Révolution Permanente

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  • Christian Porta soumis à un « interrogatoire politique » à la gendarmerie : une intimidation grave
    https://www.revolutionpermanente.fr/christian-porta-soumis-a-un-interrogatoire-politique-a-la-genda

    Une criminalisation de l’activité syndicale telle que le procureur de la République a même dû intervenir pour empêcher la garde à vue prévue pour le syndicaliste, transformée en audition libre pendant deux heures dans les locaux des forces de répression. Une répression délirante qui vient prolonger l’offensive subie depuis février par Christian Porta. Si la direction était déjà coutumière des mesures policières, n’hésitait pas à intimider les travailleurs au sein de l’entreprise, appelant dans un tract les travailleurs solidaires de Christian Porta à « se manifester pour discuter de leur sortie hors de l’entreprise dans les meilleurs délais », et avait déjà fait appel à la gendarmerie pour empêcher le syndicaliste, en février, d’accéder au site de l’usine pour remplir ses devoirs syndicaux, elle semble prête à tout pour en finir avec le syndicaliste et sa section syndicale.

    Face à cette atteinte grave aux libertés syndicales, le syndicaliste dénonce, à la sortie de l’entretien, l’implication de la gendarmerie dans la campagne d’intimidation orchestrée par la direction d’InVivo et son DRH, Sébastien Graff : « Aujourd’hui, la gendarmerie m’a dit qu’elle était neutre. Mais c’est moi qui ait dû donner mes empreintes, pas mon patron alors qu’il a été signalé par la justice. C’est à ma porte que vient la gendarmerie le matin pour me menacer de garde-à-vue alors qu’il n’y a aucun élément matériel qui justifie cela. C’est ça la neutralité de la gendarmerie : alors même que la justice dit que je dois être réintégré, la gendarmerie est à chaque fois derrière la barrière avec ma direction, elle prenait la carte d’identité des élus du personnels qui rentraient dans l’usine et bloquait les grévistes alors qu’elle ne l’a jamais fait avec la direction ».

    En rapport avec : https://seenthis.net/messages/1056346

  • Anti-écolos, anti-syndicats, hors-la-loi : qui est Sébastien Graff, le DRH en guerre contre la CGT ?
    https://www.revolutionpermanente.fr/Anti-ecolos-anti-syndicats-hors-la-loi-qui-est-Sebastien-Graff-

    La répression syndicale contre Christian Porta, délégué CGT Neuhauser-InVivo, est emblématique de la radicalisation du patronat. A la manœuvre, Sébastien Graff, ancien DRH de PSA Aulnay, qui a fait de la lutte contre le syndicaliste une affaire personnelle.

    DRH d’une société comptant plus de 14 000 salariés, Sébastien Graff s’est pourtant présenté en personne à l’audience du conseil des Prud’hommes qui se tenait le 10 mai dernier, et opposait Christian Porta, délégué CGT de Neuhauser, une filiale du groupe InVivo, à sa direction. Un dirigeant de multinationale pour participer au procès d’un syndicaliste ? Le symbole en dit long, surtout si on se rappelle que ce jour-là, c’est un licenciement totalement illégal, prononcé malgré le refus de l’inspection du travail, que le cadre supérieur était venu défendre.

    Assumant un rôle de « DRH militant », Sébastien Graff aime exposer la façon dont il perçoit son rôle de DRH. Dans une interview vidéo pour le média Circuits culture, il se décrit comme un coach, expliquant avoir retranscrit chez InVivo les valeurs du sport que seraient « le goût de l’effort, la solidarité et la victoire et le gout de la victoire et la recherche de la performance permanente ». Mais derrière cette novlangue managériale, l’homme laisse transparaître un visage bien plus politique et brutal, n’hésitant pas à user des pires méthodes pour tenter d’éliminer un syndicat combatif et affichant haut et fort ses opinions anti-écolos.
    Un DRH très politique

    Depuis des mois, l’homme a fait de la lutte contre Christian Porta une affaire personnelle. Sur Twitter, le DRH se répand en calomnies contre le syndicaliste, l’accusant ouvertement d’être « un auteur de harcèlement moral » et allant jusqu’à soutenir que « des gens n’en dorment plus, des personnes […] n’osent à peine témoigner de de cauchemar ». Des accusations que l’entreprise a tenté de démontrer à partir d’une enquête interne très orientée, qui n’aura convaincu ni la justice ni l’inspection du travail.

    Mais l’activisme du DRH sur les réseaux ne s’arrête pas là. Sur X, le quinquagénaire publie frénétiquement et fait part, sans ambages, de sa profonde détestation de la gauche. Ses tweets et retweets dessinent le monde de Sébastien Graff, où Envoyé spécial est une officine d’ultra-gauche, les parlementaires du groupe LFI sont assimilés à des « gréviste d’étudiants en sociologie à Tolbiac » et « la gauche qui défend la présence des drag-queens et des ateliers de sensibilisation à la cause trans » à des fous.

    Son hostilité s’étend également aux syndicats, particulièrement la CGT, s’en prenant à Sophie Binet la « rouge ». Outre les « gauchistes », Sébastien Graff s’emploie également à dénoncer avec une extrême virulence l’autre « peste » (selon ses termes) que sont les écologistes. Il fait preuve d’une véritable obsession pour les parlementaires du groupe EELV et tout particulièrement pour ses membres féminins. Répondant régulièrement à leurs publications, il n’hésite pas à traiter Marine Tondelier de « clown » ou à s’insurger contre Sandrine Rousseau lorsque celle-ci ose dénoncer les politiques natalistes. Cette campagne contre l’écologie politique menée par celui qui est également en charge de la communication de la multinationale s’inscrit pleinement dans une stratégie de discrédit des voix qui s’élèvent contre le modèle productiviste et destructeur poursuivi par le géant de l’agrobusiness qu’est Invivo, qui compte à son actif deux procès (et deux défaites) contre des organisations écologistes : Greenpeace et Extinction Rebellion.

    Entre deux invectives envers les militants écologistes et la gauche, Sébastien Graff ne manque pas de relayer les discours de journalistes connus pour leurs positions très favorables à l’industrie agroalimentaire et leur négation des dangers des pesticides comme Emmanuelle Ducros, mise en cause pour avoir été rémunérée par des lobbys de l’agroalimentaire ou Géraldine Woessner, journaliste épinglée par deux fois par le Conseil de déontologie des journalistes pour ces articles sur les pesticides et sur la manifestation brutalement réprimée de Sainte-Soline. Alors que ces derniers jours cette dernière a choqué largement en expliquant à Rima Hassan dans un tweet « il n’y a pas de journaliste palestinien. Vous collez un concept occidental sur une entité qui n’existe pas », Sébastien Graff lui envoyait ce dimanche son soutien.

    Pas étonnant lorsque l’on sait que son hostilité envers la gauche le pousse même à retweeter les propos d’une figure de l’extrême-droite comme Charles Gave, économiste ultra-libéral, violemment hostile à la sécurité sociale, et financeur en 2021 de la campagne présidentielle de Éric Zemmour... Une attitude « sans limite », qui témoigne de l’impunité dont jouit le DRH, que ni la décence ni la loi ne semblent arrêter.
    La mise en œuvre de la stratégie d’un patronat radicalisé

    Sébastien Graff doit avant tout sa place au sein de la multinationale à la solide expérience de répression et de déstabilisation des mobilisations des travailleurs et des syndicats. Avant même la fin de ses études, il décide de se faire la main auprès du directeur général des mines de potasse d’Alsace alors en charge de les fermer. Ce processus aboutira à mettre plus de 1 000 mineurs au chômage. Lui, dans le portrait que lui dédie la revue Personnel en février 2018, se souvient avoir « beaucoup appris sur la négociation salariale et la gestion des conflits ».

