Savoie. Il s’y fait reconnaître par la « générosité de son courage ». Il fait la connaissance du duc de Lesdiguières. Il reste militaire jusqu’à la paix de Vervins, en 1598.

    Après 1598, Jean de Beins « s’était estudié aux mathématiques et rendu capable de la science des fortifications et de la géographye... ». Il sert ensuite comme commis et géographe du roi aux fortifications du Dauphiné sous les ordres de Raymond de Bonnefons, ingénieur pour le roi en Dauphiné, Bresse et Provence1. Le lieutenant général du Dauphiné était le duc de Lesdiguières. Il se forme alors sur le tas.

    Lors de la guerre franco-savoyarde (1600-1601), il participe aux sièges de Montmélian, Charbonnière, Bourg-en-Bresse et du fort Sainte-Catherine, près de Genève2. La guerre se termine avec le traité de Lyon, le 17 janvier 1601. Le département de Raymond de Bonnefons s’agrandit de Bresse, du Bugey, du Valromey et du Pays de Gex.
    En 1601, Raymond de Bonnefons et Jean de Beins travaillent au Fort Barraux3, à Exilles et à Bourg-en-Bresse.

    Jean de Beins est désigné comme « ingénieur entretenu par le Roy » dans une ordonnance signée par Sully en 1606 et indique qu’il a « mis en mains de Sa Majesté des Cartes du païs de Dauphiné et de Bresse ».

    Raymond de Bonnefons meurt en enclouant des canons, en 1607, comme l’écrit Sully au roi Henri IV le 25 juillet : « Il est arrivé un accident en Provence qui m’apporte du desplaisir ; c’est la mort de deux de vos ingénieurs à scavoir Bonnefons et le jeune Errard qui n’en savait guère moins que son père ». Après l’avis de Sully, en 1607, la charge de Raymond de Bonnefons est partagée entre son fils, Jean de Bonnefons, nommé ingénieur ordinaire en Provence et Languedoc, et Jean de Beins, nommé ingénieur pour le Roi, géographe de Dauphiné et Bresse.

    Jean de Beins va alors être le grand fortificateur du Dauphiné. En 1607, il travaille sur le fort Barraux pour faire de cette place la plus forte du Dauphiné. On le voit :

    en 1606 : au fort de L’esluse, au fort de Brescon en Languedoc ;
    en 1607 : à Bourg, Puymore, Embun, Exilles ;
    en 1608 : à Château-Queyras, Château Dauphin, Valence, Livron ;
    en 1609 : à Nyons, Serres, Sisteron, Exilles.

    Le 15 mai 1605, Sully avait rédigé un « Règlement que le Roy veult estre doresnavant observé pour les fortifications qui seront faictes en chacune Province de son Royaume ». L’ingénieur doit avant chaque chantier dresser la « description du travail et les devis ».

    De Beins dresse ainsi un « Estat sommaire à quoy pourront monter les ouvrages de Massonnerye, creusement de fossez et autres (charpenterye) qu’il convient faire pour les fortifications et reparations de la ville de Grenoble suyvant la dernière visite qui en a esté faite »4.

    Ingénieur et géographe, il a pour mission d’informer le roi et son ministre des fortifications de la province du Dauphiné, mais aussi de son visage géographique par sa cartographie. En 1607, Henri IV avait demandé à Sully de « faire faire les cartes des frontières de son royaume ». Le roi « aimait avec passion les cartes chorographiques et tout ce qui étoit des sciences mathématiques »5. De cette activité de cartographe, il reste 75 planches qui se trouvent au British Museum6.

    Il est anobli en mars 1610. Pendant le règne de Louis XIII il prend une part importante aux guerres à la frontière du Piémont.

    Il a dessiné les plans de la nouvelle enceinte de Grenoble et a travaillé à Puymaure7, fort construit par les Huguenots pour surveiller la catholique Gap et détruit sur ordre de Richelieu en 1633.


