Alors voilà, la petite présentation
Absolument rien n’indiquait que je me lancerai dans cette enquête sur le viol de masse. Je me souviens simplement qu’au cours d’une discussion avec reka, qui me parlait d’un de ses projets futur sur le thème de la guerre, lui avoir lancé sans trop y réfléchir : tiens ben moi je vais faire un truc sur le viol des femmes. Je crois qu’il a été aussi surpris que moi. Je n’avais pas en tête le viol comme arme de guerre, je ne connaissais pas encore le « concept » mais celui de la récompense, du trophée, du droit de cuissage après la victoire. Cette « tradition » détestable semblait légitime pour la plupart de mes contemporains ET contemporaines : c’est comme ça, c’est la guerre. Alors que pour moi ça n’allait pas du tout du tout de soi ! Une autre motivation aussi peut-être, ma détestation viscérale pour les militaires. En tous les cas, c’est une démarche que je revendique comme du #féminisme
Après avoir dit cela, j’ai commencé à recueillir des infos. Rapidement celles concernant les viols en RDC sont remontées et avec elles les quelques études écrites sur le viol de masse, le viol comme arme de guerre. C’est à partir de ce matériau et autour de cet axe que j’ai commencé à construire mon travail de recherche.
J’ai pas mal galéré pour recueillir une documentation solide tant le sujet est tabou et les études sur le sujet bien trop rares. J’y ai passé des semaines et des semaines entières, un temps infini.
Les premiers jours, j’ai lu des articles de presse et des témoignages de victimes, en RDC, en Algérie, en Amérique latine... C’était horrible, j’étais constamment en larme avec un nœud dans la gorge en imaginant toutes les souffrances que ces femmes enduraient ou avaient endurées. J’ai cru que je n’y arriverais jamais.
Et puis à un moment je me suis dit qu’il fallait que j’arrête de m’apitoyer sur mon sort, confortablement installée à ma table de travail, que ces femmes vivaient l’enfer, que je devais impérativement m’atteler à ma tâche au nom de toutes ces femmes.
Parallèlement, j’ai recherché comment, sur le plan juridique, on traitait la chose. C’est ainsi que j’ai découvert que l’institution respectable qu’est la Croix rouge ne s’était intéressée pendant un siècle qu’au sort des militaires ! Ma colère est montée d’un cran.
Côté visuel, je parle du symbole que j’ai créé, je ne suis pas totalement convaincue mais je n’ai pas trouvé plus satisfaisant. Je souhaitais quelque chose d’un peu cru, à l’image du viol, reflétant la blessure, la déchirure, l’amputation, la femme-tronc, ce à quoi elle se résume dans ce contexte. Et les images de (jeunes) femmes recroquevillées dans leur coin me sortent par les trous de nez.
Voilà, j’ai conscience que cette étude est imparfaite. J’ai voulu mener plusieurs routes, qui me semblaient indissociables (les exemples de viols, l’aspect juridique, l’actualité), à la fois dans un espace relativement limité qu’est une page web et les moyens, limités aussi, dont je dispose. Mais, je pense toutefois qu’il a le mérite d’exister. :)