    Après être passé par l’industrie pharmaceutique, il rejoint en 2001 le groupe PSA en tant que responsable des relations sociales de l’usine d’Aulnay-sous-Bois. En charge de l’unité de montage de l’usine, il a déjà en ligne de mire les syndicats et en particulier la CGT. Comme se souvient Jean-Pierre Mercier, salarié et délégué syndical CGT de l’usine, « six mois, un an avant les élections professionnelles, Sébastien Graff s’appliquait à faire le vide autour de la CGT. Toute personne qui s’en rapprochait pouvait se voir convoquer, mettre au placard, imposer des conditions de travail plus dures, refuser des augmentations de salaire, etc. »

    Le groupe PSA est aussi un lieu d’apprentissage de la « gestion de crise » pour Sébastien Graff. En 2007, alors que des centaines de salariés font grève pour obtenir des augmentations de salaire, Sébastien Graff participe avec la direction du site au remplacement des grévistes par des intérimaires. PSA est alors condamné en justice pour cette pratique parfaitement illégale.

    Après 7 années de bons et loyaux services, son action au sein du groupe PSA sera récompensée par une promotion qu’il refusera cependant pour rejoindre le groupe InVivo en 2008. En qualité de DRH monde, il s’illustre rapidement pour son action contre les syndicats. « Faut-il rappeler que vous avez, à votre toute première réunion en tant que nouveau dirigeant, tenté de licencier notre représentant Cédric Grangeot, et que l’inspection du travail a démonté vos mensonges grâce à l’enregistrement audio, menant ainsi également à sa réintégration ? » rappelait récemment sur les réseaux sociaux le syndicat SUD Commerce Ile-de-France à Sébastien Graff.

    Une référence à un cas de répression syndicale typique du DRH, en de nombreux point similaire à l’offensive contre Christian Porta. « Pendant la crise Covid, ce syndicaliste qui reprochait notamment à la direction de faire travailler les salariés dans des conditions sanitaires inacceptables, avait été licencié sur la base d’accusations de propos agressifs en réunion » raconte un syndicaliste de la CGT InVivo ayant suivi l’affaire. Un cas de répression syndicale qui vaudra à la multinationale d’être épinglée par l’inspection du travail et condamnée par le Conseil des prud’hommes de Créteil.
    Répression syndicale : des méthodes brutales et hors-la-loi contre la CGT

    C’est avec les mêmes méthodes patronales bien rodées au cours de sa carrière que Sébastien Graff mène désormais son offensive contre la CGT Neuhauser en ciblant Christian Porta. Pour évincer le syndicaliste, l’entreprise n’hésite pas à monter un dossier pour « harcèlement » contre ce dernier, tout en intimidant par un courrier les salariés qui seraient solidaires du délégué CGT, dont l’organisation a rassemblé 74% des voix aux dernières élections professionnelles.

    Pour s’assurer d’écraser toute solidarité, la direction d’InVivo a mis son personnel sur le pied de guerre. « Dès le lendemain de ma mise à pied, deux responsables RH de InVivo ont débarqué soi-disant pour "apaiser le dialogue social". En réalité, ils sont les yeux et les oreilles de Sébastien Graff, et participent à créer un climat de peur, en évoquant auprès des salariés la menace de potentielles convocations » explique Christian Porta. Récemment, 4 salariés proches de la CGT ont d’ailleurs été mis à pied pour des faits dérisoires.

    Contrainte de laisser Christian Porta accéder à l’usine par une décision de justice, la direction d’InVivo a dans le même temps décidé de le fliquer. « Ils ont embauché un huissier à 500€ de l’heure pour être sur le site quasiment 24h/24 et me surveiller. Ça crée un climat anxiogène, dans la salle de pause l’huissier me suit, l’objectif c’est de m’empêcher de parler avec mes collègues et surtout de s’organiser » raconte le délégué CGT de Neuhauser. De quoi créer un climat désastreux dans l’entreprise. « De nombreux salariés dénoncent un climat anxiogène qui rappelle les moments de licenciement économique que nous avons connu dans l’entreprise » raconte un militant de la CGT Neuhauser. Une pression qui s’accompagne de menaces ouvertes de « fermeture de l’usine », là encore totalement illégales.

    Des tentatives d’intimidations qui n’ont pas empêché une large solidarité de s’exprimer avec le délégué CGT, avec des journées de grève dès le mois de février dernier et, récemment, des débrayages et grèves importantes contre l’offensive de l’entreprise. Pour Christian Porta, il s’agit d’une belle revanche. « Sébastien Graff ne respecte rien. Pendant les NAO, il ne fournit aucun document, et fait tout pour avoir le contrôle sur tout. Il m’a déjà coupé le micro en réunion. Il a également limité la possibilité d’utiliser l’intranet pour communiquer avec les salariés dès qu’on a commencé à diffuser des articles dénonçant la répression syndicale. Malgré cela, les travailleurs restent unis et se mobilisent massivement » conclut le syndicaliste.

    Depuis le 7 février, les condamnations se multiplient face aux pratiques de InVivo : Neuhauser a été épinglé deux fois par le Tribunal judiciaire de Sarreguemines, une fois par le Conseil des Prud’hommes de Forbach, sans compter le refus de licenciement de l’Inspection du travail. Le 30 mai dernier, fait rarissime, le Tribunal judiciaire de Sarreguemines a même fait le choix de saisir le Procureur de la République après avoir constaté l’existence de multiples infractions pénales.

    Alors que Sébastien Graff s’affranchit ouvertement des quelques principes qui protègent encore le droit du travail malgré les rappels à l’ordre répétés des juridictions et de l’administration, son hyperactivité pour obtenir le licenciement de Christian Porta est révélatrice de la détermination d’InVivo à éradiquer une section syndicale combative. Une offensive qui vise à mettre au pas les travailleurs, à laquelle ils ont opposé une réponse ferme, en se mettant cette semaine en grève pour la réintégration de Christian Porta.

    Une mobilisation exemplaire, avec laquelle la solidarité doit être la plus large, dans la continuité des nombreuses marques de soutien exprimées ces derniers mois devant le siège de InVivo, devant le siège de Neuhauser, au Port de Metz mais aussi dans les tribunes publiées par Basta ou Mediapart.

    Pour soutenir Chritian Porta et les Neuhauser, donnez à la caisse de grève !

  • Condamnation d’Anasse Kazib : 2 ans après, le procès d’un ouvrier arabe candidat à la présidentielle
    Paul Morao | 31 mai | RP

    https://www.revolutionpermanente.fr/Condamnation-d-Anasse-Kazib-2-ans-apres-le-proces-d-un-ouvrier-

    En novembre 2021, Aymeric Lompret imaginait dans une chronique sur France Inter les candidats de gauche à la présidentielle en pleine bagarre. « Après, la police arrive, ils embarquent personne sauf Anasse Kazib » blaguait alors l’humoriste. Quelques mois plus tard, Anasse Kazib était convoqué en pleine campagne au commissariat pour « organisation d’une manifestation non déclarée » suite à des prises de parole devant la Sorbonne, où des soutiens avaient convergé en réponse aux menaces de l’extrême-droite contre la conférence qui devait se tenir dans l’université.