    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Beins
    #cartographie #cartographie_historique

    • Les Alpes de Jean de Beins

      Après quatre mois de présentation, les cartes originales de Jean de Beins, qui donnaient à voir, pour la première fois, une représentation détaillée et réaliste de la province du Dauphiné au 17e siècle, ont été retournées aux institutions qui ont en charge leur conservation.

      L’exposition aurait dû fermer ses portes, si la rencontre avec des collectionneurs avait incité le musée à prolonger celle-ci pour présenter des œuvres inédites provenant de fonds privés. La nouvelle version des Alpes de Jean de Beins conserve la présentation des copies des cartes de la British Library et de la Bibliothèque nationale de France, mais elle met en valeur les dernières œuvres découvertes.

      Aux trois cartes manuscrites sur le haut Dauphiné : Gapençais, Queyras, Champsaur, s’ajoute une nouvelle sur le Briançonnais que l’on ne croyait jusqu’ici pas représenté par Jean de Beins. Celles-ci ont sans doute servi de base à la confection de la grande carte imprimées de 1617, exposée dans son édition originale et complétée de trois gravures de cette même carte réduite. Un document manuscrit de Jacques Fougeu, grand cartographe français, contemporain de Jean de Beins, parachève le parcours.

      Cette présentation de nouveaux trésors patrimoniaux confirme la qualité artistique et l’intérêt historique de l’œuvre de Jean de Beins, ce pionnier de la #cartographie_moderne.


      http://www.ancien-eveche-isere.fr/3817-les-alpes-de-jean-de-beins.htm
      #Alpes #montagne #paysage

    • Une doctorante au laboratoire LARHRA
      Une thèse sur ce cartographe est en cours à l’Université de Grenoble :
      #Perrine_Camus :

      "Les Alpes intelligibles. Représentations cartographiques et paysagères dans les territoires de montagne au temps de Jean de Beins (1577-1651)"

      Espace habité autant que fantasmé, les Alpes sont, à la fin du XVIe siècle, un espace difficile à se représenter. Nombre d’images, qu’il s’agisse de cartes, de peintures ou de gravures apparaissent au début du XVIIe siècle. À partir de l’étude de sources iconographiques, ce travail de thèse a donc pour ambition de comprendre les processus qui permettent de rendre cet espace visible et compréhensible.

      http://larhra.ish-lyon.cnrs.fr/membre/631

    • Les Alpes de Jean de Beins : la carte et le paysage

      Aux merveilles du Dauphiné, si la liste en était encore extensible, on pourrait ajouter les cartes réalisées par le géographe Jean de Beins sous le règne de Henri IV. D’une clarté extraordinaire, elles permettent de s’immerger dans la vie alpine au tout début du XVIIe siècle. Loin de se contenter de localiser les lieux, le cartographe a mis en scène les villes et leurs systèmes de défense, les vallées et leurs cultures, les rivières et leurs gués, voire les armées et leurs stratèges. Des documents exceptionnels et jamais exposés à découvrir au musée de l’Ancien Évêché ! Par Perrine Camus, doctorante en histoire moderne à l’université Grenoble-Alpes.


      http://www.lalpe.com/lalpe-79-paysages-monde-a-fenetre

  • La Cité | Un « objet de l’exil » pour garder une partie de son pays avec soi
    https://asile.ch/2017/08/28/cite-objet-de-lexil-garder-partie-de-pays-soi

    La galerie Focale à Nyon présente l’exposition L’objet de l’exil de la photographe chilienne Vivian Olmi mêlant un travail photographique de qualité et un regard juste sur les jeunes immigrés en Suisse. Mais surtout, l’artiste laisse les exilés s’exprimer. À voir du 20 août au 24 septembre.

