Tunisia security forces abused & collectively expelled 20+ West/Central African nationals…

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  • En Tunisie, des migrants revenus de l’enfer
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/08/23/en-tunisie-des-migrants-revenus-de-l-enfer_6186320_3212.html

    En Tunisie, des migrants revenus de l’enfer
    Chassés du pays et repoussés plusieurs fois par des soldats algériens en plein désert, Alpha Oumar et Ibrahima n’aspirent qu’à une seule chose : rentrer chez eux, en Guinée.
    Par Monia Ben Hamadi(Nefta, Tunisie, envoyée spéciale)
    Assis sur un tronc d’arbre à l’entrée de l’oasis de Nefta, Alpha Oumar et Ibrahima s’estiment chanceux. Les deux jeunes hommes originaires de Guinée ont survécu à l’enfer à la frontière tuniso-algérienne. Chassés par les autorités des deux pays, ils ont enduré des semaines de violences et d’humiliations avant de trouver un abri de fortune à l’ombre de palmiers, grâce à une poignée de bénévoles. Comme eux, des centaines de migrants guinéens, gambiens, soudanais, somaliens, éthiopiens ou ivoiriens – dont des femmes enceintes et des enfants en bas âge – sont parvenus à rejoindre les nombreuses oasis qui entourent la petite ville de Nefta, située dans le sud-ouest de la Tunisie, à 40 kilomètres du poste-frontière de Hazoua.
    Si les autorités ferment les yeux, tant que les migrants se font discrets, ces derniers ne peuvent pas se déplacer librement en ville et ne sont pas acceptés dans les transports en commun sans laissez-passer. « On n’arrive plus à gérer, ils sont de plus en plus nombreux et c’est dangereux, surtout pour les femmes et les enfants », s’alarme Assewer, l’une des volontaires présentes sur place.
    Ibrahima n’était pas encore majeur quand il a quitté son pays natal au début de l’année. En voiture et à pied, il est passé par la Côte d’Ivoire, le Mali et l’Algérie avant d’atteindre, en mai, la frontière tuniso-algérienne. De là, il s’est rendu directement à Sfax, le port tunisien devenu l’épicentre de la migration en Méditerranée. Des centaines de personnes tentent chaque jour la traversée vers l’île italienne de Lampedusa, principale porte d’entrée pour l’Union européenne. Ibrahima veut en être.
    A Sfax, le jeune homme n’a aucune difficulté à trouver un logement en colocation dans le centre-ville. Il y fait la connaissance de son compatriote, Alpha Oumar, 23 ans, arrivé de son côté huit mois plus tôt. Lui a déjà tenté de traverser en décembre 2022, mais, à une dizaine de kilomètres de Lampedusa, le moteur de son embarcation a lâché. Resté à la dérive pendant quatre jours, le bateau a finalement été secouru par des pêcheurs tunisiens. Ramené à terre, il assiste, impuissant, à la montée du sentiment antimigrant en Tunisie. En février, une campagne raciste déferle sur le pays après que le président, Kaïs Saïed, a accusé des « hordes » de « clandestins » d’être source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », soutenant l’existence d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ». Pressés de quitter Sfax, Ibrahima et Alpha Oumar tentent de partir en juin, mais ils sont rattrapés en mer par la garde nationale tunisienne. Dans la nuit du 3 au 4 juillet, la mort d’un jeune Tunisien, poignardé par des migrants, selon les premiers éléments de l’enquête, déclenche une véritable chasse à l’homme à l’encontre des Subsahariens, dont des centaines ont été expulsés de chez eux et violentés. La nuit suivante, des policiers débarquent chez Alpha Oumar et Ibrahima. Ils « ont défoncé la porte et nous ont demandé de sortir en nous disant qu’ils étaient là pour nous sécuriser », se souvient le plus âgé.
    Au poste de police, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants s’entassent déjà. « Des personnes se sont rendues elles-mêmes au commissariat de peur d’être attaquées par la population, d’autres sont arrivées blessées », poursuit Ibrahima. Les policiers assurent alors aux migrants qu’ils seront emmenés à l’extérieur de la ville, dans un camp, le temps que la situation se calme à Sfax. Alpha Oumar et Ibrahima montent dans un bus, sans connaître leur destination.
    « Les chauffeurs ne savaient clairement pas où ils allaient, ils suivaient le convoi de la garde nationale. Ils ont marqué plusieurs arrêts, toujours sur leur téléphone pour attendre de nouvelles instructions, cela n’avait pas été préparé », estime Alpha Oumar. Mais, très vite, les passagers commencent à comprendre, grâce au GPS de leurs téléphones, qu’ils sont emmenés vers la frontière algérienne. (...) Ces expulsions vers les frontières algérienne ou libyenne sont toujours niées par les autorités tunisiennes, qui ont accusé plusieurs fois les médias, les organisations non gouvernementales et même les autorités libyennes, qui ont documenté certains cas, de vouloir nuire à l’image de la Tunisie.
    Pourtant, dès le 5 juillet, Moez Barkallah, député de Sfax, a décrit précisément les modalités d’expulsion des Subsahariens dans une déclaration à la radio Mosaïque FM, faisant état d’un millier de personnes acheminées par bus en un seul jour. Un chiffre qui correspond aux dizaines de témoignages recueillis par Le Monde. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent également des habitants de Sfax applaudir et insulter les migrants au passage des bus qui les transportaient.
    A quelques centaines de mètres de la frontière algérienne, Alpha Oumar, Ibrahima et des dizaines d’autres sont sommés de quitter les bus et de poursuivre leur périple à pied, en plein désert. « Ils nous ont dit d’avancer, sinon ils nous frappaient », se souvient le plus jeune. De l’autre côté, d’autres migrants, encore réunis et tout aussi nombreux, sont confrontés aux militaires algériens. Pris en tenaille entre les agents de la garde nationale tunisienne d’un côté et les militaires algériens de l’autre, Ibrahima et Alpha Oumar errent dans le désert, sans réseau, assoiffés.
    Côté algérien, ils avancent vers une source de lumière, espérant trouver de l’eau, mais le groupe tombe sur un camp militaire. Après les avoir encerclés, les soldats algériens les dépouillent de leurs affaires : téléphones, sacs, passeports, argent, tout y passe. (...) Après leur avoir donné deux bidons d’eau, les soldats ordonnent aux migrants de « courir sans s’arrêter » vers la Tunisie. Les deux Guinéens affirment avoir été malmenés d’un côté et de l’autre de la frontière, plusieurs fois. « C’était marche ou crève », malgré quelques moments d’accalmie où ils ont pu recevoir de l’eau et de la nourriture de la part d’habitants des deux pays. Pendant leur périple, qui a duré une dizaine de jours, ils ont croisé « des Gambiens retrouvés presque morts de soif », un « Camerounais qui avait survécu en buvant son urine », d’autres Subsahariens blessés…
    Après des dizaines de kilomètres de marche, à se cacher des militaires et des gendarmes, et une énième expulsion vers l’Algérie, Alpha Oumar et Ibrahima sont retrouvés par Moez (le prénom a été modifié pour des raisons de sécurité) et d’autres bénévoles qui font régulièrement des rondes dans le désert et les oasis alentour pour venir secourir les migrants en détresse. Ils rejoignent l’oasis de Nefta le 17 juillet, treize jours après avoir été expulsés de Sfax. Ils y séjourneront trois semaines, avant d’être finalement transférés en août dans un centre géré par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Médenine, dans le sud-est de la Tunisie. Ibrahima, revenu malade de cet enfer à cause du manque d’hygiène et d’avoir bu de l’eau non potable, et Alpha Oumar, qui a laissé sa femme et sa fille au pays pour tenter de subvenir à leurs besoins, souhaitent à présent retourner en Guinée. « On a trop souffert en Tunisie », conclut le premier, résigné.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#afrique#algerie#expulsion#violence#frontiere#migrationirreguliere#OIM#retour#postcovid