    Deux ans après les faits, l’État a finalement décidé de poursuivre l’ancien candidat à la présidentielle pour cette démonstration de solidarité. Le procès s’est tenu ce jeudi à Paris dans le cadre d’un acharnement délirant. Si la condamnation du cheminot à 1500€ d’amende a choqué et suscité un large soutien, l’audience a cependant été peut-être plus violente encore que la décision, dont le porte-parole de RP a fait appel.

    Ce jeudi, la procureure et la juge se sont en effet livrées à un déni total de l’offensive de l’extrême-droite subie par l’ancien candidat à la présidentielle, tout en affichant clairement leur mépris. Tout le long, l’audience aura ainsi visé à nier l’existence de la campagne des « Natifs », groupe issu de Génération Identitaire, qui avait recouvert le quartier latin d’affiches « 0% français, 100% islamiste » avec le portrait d’Anasse Kazib et appelé à empêcher la tenue de la conférence, menaçant de l’attaquer. (...)

  • Koinè : après la catastrophe, après la révolution, comment refermer les blessures ?
    https://www.revolutionpermanente.fr/Koine-apres-la-catastrophe-apres-la-revolution-comment-refermer

    Paru aux éditions La Volte, ce petit roman évoque l’ambiance mélancolique d’un monde post-apocalyptique où la révolution socialiste a mis fin au capitalisme. Un combo rarement vu et réussi.

    La révolution a eu lieu, et le capitalisme a été renversé. Voilà quinze ans que, suite à une catastrophe climatique, les pauvres ont mis fin à l’exploitation et à la propriété privée. Alors que les océans ont monté de plusieurs centaines de mètres, pendant que les riches tentaient à tout prix de sauver leurs biens et leurs monuments, ces derniers furent simplement expropriés. Quinze ans après, Koinè , le nouveau roman de Mélanie Fievet, présente quatre personnages, tous réunis dans la Ville, un des vestiges les plus poussiéreux de l’ancienne société, en marge des plateaux où la nouvelle société s’est construite. On y trouve, Elpy, une travailleuse solitaire et traumatisée, Aliocha, geek qui ne trouve aucune place pour lui dans ce nouveau monde, Soran, ancien dirigeant révolutionnaire qui a perdu prise et Bob Blaine, le réceptionniste mutique d’une pension où échouent ces âmes en peine. Autour d’eux, le Chœur, qui est à la fois la voix de la collectivité, son chant, sa démocratie, ses débats et son histoire.

    De la catastrophe naît le communisme

    La première surprise du roman se trouve dès l’exposé de cette nouvelle société. Même si le roman n’en a pas l’air, nous sommes bien dans un univers post-apocalyptique : les océans sont montés si haut que l’humanité survit sur les plateaux des grandes chaînes de montagnes, sans savoir s’il reste d’autre survivants. Les saisons se sont totalement déréglées et la catastrophe n’a pu que tuer des centaines de millions voir des milliards d’êtres humains et autant d’espèces animales et végétales. Mais là où le roman prend le contre-pied des univers post-apocalyptiques, c’est que de cette catastrophe, une société nouvelle, souhaitable et égalitaire est née. Les grandes œuvres de science fiction post-apo nous ont pourtant habitués à voir la catastrophe comme la fin de toute civilisation : des hordes de motards dégénérés de Mad Max aux zombies de Je suis une Légende, en passant par le monde confiné dans un train de Snowpiercer, dans l’imaginaire collectif, la catastrophe mondiale, fusse-t-elle nucléaire, sanitaire, ou écologique, ne peut déboucher que sur un recul extraordinaire de la civilisation. Un tel recul qu’y renaît les famines, l’esclavage et les seigneurs de guerre.

    Mélanie Fievet propose une autre approche du post-apo : aux tréfonds de la catastrophe, ce sont ceux qui l’ont causé qui sont renversés. « Les journées s’agitaient. Averses, tempêtes, canicules et gelées, parfois d’un bord à l’autre e la même rue, ou dans la même heure. Les mangroves se noyèrent les premières, les pinèdes, les palmeraies. Puis on vit éclore des palétuviers, des roses et des sambacs sur les hauteurs du Cause, sur les remparts de leur coffre-fort. Plus tard, on appela ce moment la floraison des possibles. Le temps était venu pour nous de faire éclore sa plus fabuleuse fleur : la révolution. » Comme quoi, même quand l’humanité est au bord gouffre, There is an alternative.

    Cette approche, loin d’être saugrenue, est, dans un sens, réaliste. Depuis les premiers débuts du capitalisme, nombre de révolutions qui ont tenté de l’abolir sont nées dans ces moments de crise aiguës, à commencer par la Commune et la Révolution Russe, filles des guerre franco-prussiennes et de la Première guerre mondiale et de leurs atrocités. Tout comme les grandes crises économiques peuvent créer des situations où les antagonismes de classes explosent en révoltes et révolutions, la crise climatique créera sûrement, à court ou moyen terme, de telles situations. Et alors que riches sauveront ce qu’ils pourront et tenteront de s’exiler sur les dernières terres viables, le seul avenir possible ne sera pas la résignation. Cette leçon est riche, tant aujourd’hui il semble plus simple d’imaginer la fin de l’humanité, par une guerre mondiale ou une crise climatique, que la fin du capitalisme qui les cause et les entretient.

    Après la libération des chaînes, la libération des âmes

    Quinze années après la révolution, les choses ont changé à une vitesse inimaginable : « Liberté, dignité, justice, l’aisance pour tous », telle est la promesse de Koinè [traduire : la Commune], cette nouvelle société libérée de l’exploitation. Chacun y travaille quatre heures par jour, puis peut se consacrer à ce qu’il veut : « aux sciences, à l’art, à l’exploration, au langage, aux exercices du corps, au jeu, à l’infinie constellation du génie humain ». Chacun peut s’exprimer et apporter au Chœur, chant collectif aux infinies variations, ses notes, ses tons, ses rythmes et ses mélodies. La langue s’est transformée, comme les relations sociales. Mais malgré la libération matérielle subsiste les blessures et les blessés. « Pourquoi, dans un monde utopique, est-ce qu’on choisit quand même de se suicider ? » se demande Elpy, qui n’a pas su se remettre du départ de sa sœur.

    « Bien sûr que nous sommes traversés par les lignes du doute, du désaccord, du désespoir parfois. L’utopie que nous avons bâtie n’a pas aboli pour toujours le chagrin, la violence et le vertige. Elle n’a pas garanti le bonheur universel et sans faille.

    Il y a de l’or et de la lumière, pourtant, à fondre dans ses fêlures », y répond le Chœur.

    Là encore, Mélanie Fievet sort des caricatures et propose un autre monde. Oui, la révolution devra écraser ceux qui lancent des armées contre elle et cherchent à la détruire, à la ruiner. Mais que faire des insatisfaits ? Que faire des nostalgiques de l’ancien monde, de ceux qui n’arrivent pas à s’épanouir dans le collectif mais qui ne s’arment pas pour le détruire ? Que faire de ceux, trop traumatisés par le capitalisme et ses horreurs, que même une société tournée vers leur rémission est insuffisante ? Ce sont ces personnages que l’on suit dans le roman.