  • Le #Grand_Genève se matérialise en images #3D

    Les six écoles de la HES-SO Genève imaginent le développement de la métropole transfrontalière. Du 28 avril au 30 juin, elles organisent des colloques, concerts, promenades virtuelles, conférences, débats et expositions autour d’un thème commun : #Frontières et #urbanité.


    http://www.lacite.info/artculture/grand-geneve-images3d
    #Genève #urban_matter

    L’événement HES : réflexion sur les frontières et l’urbanité

    De Nyon à Thonon-les-Bains, du Jet d’eau à la Jonction, 25 bornes-miroirs géantes matérialisent pour la première fois le territoire du Grand Genève, sautant les frontières cantonales ou nationales. Au pied de chacune d’elles, les visiteurs découvrent sur leur smartphone des images en 3D à 360° qui les entraînent dans une visite virtuelle de la région, jusqu’à la plus grande tour du monde, un édifice de mille mètres de haut construit à la Jonction. Ce sont deux des projets phares de l’événement HES imaginé par les six écoles de la HES-SO Genève.

    https://www.hesge.ch/geneve/actualites/2016/levenement-hes-reflexion-les-frontieres-et-lurbanite

  • Un Swiss Photo Award pour Niels Ackermann | CHAMBRE AVEC VUES

    http://blogs.letemps.ch/vues/2016/04/07/un-swiss-photo-award-pour-niels-ackermann

    Signalé par @jeanabbiateci sur FB sans qui je serai photgraphiquement analphabète

    e travail du photographe sur Slavutych, construite dans la foulée du drame de Tchernobyl, l’emporte en catégorie Reportage.

    Année faste pour Niels Ackermann. Le photographe a reçu jeudi soir le premier prix des Swiss Photo Awards, catégorie reportage, doté de 5000 francs. Il a été récompensé pour son travail sur Slavutych, petite ville ukrainienne bâtie après la catastrophe de Tchernobyl pour reloger les ouvriers de la centrale. Cet excellent reportage, qui sonne à la fois juste, sensible et décalé – parce qu’il se concentre sur le quotidien d’une jeunesse débridée là où les gens attendent des réacteurs et des champignons – a valu à son auteur le Prix Focale-Ville de Nyon ainsi qu’une exposition dans la galerie éponyme fin 2015, le dernier Prix photo de la Fondation BAT Suisse et un Swiss Press Photo catégorie étranger en février. La série, encore, fait l’objet d’une très belle publication aux éditions Noir sur Blanc, dont le vernissage est prévue samedi.

    #photographie cc @albertocampiphoto #nucléaire #tchernobyl

  • La #Suisse ne fait pas envie aux réfugiés syriens

    paru sur Mediapart, 27 septembre 2015 | Par Agathe Duparc

    La Suisse reste pour l’instant à l’écart des flux migratoires qui traversent certains pays européens, et elle fait le minimum vis-à-vis de Bruxelles. Les réfugiés syriens ne s’y précipitent pas. Son système d’asile, longtemps considéré comme l’un des plus accueillants d’Europe, est aujourd’hui grippé. Explications et reportage.

    Genève (Suisse), de notre correspondante. - Une porte grillagée qui s’ouvre chaque jour vers 18 heures et se referme à 9 h 45 le matin, sous la surveillance de vigiles. Quatre dortoirs de lits superposés éclairés au néon, équipés d’une armoire en fer bleu pour deux, avec extinction des feux à 22 heures. Une salle à manger avec huit grandes tables et au mur une télévision. Des douches et des toilettes. Le tout surmonté de gros tuyaux d’aération qui distillent un petit air frais qui pourrait rappeler celui d’une chambre mortuaire.

    Ismaïl (à gauche) et son compagnon Rambo, devant l’entrée du "bunker" de Clarens © DR
    Bienvenue sous terre, dans l’abri de la protection civile (PC) de Clarens, sur le territoire de la commune de Montreux (canton de Vaud) où sont installés depuis le 1er septembre une cinquantaine de jeunes Africains, Érythréens pour la plupart, mais aussi quelques Afghans et Somaliens. Construit sous une école communale, ce « bunker » appartient au patrimoine helvétique. Il est l’un de ces innombrables abris antiatomiques qui, du temps de la guerre froide, ont poussé comme des champignons et ne servent aujourd’hui plus à grand-chose. Sauf, dans certains cantons, à loger des réfugiés.