  • Dans le port d’#Ellouza, en #Tunisie, les migrants entre noyade et #errance

    Ce village situé au nord de Sfax n’est qu’à 150 km de Lampedusa. Un point de départ à haut risque pour les migrants subsahariens qui tentent de rallier l’Europe. Dimanche, une nouvelle embarcation a fait naufrage au large des côtes tunisiennes ; une personne a été tuée et une dizaine d’autres sont portées disparues.

    Après cinq heures de mer, Yannick pose finalement pied sur la terre ferme. Mais du mauvais côté de la Méditerranée. Ce Camerounais de 30 ans, avec des dizaines d’autres migrants subsahariens, vient, jeudi 6 juillet, d’être intercepté par les garde-côtes tunisiens au large d’Ellouza, petit village de pêcheurs à 40 km au nord de Sfax. Envolés les 2 500 dinars (800 euros) que lui a coûtés la traversée vers Lampedusa (Italie).

    Sur la plage, une unité de la garde nationale est déjà en poste pour les accueillir. Les agents tentent de contenir les quelques villageois, curieux, venus assister au débarquement. Hommes, femmes, enfants et nourrissons sont ainsi contraints de quitter leur bateau de fortune, devant des spectateurs amusés – ou au moins habitués – et face à une police sur les nerfs. Un gendarme, tendu, prend son téléphone pour demander des renforts. « Vous nous laissez seuls, personne n’est arrivé », reproche-t-il à son interlocuteur. « C’est tous les jours comme ça, plusieurs fois par jour », maugrée-t-il en raccrochant.