    Mais quel or fondre dans ces blessures ? Tout d’abord, à défaut de soigner, accepter. Aider, psychologiquement. Admettre que certains ne pourront pas travailler, même ses quatre heures quotidiennes, même pour des tâches adaptées : à chacun selon ses besoins. Proposer un endroit où vivre, malgré tout. Laisser les gens errer quand ils en ont besoin et les recueillir quand ils y sont prêts. Telle est la réalité de Koinè : non pas le bonheur automatique, mais une société à construire où certains traumatismes et angoisses survivront à la mise en place d’une économie où personne ne manquera de rien. Une société qui nous met en garde : si la révolution libérera des milliards de personnes de leurs chaînes et de leur misère, il restera des plaies béantes qu’il faudra panser.

    Sous les pavés le spleen

    Malgré ce monde post-apocalyptique et les âmes en peine que suit le roman, celui-ci est tout sauf un drame. Le style particulier de Mélanie Fievet et cette langue nouvelle que chante le Chœur et qu’écrit le Texte, une sorte de réseau social où s’écrit une littérature collective, où chacun complète d’une phrase une symphonie entamée par d’autres écrivains, ne nous emmène ni dans la tristesse ni dans l’angoisse que peuvent vivre Elpy, Soran ou Aliocha. Et c’est peut-être la plus grande réussite de Koinè : nous emmener cahin-caha suivre ces esprits brisés où chacun pourra surement se reconnaître à un moment donné. Au fil de la lecture, une forme de nostalgie duveteuse entoure le lecteur. Malgré les évènements, on aimerait se reposer, pour un jour, une semaine, dans la pension où se trouvent les personnages, pour se couper du monde. Dans ce sens, Koinè ressemble beaucoup à l’anime Cowboy Bebop, qui suivait des chasseurs de prime en errance, échouant à cicatriser les blessures de leur passé, mais sans jamais s’effondrer. La bande-son jazz de l’anime peut presque résonner dans les rues de la Ville de Mélanie Fievet, pour ceux qui voudraient l’entendre.

    Koinè , Mélanie Fievet, 120 pages, Editions la Volte, 9€

  • Assurance chômage : le gouvernement s’acharne sur les chômeurs les plus précaires | Alternatives Economiques
    https://www.alternatives-economiques.fr/assurance-chomage-gouvernement-sacharne-chomeurs-plus-preca/00111203

    Reportées à cause de la crise néo-calédonienne et de l’assassinat de deux agents pénitentiaires, les nouvelles mesures concernant l’assurance chômage devraient enfin être dévoilées par le Premier ministre en début de semaine prochaine, voire dès ce week-end.

    L’annonce d’un nouveau tour de vis ne fait guère de doute. La question est de savoir quels sont les leviers que le gouvernement choisira en définitive d’activer : durée de travail nécessaire pour être indemnisé (6 mois aujourd’hui), période de référence pendant laquelle le demandeur d’emploi doit avoir travaillé (24 mois actuellement), durée maximale d’indemnisation (18 mois pour les chômeurs de moins de 53 ans à ce jour), délai de carence avant de toucher une allocation ou encore révision des règles concernant les seniors…

    Pris isolément ou combinés entre eux, ces paramètres auront des conséquences plus ou moins sévères selon les catégories de chômeurs et généreront des économies conséquentes, voire massives. C’est ce que montre un document de travail de l’Unédic diffusé aux partenaires sociaux mais non rendu public.

    https://justpaste.it/2o52b

    • Sur un réseau craignos (mais pas trop), Yann Gaudin nous informe :

      Petit répit avant la sauvagerie

      On nous annonce finalement l’entrée en vigueur au 1er décembre 2024 de la nouvelle lame très tranchante en matière de protection des salariés en situation de chômage, avec les détails techniques dans un décret au 1er juillet.

      Nous serons alors quasiment le pays le plus insécurisant d’Europe tous paramètres combinés (conditions d’accès, durée et montant d’indemnisation).

      Il faudra désormais avoir travaillé minimum l’équivalent de 8 mois à temps plein sur 20 mois pour bénéficier de la protection par une indemnisation, sinon ce sera la très grande pauvreté du RSA (rien du tout pour les jeunes) ou le suicide.

      Vous ne serez plus indemnisés que maximum 15 mois si vous avez moins de 57 ans. Après ce sera la très grande pauvreté du RSA (rien du tout pour les jeunes) ou le suicide.

      Vous ne serez plus indemnisés que maximum 30 jours par mois, donc vous perdrez des jours d’indemnisation.

      Pour rappel, il n’y a actuellement qu’1 emploi pour 5 personnes en situation de chômage et encore, en comptant les contrats courts et à temps partiel. Appauvrir sauvagement des millions de français, est-ce que ça va faire pousser des emplois ?

      A la fin de cette année 2024, les salariés ne vivront plus vraiment en France :
      😑 Il n’y aura plus de liberté de choisir son parcours professionnel, si vous souffrez dans votre emploi vous devrez y rester quand même sous peine de finir vite dans un désastre personnel et familial, et bon courage pour négocier une augmentation de salaire quand votre employeur vous rappellera votre chance d’avoir au moins un emploi.
      😑 Il y aura encore moins d’égalité entre les citoyens aisés aux gros revenus garantis & gros patrimoines protégés et les travailleurs appauvris ou menacés en permanence de l’être.
      😑 Enfin il n’y aura quasiment plus de fraternité envers celles & ceux qui n’auront pas la chance d’avoir un CDI à temps plein bien payé et épanouissant.

      Amis salariés, une pensée à vous et à vos proches, il va y avoir des drames parmi vous, et la délinquance voire la criminalité risquent fort d’augmenter car toutes les insécurités sont liées.

      https://www.facebook.com/yann.gaudin/posts/pfbid02rv5wyz3p21oKSNV3GYM5VteFfoQ3CtATFLLUDyEcMA5F9mekGDd4R5gAaC4VYEgWl

    • chez Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/economie-et-social/260524/assurance-chomage-le-grand-jeu-de-massacre

      Pour inciter les entreprises à embaucher des séniors, le premier ministre dégaine le « bonus emploi » permettant de cumuler salaire et allocations-chômage. [...]

      Rien de coercitif, donc, pour les entreprises qui jettent des salarié·es jugé·es trop âgé·es. Mais tout pour les patrons qui cherchent de la main-d’œuvre, qualifiée et expérimentée, pour pas trop cher. « Je suis une entreprise, je balance tout le monde à 55 ans, et après deux ans de chômage je les récupère à moitié prix », commente dans Libération le président de la CFE-CGC, François Hommeril.

      (qui cite Libé : https://www.liberation.fr/economie/social/assurance-chomage-gabriel-attal-confirme-une-reduction-de-la-duree-dindem )

    • une petite explication historique de la manip de Macron pour virer le paritarisme de l’assurance chômage, avoir (enfin) les mains libres, et abattre cette partie du système social en toute tranquillité. Le plan était visiblement prévu de longue, les premieres actions datent de 2018 :

      https://ses.ens-lyon.fr/articles/main-basse-sur-lassurance-chomage

      Quatre mois plus tard (juin 2018), la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel (LCAP, art. 54) réécrit l’article L 5422-9 du code du travail qui édicte que l’allocation chômage est financée par des contributions des salariés. Celles-ci sont donc supprimées, si bien que l’affirmation selon laquelle cette « exonération » serait « sans aucun impact sur les droits sociaux » (annexe 4) s’efface au profit d’une autre lecture.