    Ismaïl, 19 ans, originaire de Hargeisa (la deuxième plus grande ville au nord de la Somalie), a traversé les déserts. Il s’est fait rançonner par des passeurs en Libye, a failli mourir sur un bateau en Méditerranée, puis s’est faufilé à travers les frontières européennes. Il voulait rejoindre son frère en Allemagne, mais s’est finalement retrouvé en Suisse cet été, enregistré dans le centre de Chiasso (Tessin) où il a déposé une demande d’asile. Le voilà qui fait visiter son nouveau refuge. « J’ai été très surpris quand j’ai appris qu’on allait nous mettre sous terre. Je n’ai pas fait tout ça pour vivre sous terre », dit-il à plusieurs reprises, alors que la distribution des barquettes de nourriture vient de commencer dans le couloir.

    En surface, la nouvelle installation a provoqué quelques inquiétudes chez les habitants du quartier et les parents des enfants de l’école qui se trouve au dessus. Une réunion d’information a eu lieu. La majorité d’entre eux, dont beaucoup sont d’origine étrangère, n’ont rien trouvé à redire. Pourvu que les migrants « soient polis et ne traînent pas dans la cour de l’école », comme l’explique un père rencontré aux alentours.

    Le bunker de Clarens, qui contient 76 places, est le dernier des douze abris PC gérés par l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) dans tout le canton. L’EVAM, une structure de droit public, est mandaté par les autorités cantonales « pour héberger, encadrer et assister dans leurs démarches les requérants d’asile, mais également ceux qui ont reçu une admission provisoire, et ceux qui ont été déboutés de leur demande », explique Evi Kassimidis, sa porte-parole.

    Distribution de nourriture sous terre, dans l’abri de la protection civile de Clarens
    Pourquoi installer des gens sous terre ? « Il y a six ans, notre premier abri de la protection civile à Nyon était réservé aux seuls cas Dublin [ceux qui devaient être renvoyés dans le 1er pays européen où ils avaient été contrôlés - ndrl], maintenant nous avons des requérants d’asile et des gens qui ont reçu une admission provisoire. Certains y restent pendant des mois et des mois », regrette Abdellah Essaidi, responsable de l’animation dans plusieurs structures de jour de l’EVAM – les lieux qui prennent le relais durant la journée pour accueillir ces réfugiés du sous-sol. Il arrive ainsi que certains d’entre eux tombent malades, ou fassent une dépression, perdant la notion du temps.

    Sur son site internet, l’EVAM précise que « les arrivées en Suisse de personnes qui déposent une demande d’asile continuent à un rythme soutenu » et que devant cet afflux, toutes les structures d’accueil sont « au maximum de leurs capacités ». « Dans les foyers EVAM, les salles communes ont été transformées en dortoirs. Face à ce manque de places chronique et devant l’urgence de la situation, le recours aux abris PC se révèle à nouveau inévitable », lit-on dans un communiqué.

    Pourtant, si l’on s’en tient aux faits, la Suisse continue à être un paisible îlot de tranquillité et de prospérité, pour l’instant largement épargné par la crise des réfugiés qui secoue l’Europe. À la mi-septembre, le contraste était saisissant : d’un côté, les images de dizaines de milliers de réfugiés cheminant sur les routes de l’Europe, principalement des victimes du conflit en Syrie ; de l’autre, les chiffres de l’asile publiés par le secrétariat d’État aux migrations (SEM) à Berne.

    Pour le mois d’août, la Suisse a reçu 3 899 demandes d’asiles (deux de plus que le mois précédent), dont 1 610 déposées par des Érythréens, 461 par des Afghans et seulement 401 par des Syriens. Pour les huit premiers mois de l’année 2015, ce chiffre est de 19 668 personnes (dont 1 425 Syriens ), alors que les États membres de l’UE et de l’AELE enregistraient environ 550 000 demandes de janvier à juillet 2015 (contre 304 000 durant la même période de 2014).

