La BCE au pied du mur, Editoriaux

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  • La BCE au pied du mur, Editoriaux
    http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0203411313420-la-bce-au-pied-du-mur-661171.php

    Cette fois, il n’est plus temps de tergiverser. La Banque centrale européenne doit envoyer un signal fort pour conjurer la menace de déflation, qui est aux portes de la zone euro. La hausse des prix à la consommation au sein des 18 Etats membres a atteint seulement 0,5 % en mars.

    #UE #ZE #BCE #Deflation

    • OFCE Département analyse et prévision, sous la direction de Xavier Timbeau Extraits
      LE COMMENCEMENT DE LA DÉFLATION PERSPECTIVES 2013-2014 POUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

      La déflation contagieuse
      L’entêtement des autorités européennes à poursuivre dans la
      voie de l’austérité budgétaire et des réformes structurelles ouvre la
      porte à une contagion de la déflation à l’ensemble de la zone euro
      par la généralisation des stratégies de déflation compétitive.
      La baisse des salaires fait partie de la stratégie des autorités euro-
      péennes pour accompagner l’austérité budgétaire : la dévaluation étant impossible en union monétaire, c’est la baisse des salaires qui doit permettre de réduire les déséquilibres extérieurs par la relance des exportations, via des gains de compétitivité.

      ...

      Par contre, cette stratégie paraît vouée à l’échec à moyen terme.
      Les pays de la zone euro commercent principalement entre eux.
      Dès lors, les gains de parts de marché à l’export des uns sont les
      pertes de parts de marché des autres.

      ...
      Les méfaits de la déflation
      La déflation salariale, une fois enclenchée, s’auto-entretient par
      différents canaux qui pèsent sur le chômage. En premier lieu, la
      modération des coûts salariaux limite la progression des revenus
      des ménages, ce qui pèse en retour sur leur consommation. La
      baisse des revenus nominaux limite les capacités d’emprunt des
      ménages. Elle pèse sur les perspectives de débouchés des entre-
      prises, donc sur l’investissement en zone euro et in fine sur l’emploi. La baisse de revenu des ménages et la baisse de la consommation ont aussi pour conséquence une érosion de la base fiscale : baisse des recettes de TVA, de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les bénéfices des sociétés. Le taux de chômage élevé pèse sur les comptes sociaux via une hausse des dépenses d’allocationschômage et via une baisse des cotisations sociales liée à la contraction de la masse salariale. Les baisses de rentrées fiscales dégradent la soutenabilité de la dette publique en rendant d’autant plus difficiles à atteindre les objectifs de déficit, et poussant les États à renforcer l’austérité budgétaire. La déflation salariale rend le processus de désendettement privé encore plus difficile, voire intenable. Les ménages endettés peuvent se retrouver dans l’incapacité de faire face à leurs échéances. Or les prêts des ménages rapportés au PIB nominal sont plus élevés en 2011 par rapport à 2007 (graphique 15). L’augmentation est marquée dans les pays en crise – de +15,3 points en Grèce, +11,5 points en Irlande et +3,6 points au Portugal mais aussi dans les autres pays – +10,6 points en Finlande, +9,6 points aux Pays-Bas et +8,4 points en France. Par contre ils baissent enAllemagne (-4 points) et légèrement en Espagne (-1 point). Les systèmes bancaires en zone euro sont donc plus exposés au risque de défaut des ménages qu’avant la crise. Une nouvelle hausse de défauts privés générerait alors des pertes à un système bancaire déjà fragilisé. Dans le pire des cas, de nouvelles faillites de banque reconduiraient la zone euro dans une situation inextricable et les cinq années perdues se transformeraient en décennie perdue.