    Les uns après les autres, les migrants quittent le bateau. « Venez ici. Asseyez-vous. Ne bougez pas », crient les agents des forces de l’ordre qui retirent le moteur de l’embarcation de métal et éloignent les bidons de kérosène prévus pour assurer la traversée d’environ 150 km qui séparent Ellouza de Lampedusa. Migrants subsahariens, villageois tunisiens et agents de la garde nationale se regardent en chien de faïence. Dans l’eau, le petit bateau des garde-côtes qui a escorté les migrants surveille l’opération. La présence inattendue de journalistes sur place ne fait qu’augmenter la tension. Yannick, accompagné de son frère cadet, s’inquiète. « Est-ce qu’ils vont nous emmener dans le désert, ne les laissez pas nous emmener », supplie-t-il.
    Violents affrontements

    Depuis une semaine, des centaines de migrants subsahariens ont été chassés de Sfax vers une zone tampon désertique bordant la mer, près du poste frontière avec la Libye de Ras Jdir. D’autres ont été expulsés à la frontière algérienne. Ces opérations font suite aux journées d’extrême tension qui ont suivi la mort d’un Tunisien, lundi 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens, selon le porte-parole du parquet de Sfax.

    Trois hommes, de nationalité camerounaise, d’après les autorités, ont été arrêtés. Dans la foulée, des quartiers de Sfax ont été le théâtre de violents affrontements. Des Tunisiens se sont regroupés pour s’attaquer aux migrants et les déloger de leur habitation. Yannick et son petit frère faisaient partie des expulsés. Les deux hommes ont fui la ville au milieu de la nuit, parcourant des dizaines de kilomètres à pied pour se réfugier dans la « brousse », près d’Ellouza.

    La région de Sfax est depuis devenue le théâtre d’un étrange ballet. Toute la journée et toute la nuit, dans l’obscurité totale, des groupes de migrants subsahariens errent sur les routes communales entourées de champs d’oliviers et de buissons. « A chaque fois, quelques personnes étaient chargées des courses, de l’eau et un peu de nourriture. Il fallait transporter le tout à pied sur plusieurs kilomètres », raconte Yannick. Lui et son petit frère de 19 ans ont dormi deux nuits dehors, avant que leur grande sœur, qui a réussi à rejoindre la France des années auparavant, ne leur paie leur traversée, prévue le 6 juillet à midi.

    « Commerçants de la mort »

    Ce jour-là, près du port d’Ellouza, Hamza, 60 ans, repeignait son petit bateau en bois bleu et blanc. Ce pêcheur expérimenté ne cache pas son émotion face au drame dont son village est le théâtre. Lui-même a dû s’improviser pêcheur de cadavres depuis quelque temps. Des corps sans vie se coincent parfois dans ses filets. « Une fois, j’ai trouvé la moitié du corps d’une femme mais elle était dans un état de décomposition tel que je n’ai pas trouvé par où la tenir. Je l’ai laissée là. Je n’ai pas pu dormir pendant des jours », dit-il, la voix tremblante.
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    Dimanche 9 juillet, une nouvelle embarcation a fait naufrage au large de cette région : une personne est morte et une dizaine d’autres sont portées disparues. En plus des cadavres, les épaves des bateaux métalliques qui servent à la traversée des migrants déchirent souvent les filets des pêcheurs. « Je n’ai pas les moyens de racheter des filets tous les mois », regrette Hamza.

    Le long de la côte autour d’Ellouza, les bateaux métalliques échoués et rongés par la rouille sont innombrables. Ces bateaux, de « très mauvaise qualité » selon le pêcheur, sont construits en quantités importantes et coûtent moins cher que ceux en bois, les pneumatiques ou les barques en plastique qui servaient auparavant à la traversée. « Ce sont des commerçants de la mort », accuse Hamza en pointant aussi bien les passeurs que les politiques migratoires européennes et les autorités tunisiennes.

    « Je retenterai ma chance »

    La Commission européenne a annoncé en juin le déblocage de 105 millions d’euros « pour lutter contre les passeurs [et] investir dans le contrôle maritime des frontières par les Tunisiens », sans compter la coopération bilatérale venant de Paris ou Rome. Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, durant le premier semestre, près de 30 000 migrants sont arrivés à Lampedusa en provenance de Tunisie.

    Sur les rochers recouverts d’algues, des centaines de pneus de voiture, servant à amarrer les navires, jonchent la côte. Depuis la falaise, on aperçoit le corps en début de décomposition d’un migrant. Un autre à quelques mètres. Et puis un autre encore, en contrebas, devenu squelette. Personne n’a cherché à les enterrer, ni à savoir qui ils étaient. Ils font partie des « disparus » en mer. Des chiens rôdent. Le paysage est aussi paradisiaque qu’infernal.
    Lire aussi :
    En Tunisie, les cadavres de migrants s’accumulent à Sfax

    Débarqué vers 17 heures, Yannick sera finalement relâché sur la plage avec son groupe. « C’est grâce à vous, si vous n’étiez pas restés, ils nous auraient embarqués et emmenés à la frontière », assure-t-il. Le soir même, avec son frère, ils ont parcouru à pied les dizaines de kilomètres qui séparent Ellouza de Sfax. Cette fois dans l’autre sens. Après être arrivé à la gare ferroviaire à 3 heures du matin, Yannick a convaincu un vieil homme de leur acheter des tickets pour Tunis.