    En 2014, 23 764 requêtes ont été déposées en Suisse, dont 6 923 par des Érythréens et 3 819 par des Syriens. Le secrétariat d’État aux migrations constate ainsi que, pour l’instant, la Suisse n’est « pas la destination privilégiée des migrants » et n’a « été que faiblement touchée par les flux migratoires qui traversent les pays du sud-est de l’Europe ».

    © EVAM

    Collectif No Bunkers

    Comment expliquer ce peu d’empressement ? Stefan Frey, porte-parole de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), rappelle que « dans le parcours des migrants, la diaspora joue un rôle très important », or en Suisse la communauté syrienne est de faible importance.

    Mais ce n’est pas tout. Si pendant longtemps le système d’asile suisse a joué un rôle d’aimant – 83 000 personnes (dont 53 000 Kosovars) avaient trouvé refuge dans le pays durant les guerres en ex-Yougoslavie –, il s’est durci ces dernières années sous les coups de boutoir de l’UDC le parti nationaliste-populiste.

    Sur le total des demandes traitées en 2014, 26 % ont abouti à une décision positive (permis B de réfugié statutaire), il y a eu 27 % de décisions de non-entrée en matière, et 46 % des requêtes ont été rejetées. En cas de refus : soit les autorités estiment que la personne doit être renvoyée dans son pays et elle est alors définitivement déboutée de sa demande ; soit on lui accorde l’admission provisoire (permis F), estimant que le renvoi dans le pays d’origine est impossible en raison d’une guerre ou de situations de violence.

    C’est justement là que le bât blesse pour les Syriens : plus de 58 % d’entre eux se voient attribuer une admission provisoire, et seuls 35 % obtiennent un statut de réfugiés, contre une moyenne de 70 % dans les autres pays européens. À cela s’ajoutent des délais d’attente qui s’étirent souvent sur plusieurs mois. Dans une récente interview à la NZZ am Sonntag, Anja Klug, responsable du HCR, estime que la Suisse « applique une politique trop restrictive à l’égard des requérants d’asile syriens ». « Les personnes n’étant admises que provisoirement doivent composer avec le risque de se faire renvoyer de Suisse à tout moment », rappelle-t-elle.

    Certes le système helvétique a l’avantage d’être parfaitement rodé, presque militaire. Une fois passés par l’un des cinq centres fédéraux d’enregistrement et de procédure (Vallorbe, Bâle, Altstätten, Kreuzlingen et Chiasso), les requérants sont pris en main, dispatchés dans les 26 cantons selon un pourcentage calculé à partir du nombre d’habitants. Zurich accueille 17 % des réfugiés, Berne 13,5 %, Vaud 8 %, Argovie 7,7 %, Saint-Gall 6 %, Genève 5,6 %... (voir la brochure 2015 de l’EVAM).

    Les cantons doivent ensuite leur offrir un logement, une aide financière, une assurance maladie, des cours de langue et une assistance pour trouver du travail. Ce qui représente, en moyenne, un coût de 1 200 francs suisses (1 100 euros) par personne et par mois tout compris, selon des chiffres récemment publiés dans Le Temps. Ceux qui ont été déboutés peuvent bénéficier d’une aide d’urgence minimale pendant quelque temps.

    Mais dans les faits, le système souffre de nombreuses failles. Trouver du travail est une gageure. Le taux d’activité des réfugiés statutaires qui ont entre 18 et 65 ans est de 20 % durant les cinq premières années et de 48 % au bout dix ans de présence en Suisse. Seul un quart de ceux qui sont admis provisoirement travaillent après ce même laps de temps.

    Le collectif No Bunkers © renverse.ch
    Pour l’hébergement, les disparités sont grandes. Si le canton de Vaud n’hésite pas à loger les gens sous terre, Genève a connu cet été une petite révolution. Le collectif « No Bunkers », qui protestait contre le transfert de 80 déboutés de l’asile dans des abris PC, a occupé pendant presque deux mois la Maison des arts et du Grutli, puis une salle de spectacle genevoise.