      Le président de la République précise en effet que cette réforme « transforme la philosophie même de notre solidarité nationale [qui] est de moins en moins une assurance individuelle, assortie d’un droit de tirage, financée par l’ensemble des contribuables, […] l’assurance chômage aujourd’hui n’est plus du tout financée par les cotisations des salariés » mais « par les cotisations des employeurs et par la CSG. Cette transformation, il faut en tirer toutes les conséquences ; il n’y a plus un droit au chômage, au sens où on l’entendait classiquement, il y a l’accès à un droit qu’offre la société mais sur lequel on ne s’est pas garanti à titre individuel, puisque tous les contribuables l’ont payé [4] ».

      Alea jacta est : l’assurance chômage est plongée dans le grand bain de la politique sociale [5].

    • Réforme de l’Assurance-chômage : une offensive ultra-violente qui vise l’ensemble du monde du travail
      https://www.revolutionpermanente.fr/Reforme-de-l-Assurance-chomage-une-offensive-ultra-violente-qui

      Ce dimanche, Gabriel Attal dévoilait le contenu de la nouvelle réforme de l’assurance chômage. Une réforme d’une grande violence contre les travailleurs les plus précaires sur laquelle comptent le gouvernement et le MEDEF pour attaquer brutalement l’ensemble du monde du travail.

      ... « Balancer tout le monde à 55 ans, et après deux ans de chômage je les récupère à moitié prix »

      Loin de se cantonner aux jeunes travailleurs, cette réforme aura également un lourd impact pour les seniors. Alors que les chômeurs pouvaient toucher des allocations chômages d’une durée de vingt-sept mois à partir de 55 ans, seuls les travailleurs âgés de 57 ans bénéficieront désormais d’une telle exception sur la durée du versement. Une durée « exceptionnelle » elle-même rabotée par la nouvelle réforme en passant de vingt-sept à vingt-deux mois.

      En procédant à un tel charcutage social envers les seniors, le gouvernement assure une main d’œuvre très bon marché pour l’ensemble du patronat, en plus des jeunes travailleurs contraints d’accepter les offres d’embauches les plus précaires. Car comme le souligne le Premier ministre, « un sénior au chômage qui reprendra un emploi moins bien rémunéré que son emploi précédent pourra cumuler son nouveau salaire avec son allocation [...] pour atteindre le même salaire qu’il avait avant de tomber au chômage ». Un moyen donc les patrons de payer à bas-coût une main d’œuvre déjà qualifiée, comme le résumé le président de la CFE-CGC auprès de Libération : « je suis une entreprise, je balance tout le monde à 55 ans, et après deux ans de chômage je les récupère à moitié prix ».

      Un relèvement du seuil d’autant plus brutal pour les travailleurs seniors, déjà contraint de partir deux ans plus tard du fait du relèvement de l’âge de départ à 64 ans, que la durée d’indemnisation est indexée à la conjoncture économique selon le principe de « contracyclicité » introduit par la réforme de 2019. Ainsi, depuis février 2023, la durée de versement des allocations a été rabotée de 25% pour l’ensemble des chômeurs, faisant passer cette dernière de vingt-quatre à dix-huit mois. Cette réforme impose en effet un coefficient réducteur dès lors que le taux de chômage ne dépasse pas les 9%. Un mécanisme qui couplé aux nouvelles mesures introduites par le décret du 1er juillet auront des effets qui alertent jusqu’à la CFDT qui, dans un communiqué du 23 mai dernier, a alerté sur la chute inévitable de la durée d’indemnisation.

      Des milliards sur le dos des plus précaires comme gages aux agences de notation

      Si Gabriel Attal se défend de mener « une réforme d’économie », l’ampleur des attaques ne laissent pas dupe pourtant pas des intentions qui animent le gouvernement. Le ministère du Travail lui-même n’avait pas caché l’objectif affiché cette déconstruction méthodique des droits des chômeurs, en avançant que cette réforme devait permettre 3,6 milliards d’économies par ans, soit plus de 10 % du montant total des allocations versées en 2023. Dès lors les ambitions de façade affichées par Gabriel Attal, « prospérité et d’activité », ne trompent pas. Comme le résume Le Monde, les milliards espérés par le gouvernement laissent « de quoi interpréter cette réforme davantage comme une façon de trouver dans l’urgence des marges de manœuvre budgétaires, plutôt que d’apporter des solutions pérennes au chômage de masse. »

      Une ambition d’autant plus visible, devant certaines des mesures introduites par cette réformes et qui s’assimilent à de véritables rapines. Ainsi, alors que les allocations étaient versées pour chaque jour du mois, soit l’équivalent de 30 à 31 jours d’indemnité journalière selon le mois, le gouvernement a procédé à un lissage lui permettant d’engranger plusieurs centaines de millions d’économies. En ce sens, les allocations seront versées en ne prenant en compte que 30 jours d’indemnités journalières, peu importe le mois. Cette innovation, qu’Attal présente comme une « mensualisation » des indemnités, lui rapporterait 950 millions d’euros sur trois ans.

      Autant « d’économies » réalisées sur le dos des chômeurs qui font figure de véritables gages pour la bourgeoisie et pour les agences de notations, alors que le gouvernement était sommé par ces dernières de couper dans ses dépenses budgétaires, au risque de voir sa note dévaluée. Un enjeu d’autant plus central pour Macron et Attal à l’heure où le déficit et la dette ne cessent de se creuser malgré les politiques austéritaires et les milliards dépensés en incitations fiscales pour les investisseurs et les plus fortunés. L’enjeu n’est pas seulement tactique mais a une dimension stratégique. En ouvrant une nouvelle offensive brutale contre l’assurance chômage, Macron et le MEDEF cherchent à rattraper le retard compétitif de la France avec ses voisins européens sur le terrain de la casse des droits sociaux. L’offensive sur l’assurance chômage cherche ainsi à aiguiser la concurrence entre les travailleurs pour qu’ils acceptent n’importe quel emploi...

  • Kanaky : la vie chère imposée par les grands groupes attise les révoltes
    https://www.revolutionpermanente.fr/Kanaky-la-vie-chere-imposee-par-les-grands-groupes-attise-les-r

    Le groupe Bernard Hayot, du nom du dirigeant historique du groupe, est l’un des visages de ces grandes familles de colons qui détiennent l’économie en Kanaky. Descendant d’une famille de békés arrivés en Martinique au XVIIème siècle et ayant fait fortune avec l’exploitation du sucre basé sur l’esclavage https://www.humanite.fr/-/-/02-anti..., Bernard Hayot est à la tête d’une multinationale florissante, fondée dans les années 80 autour d’activités industrielles et qui s’est par la suite emparée de larges secteurs de la grande distribution et de la distribution automobile, en particulier dans les colonies françaises en Martinique, Guadeloupe, Guyane à la Réunion, à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, Bernard Hayot se trouve dans le classement des 500 plus grandes fortunes françaises avec un patrimoine personnel estimé à plus de 300 millions d’euros. En 2021, le chiffre d’affaires du groupe, qui communique extrêmement peu sur ses résultats, était de 3 milliards d’euros.

    Le cas du GBH est illustratif de la structure de l’économie des colonies françaises comme la Nouvelle-Calédonie, dominée par des grandes familles de colons. Comme le rapporte notamment l’association Survie, cette concentration de capitaux et des moyens de production dans les mains de certaines grandes familles est type de l’exploitation qui a cours dans les colonies françaises. Cette concentration de l’économie de territoire comme la Kanaky dans les mains d’une poignée de grands capitalistes français qui organisent la vie chère et l’exploitation est ainsi à l’origine des inégalités profondes entre les colons et leurs soutiens d’une part, et les peuples colonisés de l’autre.