    Ils sont finalement arrivés sains et saufs dans la capitale. « Il faut que je trouve du travail mais la situation est plus acceptable ici », dit-il. Malgré cette expérience, Yannick est toujours convaincu qu’un avenir meilleur l’attend de l’autre côté de la Méditerranée. « Quand j’aurai l’argent, je retenterai ma chance, promet-il. Retourner au pays n’est pas une option. »

    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/07/10/a-ellouza-port-de-peche-tunisien-la-mort-l-errance-et-les-retours-contraints

    #Sfax #migrations #réfugiés #Méditerranée #décès #mourir_en_mer #Tunisie #désert #abandon #pêcheurs #naufrage

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    déjà signalé par @_kg_ ici :
    https://seenthis.net/messages/1008817#message1009698
    et par @veronique_petit ici :
    https://seenthis.net/messages/1009521

  • Métaliste
    Les « #left-to-die in the Sahara desert »...

    (évidente référence à un rapport de Charles Heller et Lorenzo Pezzani sur le Left-to-die boat : https://forensic-architecture.org/investigation/the-left-to-die-boat)

    Essai de #métaliste sur les expulsions de migrants depuis les pays du #Maghreb (#Tunisie et #Algérie pour le moment) vers leur frontières méridionales, soit en plein #désert...

    #asile #migrations #réfugiés #abandon #expulsions #renvois #déportation

    ping @isskein @_kg_ @visionscarto @pascaline @karine4

    • Algérie, 2021
      Près de 5,000 migrants expulsés du régime frontalier algérien en un mois :
      https://seenthis.net/messages/908723

      Algérie, 2019 :
      Refoulés par l’Algérie vers le Niger, des réfugiés seraient “en #détresse_absolue”, selon la LADDH :
      https://seenthis.net/messages/748393

      Algérie, 2017
      Un millier de migrants nigériens rapatriés d’Algérie :
      https://seenthis.net/messages/627118

      Migrants subsahariens/ Début des expulsions aujourd’hui :
      https://seenthis.net/messages/619668

      EuroMed Droits | A la frontière de l’inhumanité :
      https://seenthis.net/messages/594628

      Algérie, 2016 :
      Des centaines de migrants arrêtés à Alger et conduits dans le sud du pays :
      https://seenthis.net/messages/548367

      Algérie, 2022 :
      Le #Niger voit l’arrivée d’une nouvelle vague de plus de 600 migrants refoulés d’#Algérie
      https://seenthis.net/messages/973793

    • Entre l’Algérie et le Niger, la #prison_à_ciel ouvert d’Assamaka

      Depuis 2014, l’Algérie multiplie les expulsions vers le Niger de migrants subsahariens dans des convois plus ou moins officiels, et sans aucune humanité. Abandonnés dans le désert, ils doivent marcher plusieurs heures pour atteindre le village d’Assamaka, où, livrés à eux-mêmes, ils survivent comme ils peuvent.

      Des files de migrants s’étendent sur une centaine de mètres au milieu du désert nigérien. Ils attendent aux portes du commissariat d’Assamaka. Depuis une dizaine d’années, ce village proche de la frontière entre l’Algérie et le Niger est le réceptacle des migrants d’origine subsaharienne expulsés par l’Algérie. Ces derniers n’ont parfois d’autre choix que d’y rester sans aucune solution et d’errer dans les rues de cette petite localité perdue au milieu du désert. Entre le 1er janvier et le 1er avril 2023, l’ONG Alarme Phone Sahara, qui vient en aide aux migrants dans la zone sahélo-saharienne, a comptabilisé 11 336 personnes expulsées de l’Algérie vers le Niger. Début mai, plus de 5 000 d’entre elles étaient bloquées à Assamaka, selon les autorités nigériennes.

      Depuis 2014, l’Algérie est devenue une machine à expulser
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      . Terre d’immigration pour de nombreux Subsahariens, ce pays a longtemps fermé les yeux sur un phénomène dont tout le monde semblait s’accommoder : ces migrants venaient faire les travaux dont ne voulaient plus les jeunes Algériens. Puis tout a changé après un drame : le 2 octobre 2013, 92 migrants (des Nigériens pour la plupart) sont retrouvés morts dans le désert, à quelques kilomètres de la frontière nigéro-algérienne. Ils faisaient partie d’un convoi de 112 personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants venus de la région de Zinder, dans le sud du Niger
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      . Après cette découverte macabre, les deux États ont multiplié les contrôles sur la route et ont passé un accord (tacite) en décembre 2014 permettant à l’Algérie de renvoyer les femmes et les enfants nigériens entrés clandestinement sur son sol.