    Soutenus par la municipalité, ils ont finalement fait plier le canton à la mi-août, obtenant la promesse d’être relogés dans un bâtiment vide d’ONU-Sida en janvier prochain. Les abris PC dans lesquels dorment encore quelque 250 personnes devraient fermer leur porte en 2016. Certains d’entre eux sont d’une saleté repoussante, sans ventilation et avec des punaises de lits à profusion.

    En Argovie, des tentes militaires ont été dressées pour abriter durant 110 jours maximum des requérants, exclusivement des hommes. La mesure a suscité l’indignation au sein de la gauche. Stefan Frey, le porte-parole de l’OSAR, estime que s’il s’agit d’une solution provisoire, elle est plus acceptable « que de parquer des êtres humains dans des abris PC sans ventilation, comme des taupes sous terre ».

    Pour Abdellah Essaidi, de l’EVAM, pas étonnant que les réfugiés syriens préfèrent pour l’instant se diriger vers d’autres pays. « Les gens qui fuient leur pays parlent beaucoup au téléphone et sur Facebook. Ils sont très bien informés sur les conditions d’accueil ici. Quand un Syrien appelle de Turquie son cousin qui vit en Suisse et qui lui raconte qu’il attend depuis trois ans une réponse, et qu’un autre cousin en Allemagne lui dit qu’il vient d’obtenir l’asile, le choix est vite fait », explique-t-il, précisant qu’une refonte du système d’asile est en cours en Suisse pour boucler 60 % des procédures en 140 jours.

    A contrario, explique-t-il « le pays apparaît depuis 2013 comme un eldorado pour nombre de jeunes Érythréens » qui fuient la dictature de Issaia Afeworki ou craignent d’être happés par un service national civil ou militaire qui peut durer des années avec une solde de misère. En 2014, environ 85 % des requérants érythréens ont reçu une protection (permis B et F), venant rejoindre une diaspora de plus en plus importante. La tendance se poursuit pour 2015, comme l’explique le secrétariat d’État aux migrations dans une note précisant que « la majorité de ces requérants viennent dans notre pays par détresse et parce qu’ils ont besoin de notre protection ».

    La famille Khatib en attente d’un permis de réfugié

    Pour rencontrer des Syriens, il faut se rendre au foyer de Crissier, l’une des structures de l’EVAM, à l’ouest de Lausanne : trois bâtiments plantés au milieu de la forêt à proximité de l’autoroute de contournement. Les lieux sont paisibles et beaucoup d’enfants jouent dans la cour. Quelque 350 réfugiés y sont logés en famille, dont un vingtaine de Syriens.

    Le Foyer de l’EVAM à Crissier © EVAM
    Originaire de la ville côtière de Tartous, les Khatib sont arrivés en juillet 2014, via Beyrouth : les deux parents, leurs fils de 16 et 17 ans et leurs filles de 19 et 22 ans. Le fils aîné risquait d’être enrôlé dans l’armée. Le plus jeune avait été arrêté par la police après avoir graffité un mur. Il a fallu tout laisser derrière soi : des proches, une maison et une entreprise de taxi. La famille a rejoint deux oncles maternels qui avaient obtenu l’asile en 2012 et vivent aujourd’hui à Genève et Montreux.

    Mais il a vite fallu déchanter. En attente d’un logement près d’Yverdon, les Khatib vivent toujours dans un minuscule studio avec deux lits superposés et trois matelas par terre. Il y a quelques semaines, une mauvaise nouvelle est tombée : ils ont obtenu une admission provisoire de rester en Suisse, alors « que la guerre ne va pas s’arrêter », estime la fille aînée, Fatima. Très pâle, elle dit ne rien comprendre à cette décision, se demandant « pourquoi le reste de la famille, nos oncles, leurs femmes, leurs enfants, mes grands-parents ont obtenu un permis B [réfugié statutaire] et nous, un permis F... ». Un recours a été déposé. La jeune femme aimerait pouvoir rejoindre son mari qui vit en Allemagne, à Kemnitz, mais elle a dû donner tous ses papiers à Berne.