    Les scènes de « pillages » de grandes enseignes de supermarchés et de commerces dans le cadre des révoltes de la jeunesse Kanak doivent être réintégrée dans cette situation économique coloniale qui plonge des pans entiers de la société Kanak dans la précarité économique. Pendant que de l’autre côté, des grandes familles de colons à Nouméa concentrent l’essentiel des richesses de l’archipel.

  • Mort du président iranien Ebrahim Raïssi : une nouvelle secousse pour un pouvoir fragile
    https://www.revolutionpermanente.fr/Mort-du-president-iranien-Ebrahim-Raissi-une-nouvelle-secousse-

    Lundi matin, les médias iraniens ont annoncé la mort du président iranien Ebrahim Raïssi lors du crash de son hélicoptère, après une visite en Azerbaïdjan, dans des conditions troubles. Si sa mort n’aura que peu de conséquences sur la structure du pouvoir iranien, les élections à venir pourraient accentuer la délégitimation du régime.

    Après avoir annoncé que l’hélicoptère du président iranien Ebrahim Raïssi avait connu un « atterrissage brutal », dimanche, les médias iraniens ont confirmé, ce matin, que l’appareil s’était craché après des recherches que les conditions météorologiques et géographiques avaient rendues ardues. Aucun des passagers de l’appareil n’a survécu, le crash tuant le Président iranien, le ministre des Affaires étrangères, Houssein Amir-Abdollahian, le gouverneur de la province de l’Azerbaïdjan oriental, Malek Rahmati, et l’ayatollah Mohammad Ali Ale-Hashem. Si les causes de l’accident sont encore inconnues, ( La mort de Raïssi : enjeux et conséquences : https://www.lorientlejour.com/article/1414340/raissi-entre-la-vie-et-la-mort-enjeux-et-consequences.html),
    la mort du président iranien intervient dans un contexte particulièrement tendu, tant à l’intérieur des frontières du régime, qui connait une crise politique d’ampleur et une situation économique très alarmante, qu’à l’échelle régionale, alors que les tensions entre l’Iran et Israël ont été gelées à un niveau inédit d’intensité, après l’attaque du 13 avril conduite par l’Iran et la contre-riposte menée par Israël quelques jours plus tard.

    Alors que le président rendait visite au président azerbaïdjanais, Ilhan Aliev, au sujet de la construction d’un barrage, les soupçons pèsent sur Bakou, allié historique de l’Etat israélien, qui l’approvisionne en armes en l’échange de produits gaziers et qui lui a offert, à de multiples reprises, des points d’accès au territoire iranien. Tandis que la situation régionale demeure très instable, que les affrontements se multiplient à la frontière libano-israélienne et que le spectre d’une invasion terrestre de Rafah se fait plus menaçant que jamais, la mort du président iranien menace de déstabiliser encore davantage les équilibres régionaux. Si la thèse d’un accident demeure pour l’heure l’hypothèse la plus probable, l’implication de l’Azerbaïdjan ou d’Israël dans le crash pourrait, si elle était avérée, déclencher une guerre régionale sans précédent dans la région et ruinerait les efforts des Etats-Unis qui tentent d’obtenir de l’Iran et des composantes de l’axe de la résistance qui sont sous son hégémonie directe en Irak et au Liban qu’ils se retirent du conflit.

    Sur le plan intérieur, la mort du président ne devrait cependant pas bouleverser la situation du régime. Homme de paille, le président Raïssi n’avait qu’un pouvoir limité et demeurait sous la tutelle implacable du Guide Khamenei dont le secrétariat a étendu son domaine de compétence à la quasi-totalité des institutions politiques du pays...

  • L’offensive russe en Ukraine et le spectre d’une situation « pré-1914 »
    https://www.revolutionpermanente.fr/L-offensive-russe-en-Ukraine-et-le-spectre-d-une-situation-pre-

    La guerre réactionnaire entre la Russie, l’Ukraine et l’OTAN est entrée dans une nouvelle phase. Ces derniers mois, elle avait disparu du centre de l’actualité, largement éclipsée par la guerre/génocide de l’État israélien à Gaza et sa projection régionale avec la première confrontation directe entre l’État israélien et l’Iran, tout en continuant à participer de dynamiques géopolitiques convulsives. Mais elle revenue par la fenêtre avec une percée russe, la plus importante depuis la première invasion en février 2022, que personne du côté ukrainien n’avait vu venir et qui pourrait constituer un tournant dans la dynamique du conflit.

    Dans la nuit du 10 mai, quelque 30 000 soldats russes et 400 chars ont franchi la frontière pour entrer dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine, soutenus par des frappes aériennes avec des « bombes planantes » (FAB-1500), recyclant de vieilles bombes guidées de l’ère soviétique qui se sont avérées être une arme tactique efficace et peu coûteuse grâce à laquelle la Russie a décimé les positions et le moral des Ukrainiens.

    Dans son avancée, l’armée russe a percé les lignes de défense ukrainiennes presque sans résistance et s’est emparée d’une douzaine de petites villes, dont Vovchansk, conduisant à une évacuation massive des civils, un tableau que l’on n’avait plus vu depuis le début de la guerre.

    L’objectif stratégique et la portée de cette offensive militaire font l’objet de diverses hypothèses. Selon Poutine lui-même, il ne s’agirait pas d’occuper la ville de Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, qui comptait avant la guerre 1 million d’habitants, mais de repousser les lignes ukrainiennes de 10 km et de créer une « zone tampon » pour empêcher les attaques contre les zones résidentielles russes à la frontière, comme Belgorod, à portée des drones utilisés par l’Ukraine.

    Sans exclure cet objectif « défensif », certains analystes militaires estiment qu’il pourrait s’agir d’une manœuvre de diversion visant à contraindre l’Ukraine à diviser ses forces déjà décimées sur deux fronts et à négliger le Donbass, qui resterait la priorité de la Russie. D’autres estiment qu’il s’agit de la première étape d’une nouvelle « offensive d’été ».

    Au-delà du « brouillard de guerre », épaissi par les manœuvres politiques et les stratagèmes militaires, l’occupation d’une grande ville comme Kharkiv ne semble pas être un objectif réaliste, compte tenu de la taille des forces utilisées. La clé du succès de l’offensive russe n’a pas été la « surprise stratégique », puisque les services de renseignement ukrainiens avaient été avertis qu’une attaque majeure se préparait. Le facteur déterminant ici reste plutôt la faiblesse de l’armée ukrainienne et la crise stratégique des États-Unis et des puissances européennes, qui dirigent l’Ukraine par l’intermédiaire de l’OTAN...

  • Tortures, humiliations, amputations… : CNN révèle l’horreur d’un camp de détention de Palestiniens
    https://www.revolutionpermanente.fr/Tortures-humiliations-amputations-CNN-revele-l-horreur-d-un-cam

    Des photos prises par des israéliens montrent des dizaines de prisonniers encerclés de fils de fers barbelés, menottés, assis au sol les yeux bandés en pleine nuit. Les témoins décrivent un système disciplinaire inhumain où des dizaines de gazaouis sont obligés de rester immobiles de jour comme de nuit, interdits de parler entre eux ou même de s’allonger pour dormir. Régulièrement, les prisonniers sont passés à tabac par les soldats, entraînant des os et dents cassés.

    Le menottage permanent des prisonniers entraîne de profondes séquelles physiques allant parfois jusqu’à l’amputation des membres meurtris. Selon le témoignage d’un israélien ayant exercé dans ce camp, « les tabassages ne sont pas faits pour obtenir des informations. Ils sont faits par esprit de vengeance. ».