      « Cet accord devait permettre à l’Algérie de renvoyer vers le Niger les citoyens nigériens se trouvant en situation d’irrégularité », rapporte l’ONG Alarme Phone Sahara. Mais la réalité est aujourd’hui bien différente. Si, durant les premières années qui ont suivi la signature de l’accord, la plupart des rapatriés étaient des femmes et des enfants (dont beaucoup étaient originaires de la région de Zinder), au fil du temps, les cibles de la police algérienne ont changé. Elle a commencé par expulser des hommes nigériens puis, à partir de 2017, des ressortissants d’autres pays que le Niger – des Ouest-Africains pour la plupart, mais aussi des Syriens, des Palestiniens ou encore des Bangladais. Beaucoup sont de jeunes hommes, voire des mineurs
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      , et certains d’entre eux ne devraient pas être expulsés – soit parce qu’ils sont en situation régulière en Algérie, soit parce qu’ils possèdent une attestation de réfugié délivrée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.

      À partir de 2018, on assiste, selon les mots d’un responsable de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en poste à Niamey à l’époque, à « une véritable chasse à l’homme noir » dans les villes algériennes. Le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme des migrants, Felipe González Morales, s’en inquiète en octobre 2018. À l’issue d’une mission au Niger, il dénonce le « mode opératoire » choisi par les autorités algériennes. « Ces expulsions collectives de l’Algérie vers le Niger constituent une violation flagrante du droit international, notamment du principe fondamental de non-refoulement et des garanties d’une procédure régulière, et doivent cesser immédiatement », assène-t-il. Sans suite. Les autorités nigériennes ont beau dénoncer la dérive d’Alger, rien n’y fait. En février 2017, l’actuel président, Mohamed Bazoum, alors ministre de l’Intérieur, demande à l’Algérie de cesser ces expulsions. Là aussi sans succès.
      Une politique « raciste »

      Le 12 février 2023, un convoi arrive au « Point zéro », un no man’s land situé à la frontière algéro-nigérienne où les autorités algériennes jettent les migrants, en plein désert. Sur les 899 personnes arrivées ce jour-là, Alarme Phone Sahara a recensé une majorité de Guinéens et de Maliens et une seule personne de nationalité nigérienne. Parmi eux, un grand nombre d’hommes, mais aussi des femmes parfois enceintes, des enfants et des personnes âgées. Certains ont été dépouillés de leurs biens lors de leur arrestation. Isolés au milieu du désert, parfois en pleine nuit, toutes et tous se retrouvent sans eau ni nourriture, et doivent parcourir 15 kilomètres à pied pour rejoindre le village d’Assamaka. Un chemin où l’on peut se perdre. En les abandonnant ainsi, le gouvernement algérien les met en danger de mort.

      Comment expliquer qu’Alger profite de cet accord passé avec Niamey pour expulser tous les ressortissants d’Afrique subsaharienne ? « Même au niveau de l’Union africaine, personne ne fait rien, l’Algérie continue de faire ce qu’elle veut », déplore Moctar Dan Yaye, d’Alarme Phone Sahara. Ce dernier dénonce « une politique raciste » de l’Algérie qui cherche à « se débarrasser des Noirs dans le pays ». Une dynamique d’expulsion qui va en s’accentuant. « Selon les chiffres documentés par les lanceurs d’alerte d’Alarme Phone Sahara à Assamaka, au moins 24 250 personnes ont été expulsées d’Algérie au Niger avec des convois officiels et non officiels pendant l’année 2022 », relate l’ONG.

      Face à cet afflux (+ 35 % de demandes d’assistance en 2022 par rapport à l’année précédente, selon le bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies au Niger), les organisations d’aide aux migrants sont désemparées. L’OIM semble paralysée. Moctar Dan Yaye rapporte qu’elle a dû fermer ses portes aux nouveaux arrivants le temps de traiter les dossiers des migrants déjà sur place. Or c’est par cette organisation onusienne que doivent passer les rapatriés d’Algérie lorsqu’ils rejoignent Assamaka. Ils ont le choix entre retenter le passage vers l’Algérie (ou vers la Libye), demander l’asile au Niger, ou rentrer dans leur pays d’origine. Lorsqu’ils optent pour cette deuxième voie, ils doivent en faire la demande auprès du centre de l’OIM à Assamaka. Un centre aujourd’hui fermé aux nouvelles demandes car surchargé. « Depuis le début de l’année, nous avons remarqué un ralentissement dans l’organisation de ces convois de rapatriement. Du coup, les anciens qui étaient là sont restés sur place et les migrants continuent d’arriver. C’est ce qui crée le débordement », témoigne Boulama Elhadji Gori, responsable adjoint de programme pour le Niger au sein de l’ONG Médecins sans frontières (MSF). Fin mars, ni l’OIM ni l’État nigérien n’avaient mis en place de moyens afin de leur permettre de quitter le village. Contactés par Afrique XXI, ils n’ont pas donné suite.