    La Suisse affirme pourtant avoir déjà beaucoup fait pour l’accueil des victimes du conflit syrien. Vendredi 18 septembre, alors que l’Union européenne se déchirait encore autour de la relocalisation de 120 000 réfugiés, le conseil fédéral a convoqué la presse pour annoncer sa « participation » au premier programme de répartition adopté en juillet par l’Union européenne, celui qui porte sur 40 000 réfugiés.

    Berne s’engage à prendre en charge jusqu’à 1 500 personnes sur deux ans, uniquement celles qui ont déjà été enregistrées en Italie ou en Grèce. Mais ce geste ressemble à un tour de passe-passe puisque « le nombre des personnes admises à ce titre sera déduit du contingent de 3 000 personnes à protéger dont l’accueil a été décidé par le Conseil fédéral en mars 2015 » comme le précise le communiqué de presse. Stefan Frey, le porte-parole de l’OSAR, a dénoncé « une mascarade ».

    En mars dernier, les autorités helvétiques avaient accepté d’offrir 2 000 places au titre d’un programme de réinstallation, sur deux ans, en collaboration avec le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR). Il s’agit d’identifier dans les pays avoisinants du conflit les réfugiés syriens les plus vulnérables (victimes de torture, femmes seules, malades, etc.) et de leur octroyer un statut de réfugiés avant même qu’ils n’arrivent en Suisse. En plus de cela, Berne s’est engagée à accorder, dès cette année, 1 000 visas humanitaires pour faciliter le regroupement familial. Moins de 500 personnes sont arrivées. Ce programme, présenté comme une « action humanitaire », est désormais amputé des 1 500 places destinées aux Syriens déjà arrivés en Europe. Et tant pis pour les réfugiés « les plus vulnérables ».

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    Le chargé de presse du secrétariat d’État aux migrations, Martin Reichlin, se défend en faisant valoir que, depuis 2011, le pays a accordé sa protection à 9 000 Syriens, mélangeant ainsi ceux qui obtiennent un permis de réfugié et ceux qui sont admis à titre provisoire. De son côté la conseillère fédérale (ministre) Simonetta Sommaruga s’est dite prête à participer au second plan de répartition (120 000 réfugiés), finalement adopté à Bruxelles après un vote mardi 22 septembre. Selon la clé de répartition, 4 500 réfugiés supplémentaires devraient être dirigés vers la Suisse. Mais aucune annonce n’a encore été faite.

    À un mois des élections législatives fédérales du 18 octobre, la question des réfugiés divise la classe politique. La gauche, relayée par plusieurs ONG, fustige la réponse « bien trop timide » de Berne face à la crise migratoire mondiale. « Un contingent total de 3 000 réfugié(e)s [est] devenu totalement obsolète au vu des événements dramatiques de ces dernières semaines », dit le Parti socialiste. Pour la droite bourgeoise, pas question d’en faire plus. Pour le Parti libéral radical (PLR), « les demandeurs d’asile de Syrie qui sont accueillis en Suisse doivent bénéficier de la protection provisoire afin qu’ils retrouvent rapidement leur pays une fois la situation stabilisée ». Le parti réclame « des évaluations individuelles » sur les réfugiés admis pour « éviter que des terroristes ne s’infiltrent dans les quotas ». En tête des sondages avec 29 % d’intentions de vote, les nationalistes-populistes de l’Union démocratique du centre (#UDC) s’indignent, eux, de devoir participer aux programmes de répartition de réfugiés de l’UE, et demandent la réintroduction immédiate des contrôles aux frontières.