    Le camp de Sde Teiman est divisé entre prisons extérieures et des salles d’« hôpital ». Dans ces tentes où les Palestiniens blessés sont incarcérés, on trouve des lits auxquels les prisonniers sont enchaînés toujours les yeux bandés mais cette fois presque complètement nus. Totalement immobilisés, les détenus sont nourris avec une paille et munis de couches. Les traitements médicaux sont minimes sinon inexistants, et la plupart du temps exercés sans anesthésies par des médecins non qualifiés.

    Un lanceur d’alerte israélien ayant traité des blessés explique la logique justifiant ce traitement inhumain, adossée aux récits de l’extrême droite israélienne et reprise par l’armée : « Les gazaouis qui arrivent ici sont considérés comme des terroristes, et l’opinion courante ici est que les gazaouis méritent de mourir, et donc qu’ils ne méritent pas les mêmes soins médicaux que les autres. »

    #palestine #israël #gaza #génocide

  • La chasse aux Kanak est ouverte… | Le Club
    https://blogs.mediapart.fr/aisdpk-kanaky/blog/150524/la-chasse-aux-kanak-est-ouverte

    Nous avons été nombreux à alerter de ce risque de dérapage, depuis 2021 et le discours mémorable de Macron suite à la mascarade de 3e référendum, sans être entendus. On est revenu au bon vieux temps du Dr Pons qui a mené aux tristes événements d’Ouvéa en 1988. Les réactionnaires au pays, parmi lesquels un grand nombre de ceux arrivés depuis 20 ans pour faire du fric en Nouvelle-Calédonie, n’ont plus de scrupules. Des milices tirent à vue sur les jeunes kanak.

    En plus, nommer le député anti-indépendantiste Meztdorf pour être le rapporteur du projet de loi mettant à mal tant d’années de paix est un signe manifeste du parti pris anti-indépendantiste et anti-kanak. Car les indépendantistes ne sont pas que des Kanak. Il faut se garder de cette schématisation simpliste et dichotomique. De nombreux jeunes non kanak sont aussi indépendantistes, voulant gérer eux-mêmes leur pays avec plus de justice sociale, économique et dans un plus grand respect de l’environnement.

    Nous ne pouvons que nous révolter face à cette situation qui a été créée de toute pièce pour faire taire les voix indépendantistes.

    • Anticolonialisme
      À l’heure de la révolte kanake, lire ou relire « Kanaky » de Joseph Andras
      https://www.revolutionpermanente.fr/A-l-heure-de-la-revolte-kanake-lire-ou-relire-Kanaky-de-Joseph-

      À l’heure où la jeunesse kanak se révolte contre la domination coloniale française et fait face à une répression meurtrière, le roman « Kanaky » de Joseph Andras, qui suit les traces du militant indépendantiste Alphonse Dianou tué à Ouvéa en 1988, constitue un livre précieux pour découvrir la lutte du peuple kanak.

      Pour son deuxième roman publié en 2018 chez Actes Sud, c’est sous la forme d’une enquête journalistique que Joseph Andras restitue une investigation passionnante en Kanaky sur les traces du militant indépendantiste socialiste, engagé au sein du FLNKS, Alphonse Dianou. Comme l’auteur a pu le faire pour Fernand Iveton dans son premier ouvrage De nos frères blessés, c’est à travers la trajectoire d’un militant qu’une partie de l’histoire des luttes anticoloniales de la Kanaky est révélée. L’enquête permet de revenir l’histoire du tristement célèbre massacre de la grotte d’Ouvéa de 1988 perpétré par la police française et au cours duquel Alphonse Dianou a été tué.

      Pour raconter cet énième épisode sanglant de l’histoire coloniale française, Joseph Andras revient 30 ans après sur les lieux du crime et restitue avec précision, dans une écriture souvent poétique, ses rencontres avec les camarades de lutte d’Alphonse, sa famille notamment sa veuve Hélène et leur fils. Plus qu’une simple biographie, l’auteur brosse avec finesse le portrait de l’archipel et questionne sa structure raciale et de classe, avec d’un côté les Kanaks et de l’autre les Caldoches, ces colons blancs installés dans l’archipel souvent bien plus riches que le peuple originaire.

      La narration est construite dans un aller-retour perpétuel entre le récit de l’écrivain à la première personne, qui retranscrit ses échanges avec les passants et les militants, mêlant avec beaucoup d’émotion enquête sociologique et récit de voyage, et, en italiques et dans un style plus journalistique, des chapitres décrivant de manière détaillée les faits qui aboutirent au lancement de l’assaut de la grotte d’Ouvéa, le 5 mai 1988. Alors que des militants indépendantistes kanaks y avaient séquestré des gendarmes, l’offensive de l’armée menée sur les ordres de Jacques Chirac, premier ministre de l’époque, avec l’aval de François Mitterrand, conduira à l’exécution de 19 militants kanaks. Une opération dont l’Etat français profitera pour éliminer toute une génération de militants anticolonialistes, tout en marquant durablement les esprits du reste des indépendantistes.

      L’un des nœuds abordés par l’ouvrage à travers la biographie de ce militant « aux légendes contradictoires et paradoxales » est celle du rapport entre mouvement indépendantiste kanak et lutte armée. Comment Alphonse Dianou est-il passé du fervent défenseur du principe de non-violence, inspiré entre autres par Gandhi, au meneur de la séquestration d’Ouvéa ? Au fil des pages, le lecteur découvre que le point de bascule se situe, selon Elie Poigoune ancien militant du Parti de Libération Kanak, dans son expérience de la répression sans pitié de la manifestation d’août 1987 à Nouméa. Alphonse Dianou vivait alors sa première garde à vue et son premier passage à tabac par la police. « J’ai vu pendant ces deux nuits comment il changeait » explique Elie Poigoune. Selon lui, Alphonse Dianou aurait alors dit « la non-violence c’est fini je n’y crois plus. Quand je sors de prison, je prends un fusil ».

      Et pour cause, à l’époque, nombre de militants et leaders pour l’autodétermination du peuple Kanak ont été assassinés par l’État français. Ces assassinats et cette répression brutale du mouvement de lutte pour l’autodétermination dans les années 80 a ainsi radicalisé toute une génération de militants. Derrière la colère, ce changement d’horizon chez Dianou illustre une question politique centrale à laquelle s’est confronté une génération de militants kanaks : comment faire face à la brutalité meurtrière d’un État colonial qui n’hésitera pas à étouffer dans le sang tout acte de résistance ?

      Dans le même temps, le destin tragique de ces expériences montre que la prise des armes qu’impose l’État colonial ne saurait résoudre à elle seule les questions stratégiques complexes posée par les luttes pour l’autodétermination réelle d’un peuple sous domination coloniale.

      A travers la structure de cet ouvrage, Joseph Andras expose également une réflexion sur la position de l’écrivain et de son rapport au politique. Il écrit au début de l’ouvrage : « Le journaliste examine, l’historien élucide, le militant élabore, le poète empoigne ; reste à l’écrivain de cheminer entre ces quatre frères : il n’a pas la réserve du premier, le recul du second, la force de persuasion du troisième ni l’élan du dernier. Il a seulement les coudées franches et parle à même la peau, allant et venant, quitte à boiter, entre les certitudes et les cancans, les cris du ventre et les verdicts, les larmes aux yeux et l’ombre des arbres. » Une réflexion qu’il approfondit dans une de ces dernières sorties en librairie « Littérature et Révolution », une série de discussions avec l’écrivaine et sociologue Kaoutar Harchi.