      Les migrants ayant rejoint Assamaka sont donc condamnés à errer dans ses rues. Boulama Elhadji Gori estime aujourd’hui la population du village à 6 000 habitants alors qu’il n’en comptait que 1 000 il y a quelques années. Il parle d’une « crise humanitaire ». « Le village déborde, constate-t-il. Les migrants sont généralement installés dans le centre de santé ou aux abords avec des conditions d’hygiène inacceptables parce que le centre n’a jamais été préparé pour ça. » Dans cette zone, les habitants souffraient déjà d’un manque d’accès aux services publics avant l’afflux des exilés. En outre, ajoute Boulama Elhadji Gori, « ces personnes sont en situation de désespoir, elles s’exposent à plusieurs risques tels que l’extorsion, la prostitution, mais aussi à des conditions hygiéniques qui peuvent affecter leur santé ».
      Une crise humanitaire et sociale

      Moctar Dan Yaye est en contact avec des correspondants sur place. Ces derniers rapportent une situation devenue intenable. « Les migrants bloqués à Assamaka n’ont pas d’autre choix que de mendier toute la journée pour survivre, et de dormir dans les rues du village. Les personnes expulsées volent et abattent même des animaux pour se nourrir. Cela crée des tensions et des conflits supplémentaires », indique-t-il.

      Pourtant, les autorités savent de quoi il ressort. En avril, Elhadj Magagi Maman Dada, le gouverneur de la région d’Agadez, a qualifié la situation de « crise humanitaire et sociale ». Dans le prolongement de ces déclarations, il a invité les chefs des structures institutionnelles et les représentants de la société civile à une réunion au cours de laquelle un groupe de travail a été créé afin de réfléchir à la problématique des conditions de vie des migrants sur place. Le ministre de l’Intérieur du Niger s’est également rendu au centre de l’OIM à Agadez, la grande ville du nord du pays, puis à Assamaka, située à environ 500 km d’Agadez.

      Malgré ces avancées, Alarme Phone Sahara n’a jusque-là pas relevé de changement dans la prise en charge des migrants. Sur place, ces derniers dénoncent le comportement de l’OIM qui continue de ne pas prendre en charge les nouveaux arrivants.

      Moctar Dan Yaye dénonce une volonté de fermer les yeux : « On est surpris par le silence des grandes puissances, alors qu’on tire la sonnette d’alarme depuis des années. » Le 21 mars, MSF a publié un communiqué appelant à protéger les migrants abandonnés dans le désert. L’ONG dénonce une situation sans précédent. « Il faudrait que des sanctions soient mises en place contre l’Algérie pour qu’elle arrête d’agir comme un État outlaw [hors-la-loi] », explique Moctar Dan Yaye. Mais, d’après lui, la mise en place de sanctions internationales paraît pourtant encore lointaine au vu des réactions de l’autre côté de la Méditerranée. Pour lui, la fermeture des frontières européennes n’offre que peu d’espoir quant à une réaction internationale. Il dénonce « la volonté de l’Occident de s’ériger en une forteresse en oubliant que sa propre histoire est faite de migrations ».

      https://afriquexxi.info/Entre-l-Algerie-et-le-Niger-la-prison-a-ciel-ouvert-d-Assamaka

    • Migliaia di persone abbandonate e bloccate nel deserto nigerino dopo i respingimenti dall’Algeria

      Le deportazioni delle autorità algerine continuano. Solo nel 2022 Alarm Phone Sahara ha censito 24.250 persone respinte ad Assamaka, piccolo villaggio nel Nord del Niger. Nel primo trimestre del 2023 sono già oltre 8mila. Intanto l’Asgi denuncia l’assenza di soluzioni per le persone evacuate dalla Libia e bloccate nel Paese

      Ad Assamaka, un piccolo villaggio nel Nord del Niger non lontano dal confine con l’Algeria, si sta consumando da mesi una crisi umanitaria, con migliaia di migranti respinti da Algeri e abbandonati nel deserto senza accesso a cure mediche, protezione, riparo o beni di prima necessità, e una sola forma di prima assistenza offerta dal Centro di salute integrata (Ihc) della stessa Assamaka.