    #asile #migrations #réfugiés

  • Des vers de terre français révolutionnent les toilettes sèches québécoises (Le Progrès)
    http://www.leprogres.fr/france-monde/2012/10/07/des-vers-de-terre-francais-revolutionnent-les-toilettes-seches-quebecoises

    Première en Amérique du Nord, un golf du Québec s’est doté de toilettes innovantes construites près de Nyons en Drôme provençale. Leur particularité, elles ne fonctionnement pas à l’eau mais avec demi-kilo de vers de terre Aesenia Foetida, entourés d’une couche de fumier et de paille,

  • Arts Spectacle

    Sébastien Grosset, la polyphonie est sa voie

    LeTemps.ch

    http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6f1c561c-c52c-11e1-bb1d-9dd7deea9fef/S%C3%A9bastien_Grosset_la_polyphonie_est_sa_voie

    Marie-Pierre Genecand

    Nourri à l’Afrique et aux voyages, l’auteur et compositeur Sébastien Grosset présente un spectacle autour de Sarkozy au faro Festival des arts vivants à Nyon, en août
    Les liens

    Avec cet auteur et compositeur romand de 36 ans, chaque parole est une terra incognita, une petite aventure en soi. Comme Le Centre du monde, drôle de spectacle qu’il avait proposé au far° Festival des arts vivants, à Nyon, il y a deux ans. Dans cette création, chaque note de piano correspondait à un mot ou une phrase, et le tout, joué par un interprète au clavier, retraçait un tour de la planète depuis la place du marché de Ouagadougou, au Burkina Faso.

    Cet été, Sébastien Grosset revient au far°. Dans Les Rapports oraux des services, qu’il a conçu, la comédienne Michèle Gurtner interprète un dialogue off que Sarkozy a eu avec des journalistes, en marge d’un sommet international. En codant sur le plan sonore les différentes formes rhétoriques, on entend sa paranoïa, son orgueil, son besoin d’amour… »

    Depuis un an, ce diplômé en philosophie et en musicologie enseigne à la Haute Ecole des arts et du design (HEAD), à Genève. « Le public, c’est fini, dit Sébastien Grosset. Il n’y a plus d’adhésion ou de scandale collectifs, mais des réceptions multiples, éclatées. Du coup, il faut oublier ce fantasme de théâtre fédérateur. Je ne crois pas à l’espoir de ciment social à travers l’art. »

  • Vers où Israël ?, un webdocumentaire de Camille Clavel (Courrier international)
    http://courriermedias.courrierinternational.com/webdocs/voi/home.html

    A compter du 24 février et jusqu’au 6 avril, le site de Courrier international diffuse, en sept épisodes, le documentaire de Camille Clavel, Vers où Israël, produit par Mélisande Films. Ce documentaire a été sélectionné par le festival Visions du réel 2012 (section Media Library), qui se déroule à Nyon (20-27 avril). Source : Courrier international

  • Okup’ à Nyon - one more time
    https://www.lereveil.ch/contrib/okup-a-nyon-one-more-time
    "Le collectif Rascass a le plaisir de vous annoncer l’occupation de la très mignonne maisonnette au charme retro et bucolique du 8 chemin de Bourgogne, à #Nyon.
    « Le mot Rascasse est un nom vernaculaire ambigu en français, pouvant désigner plusieurs espèces différentes de poissons réparties dans plusieurs genres. Sédentaire de l’étage infralittoral, la rascasse est une prédateur chassant à l’affût et capable de mimétisme. »"
    #Suisse #squat

  • Occupation à Nyon - Collectif Haute Tension
    https://www.lereveil.ch/contrib/occupation-a-nyon-collectif-haute
    « Nous avons le plaisir de vous annoncer l’occupation d’une ferme située route de la prairie à #Nyon, depuis le 7 novembre dernier. Ce bâtiment, ainsi que les terres agricoles situées aux alentours, appartiennent à de grands groupes immobiliers tels qu’Implenia, Realimmo, etc., qui ont pour projet d’y bâtir un grand complexe commercial et d’habitations. »
    #squat #Suisse