►http://www.du9.org/dossier/a-propos-de-lart-invisible-de-scott-mccloud
Voici donc une voiture qui, selon son dessinateur, roule à 100 km/h. Regardez-la bien. Outre le fait qu’il s’agisse d’un profil égyptien, ce qui est probablement l’angle de vue le moins dynamique que l’on puisse imaginer pour donner une sensation de mouvement à quoi que ce soit, outre le fait que ce rigide profil ne roule pas mais vibre comme une corde de guitare, outre le fait que le dessinateur a l’idée judicieuse de contrecarrer le mouvement de gauche à droite de la voiture par un arbre qui en brise visuellement la course, eh bien ses roues voient se renforcer leur courbure par un trait appuyé du côté où la vitesse et le mouvement devraient la rendre diffuse ; et au cas où par distraction on corrigerait mentalement le tir en se disant que, raisonnablement, c’est bien en avant que ça roule, une voiture, à 100 km/h, McCloud a eu la bonne idée de doubler ce ratage, de l’assumer bien à fond par un fantôme de plomb un centimètre plus loin.
Dans de telles conditions, plus aucune chance que cette chose avance, à quelque vitesse que ce soit. Et ça, c’est un problème théorique. C’est un problème dans la théorie-même de l’auteur de L’art invisible, qui, nous le verrons est une théorie de l’adéquation efficace du signe au message. C’est un problème dans sa propre théorie du sens.
L.L. de Mars particulièrement disert sur le sujet, de tout cœur avec lui.