      I respingimenti e le espulsioni dall’Algeria verso il Niger sono iniziati nel 2014 a seguito di un accordo verbale tra i due governi che prevedeva la “riammissione” dei cittadini nigerini “irregolarmente presenti” in Algeria. Da allora le autorità algerine hanno cominciato a deportare i migranti provenienti dall’Africa sub-sahariana, identificati attraverso le loro caratteristiche somatiche, e non si sono più fermate: da settembre 2017 a maggio 2021 sarebbero state espulse almeno 40mila persone (secondo i dati dell’Organizzazione internazionale per le migrazioni, Iom); nel 2022 la Ong Alarm Phone Sahara ha censito 24.250 persone deportate ad Assamaka e nei primi tre mesi del 2023 ne ha contate ben 8.149 provenienti dal Niger ma anche da Benin, Burkina Faso, Camerun, Ciad, Congo, Costa d’Avorio, Costa Rica, Gambia, Ghana, Guinea, Guinea Bissau, Guinea Equatoriale, Liberia, Mali, Nigeria, Pakistan, Senegal, Sierra Leone, Sudan, Sri Lanka, Togo e Yemen.

      Se per i cittadini nigerini sono previsti dei “convogli ufficiali” che li lasciano nei pressi di Assamaka, da dove poi vengono trasferiti ad Agadez o ad Arlit, per tutti gli altri i rimpatri vengono effettuati da “convogli non ufficiali”: avvengono di notte e non c’è alcun contatto con le autorità del Niger, le persone vengono semplicemente abbandonate al cosiddetto “Point zero” e da lì devono raggiungere a piedi, nel deserto, Assamaka. Che dista 15 chilometri. Non a caso, secondo le fonti di Alarm Phone Sahara, nel dicembre dello scorso anno è stata registrata la morte di una persona durante una di queste operazioni, mentre a ottobre è partito un convoglio dall’Algeria con a bordo 1.124 persone e al suo arrivo ad Assamaka solo 818 sono state registrate. Non è chiaro dove siano finite le 306 persone mancanti. Tra il 2020 e il 2021 sono stati identificati 38 corpi senza vita da Medici senza frontiere (Msf) che dal 2018 organizza regolarmente missioni di soccorso per aiutare coloro che si sono persi o sono stati abbandonati nel deserto.

      Msf è attiva ad Assamaka dal 2017, dove effettua consulenze mediche gratuite e trasferimenti dei casi critici alla città di Agadez (distante centinaia di chilometri). Da mesi denuncia che le persone soccorse riportano ferite, alcune anche gravi, hanno subito stupri e violenze, e sono fortemente traumatizzate. Quasi il 70% degli assistiti ha dichiarato di aver patito violenze e trattamenti degradanti da parte delle forze di polizia algerine e libiche. Tra loro ci sono uomini, donne -anche incinte-, bambini e minori. “La gravità degli abusi commessi contro queste persone è indiscutibile -spiega Jamal Mrrouch, capo missione di Msf in Niger-. Le testimonianze dei nostri pazienti e le loro condizioni fisiche e mentali quando arrivano nelle nostre strutture sanitarie dimostrano l’inferno che hanno passato durante la loro espulsione dal territorio algerino e libico”. Basti pensare che nel 2021 l’organizzazione ha svolto oltre 47mila visite mediche, di cui 34.276 dedicate alla salute psicologica.

      A causa di queste vere e proprie deportazioni di massa, la situazione ad Assamaka è diventata insostenibile: il villaggio normalmente conta 1.500 abitanti ma a marzo di quest’anno ospitava il quadruplo delle persone. Secondo quanto riferito da Alarm Phone Sahara, dal dicembre dello scorso anno il centro di accoglienza dell’Iom non registra nuovi migranti e le persone sono accampate ovunque senza nessun tipo di assistenza, una situazione che genera tensioni e insicurezza sociale.

      “Tra l’11 gennaio e il 3 marzo sono arrivati a piedi 4.677 migranti, meno del 15% è riuscito ad avere un riparo o protezione al suo arrivo -dice Schemssa Kimana, responsabile del progetto di Msf ad Agadez-. Le persone dormono in ogni angolo della struttura, alcuni hanno montato tende di fortuna all’ingresso o nel cortile, altri si sono accampati davanti al reparto maternità, sul tetto o nell’area destinata ai rifiuti. Le temperature ad Assamaka possono raggiungere anche i 48 gradi, portando le persone a cercare un riparo dal caldo ovunque riescano a trovarlo. Alcuni dormono in aree insalubri, come le zone di scarico, rischiando malattie e infezioni cutanee”.

      Del resto per i migranti che si trovano intrappolati in Niger le opzioni non sono molte. Spesso giungono nel Paese dopo che la traversata verso l’Europa è fallita, chi è rimpatriato dall’Algeria normalmente viene privato di documenti, denaro e ogni tipo di risorsa, chi riesce a scappare dalla Libia ha subito torture e trattamenti inumani e degradanti. Molti di loro, specie coloro che provengono da Paesi chiaramente instabili, tentano di presentare una domanda di protezione internazionale in Niger, nella speranza di accedere ai programmi di reinsediamento in Europa o in Nord America previsti dall’Alto commissariato Onu per rifugiati (Unhcr).

      Una speranza vana, dal momento che i posti messi a disposizione dai Paesi che dovrebbero accogliere i rifugiati sono pochi e si rivolgono al programma globale di resettlement dell’Unhcr. Anche il programma Etm, il Meccanismo di transito di emergenza rivolto a persone particolarmente vulnerabili evacuate dalla Libia (ne abbiamo scritto su Ae 235), ha mostrato nel tempo tutta la sua debolezza e la sua inefficacia, come è tornata a denunciare in una lettera aperta anche l’Associazione per gli studi giuridici sull’immigrazione (Asgi), che rappresenta una famiglia di quattro persone, di cui due minori e un giovane uomo, tutti provenienti dall’Eritrea e bloccati in Niger da quattro anni. Gli avvocati denunciano che “il procedimento di selezione delle persone che possono essere evacuate è gravato da un elevato livello di discrezionalità e non vi sono garanzie procedurali attivabili dai richiedenti”. Inoltre, “una volta evacuate -come emerge dalla situazione specifica degli assistiti in questione-, non si ha alcuna certezza di essere poi ricollocati, non sussiste infatti un obbligo ad accettare le domande di reinsediamento per i Paesi di destinazione, né di vedersi garantita alcuna forma di protezione in base alla normativa in vigore in Niger”.

      Quello che si osserva è che a seguito dei rigetti della domanda di protezione e dei rifiuti da parte dei Paesi “ricchi” di accettare i resettlement, si va affermando la stabilizzazione di una “soluzione durevole” all’interno del Niger, che da Paese di transito si sta trasformando a Paese di asilo “de facto”, come spiega ancora l’Asgi. Una situazione paradossale dal momento che si tratta di uno dei Paesi più poveri al mondo, ultimo secondo l’Indice di sviluppo umano, dove la criminalizzazione della migrazione –voluta dall’Unione europea– ha fatto crescere esponenzialmente un clima di intolleranza e ostilità verso i migranti.

      A chi si trova nel limbo nigerino resta a questo punto un’ultima opzione: il ritorno “volontario” nel proprio Paese. I programmi di Rimpatrio volontario assistito e alla reintegrazione (Avrr) sono gestiti dall’Iom all’interno del Migration response and resource mechanism (Mrrm), uno strumento attivo nel Paese dal 2015, e co-finanziati dall’Unione europea e dagli Stati membri: tra il 2016 e il luglio 2019 hanno coinvolto nel ritorno al proprio Paese d’origine oltre 50mila persone. Il programma è aperto a tutti i migranti ma, secondo un’indagine sul campo svolta da Asgi nel 2022, un numero consistente delle persone che vi aderiscono è costituito da coloro che sono stati rimpatriati o espulsi dall’Algeria. Ad Assamaka, e in generale nella regione di Agadez dove si trovano le persone che arrivano da Algeria e Libia, dopo le prime 48 ore l’Iom fornirebbe assistenza solo a chi decide di aderire ai programmi di rimpatrio volontario. La questione della “volontarietà” della decisione di rimpatriare era già stata sollevata nel 2019 da Felipe González Morales, Relatore speciale delle Nazioni unite per i diritti delle persone migranti, a seguito della sua missione in Niger.

      Le persone intervistate nei centri di transito dell’Iom ad Agadez e nella capitale Niamey riferivano all’esperto indipendente Onu di aver deciso di tornare nel proprio Paese perché stanche dei soprusi subiti durante il viaggio o perché era l’unica forma di assistenza che era stata loro offerta. È vero che in questi centri lo staff fornisce informazioni sul diritto di chiedere protezione e segnala potenziali richiedenti asilo all’Unhcr, ma dalle informazioni ottenute da Asgi non ci sarebbe “un’obbligazione positiva di referral di persone individuate come potenziali richiedenti asilo o persone che dovrebbero ricevere una particolare tutela rispetto al rischio di refoulement da parte dell’Iom, la quale risponde semplicemente alle segnalazioni delle persone migranti che a seguito di informativa presentano esplicitamente la volontà di chiedere asilo. Grande enfasi è posta infatti sulla volontarietà dell’adesione al programma, che diventa un concetto chiave in relazione al ritorno e alla richiesta di protezione”.

      Questo è particolarmente problematico dal momento che il rimpatrio volontario non contempla il principio di non-refoulement: non è previsto che ci siano Paesi “non sicuri” dove è vietato il rimpatrio dal momento che è volontario. Di nuovo l’Asgi evidenzia quanto questo possa essere rischioso, ad esempio nel caso di persone vittime di tratta: “Lo staff dell’Iom intervistato a Niamey nel corso della missione ha indicato che tra 2020 e il 2021 non è stata riferita all’Unhcr alcuna donna nigeriana vittima di tratta, ma la factsheet dell’Iom pubblicata a dicembre 2021, riporta che nel corso dell’anno 63 vittime di tratta sono state supportate nel fare ritorno nel loro Paese”.

      https://altreconomia.it/migliaia-di-persone-abbandonate-e-bloccate-nel-deserto-nigerino-dopo-i-