      Finalement, l’ouvrage rend hommage à la force et la rage avec laquelle ces militants se sont battus pour mettre fin au joug de l’impérialisme et conquérir leur liberté. « Les Kanaks sont toujours présents. On continue. Et si demain il faut retourner dans la rue, on y sera. Ceux qui sont tombés voulaient un monde meilleur pour leurs enfants. » D’une certaine manière, ce sont ces enfants qui reprennent aujourd’hui dans la rue le flambeau de cette lutte acharnée contre le colonialisme, la misère qu’il engendre, l’exploitation des richesses et des corps.

    • « La volonté farouche de garder en colonie la Kanaky et la réponse guerrière du pouvoir aux résistances des autochtones éclairent parfaitement le soutien inconditionnel de la France à Israël. Entre colons, on se soutient ! » Cerveaux non disponibles

  • Kanaky/Nouvelle-Calédonie : non au dégel du corps électoral ! non à la (…) - Collectif Solidarité Kanaky
    https://solidaritekanaky.fr/Kanaky-Nouvelle-Cale%CC%81donie-non-au-de%CC%81gel-du-corps-e%CC%81

    Le projet de loi constitutionnelle de dégel du corps électoral calédonien est débattu ces 2 jours à l’Assemblée nationale. Cette loi est comprise en Nouvelle-Calédonie comme une volonté d’en finir avec le processus de décolonisation engagé par l’accord de Nouméa. Résultat : une montée des tensions, des mobilisations multiples et puissantes dans tout le pays, et la menace d’un embrasement. Le collectif Solidarité Kanaky en appelle aux parlementaires pour retirer ce projet de loi.

    #nouvellecaledonie #kanaky

    • Kanaky : après l’adoption de la loi coloniale, l’État réprime la révolte dans le sang
      https://www.revolutionpermanente.fr/Kanaky-apres-l-adoption-de-la-loi-coloniale-l-Etat-reprime-la-r

      Aucune confiance dans des négociations minées, soutien à l’auto-détermination du peuple kanak !

      Pour obtenir l’abandon de ce projet de loi, mais également pour l’autodétermination du peuple Kanak, l’État colonial français ne sera jamais un allié. Depuis le processus de Nouméa, les solutions institutionnelles ont montré toutes leurs limites pour garantir le droit à l’auto-détermination. Alors que la Kanaky, quatrième productrice de nickel au monde et position géostratégique centrale pour la politique « Indo-Pacifique » de la France, constitue un enjeu central pour la bourgeoisie française, seul le rapport de forces et la construction d’un grand mouvement pour le droit à l’auto-détermination peut dessiner une issue.

      Alors que les universités françaises se mobilisent pour dénoncer le génocide commis par l’état colonial israélien, faisant écho aux mobilisations étudiantes pour le Vietnam des années 60 et 70,, le retour au premier plan de la question de l’impérialisme et des luttes de libération nationale est un point d’appui pour le peuple kanak. Dans ce cadre, sa lutte pour l’auto-détermination doit pouvoir compter sur la solidarité la plus large du mouvement ouvrier et de la jeunesse en France.

  • Valérie Pécresse suspend plus d’un million d’euros de subventions à Sciences Po Paris
    https://www.mediapart.fr/journal/france/290424/valerie-pecresse-suspend-plus-d-un-million-d-euros-de-subventions-sciences

    Après le week-end d’occupation par les étudiants de l’établissement parisien pour dénoncer la politique menée par Israël à Gaza, la présidente de la région Île-de-France a décidé de suspendre les subventions promises à Sciences Po. « Inédit » et « lunaire » pour son opposition.

    • Anne Sinclair s’est surpassée, Yvan Attal a vomi sa bêtise stratosphérique, Badinter I est indétrônable dans ses préjugés, Sfar J a pété un câble, La rabbine DH vire à l’extrême droite ! Fait pas bon être juifves aujourd’hui. Il faut arrêter de les inviter à la TV et à la radio iels polluent nos esprits.

    • Pécresse suspend les subventions de Sciences Po pour réprimer la mobilisation pro-palestinienne
      https://www.revolutionpermanente.fr/Pecresse-suspend-les-subventions-de-Sciences-Po-pour-reprimer-l

      Face à la mobilisation étudiante, Valérie Pécresse a annoncé suspendre les subventions de la région Île-de-France accordées à Sciences Po Paris, qui s’élèvent à plus d’un million d’euros. Un pas de plus dans la censure des voix en soutien au peuple palestinien.

      Après la victoire obtenue par les étudiants de Sciences Po à l’issue de leur occupation de jeudi, les Républicains (LR) ont souhaité appeler à un « sursaut d’autorité » face à ce qu’ils considèrent être une capitulation de la part de l’administration de l’École. Ainsi dans un tweet publié lundi 29 avril la présidente de la région Ile-de France Valérie Pécresse a annoncé couper les subventions d’un millions d’euros à l’établissement, accordé es dans le cadre du contrat de plan État-région, en réponse aux actions d’ « une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite », « instrumentalisée par la LFI et ses alliés islamo-gauchistes ».

      " J’ai décidé de suspendre tous les financements de la Région destinés à @sciencespo tant que la sérénité et la sécurité ne seront pas rétablies dans l’école. Une minorité de radicalisés appelant à la haine antisémite et instrumentalisés par la LFI et ses alliés islamo-gauchistes,…"

      — Valérie Pécresse (@vpecresse) April 29, 2024

      Outre la mobilisation d’un lexique longtemps cantonné aux pires pages de Valeurs Actuelles, cette menace incarne la détermination d’une bourgeoisie en pleine offensive autoritaire. En choisissant de couper les subventions de l’institution parisienne, après avoir maintenu envers et contre tout celles accordées à l’établissement ultra-réac, homophobe et sexiste Stanislas, l’élue francilienne se veut claire : elle n’acceptera aucune dénonciation des massacres en cours actuellement à Gaza.

      Une position qui fait consensus à droite et à l’extrême-droite, avec Gabriel Attal, comme Sébastien Chenu, porte-parole du Rassemblement national, qui ont applaudi cette décision. Dans le climat de criminalisation et de racisme ambiant, qu’illustre notamment le traitement médiatique dont Rima Hassan fait l’objet, ce front réactionnaire peut s’appuyer sur deux épouvantails pour ne pas assumer directement sa pleine complicité dans le génocide en cours : l’épouvantail « wokiste » et celui de la « minorité isolée ».

      Une mobilisation de « wokistes », à « l’idéologie venue d’outre-Atlantique »

      Interrogé ce week-end sur la mobilisation des étudiants de Sciences Po en soutien à la Palestine, Gabriel Attal a choisi de caractériser l’occupation comme le produit des « dérives d’une minorité agissante et dangereuse qui veut imposer à la majorité des étudiants, des enseignants, une idéologie venue d’outre-Atlantique ».
      Une manière de reprendre à son compte, sans la nommer, l’accusation aussi inepte que creuse en « wokisme » cette « idéologie venue d’outre-Atlantique » qui permet aux éditorialistes de nous alerter régulièrement sur « les dérives du féminisme » de l’antiracisme, et désormais du mouvement pour la Palestine.

      Une façon également de nier l’autonomie des étudiants mobilisés. Ces derniers seront en effet bien heureux d’apprendre que leur mobilisation spontanée en réaction aux massacres de 40.000 palestiniens sur la bande de Gaza n’est que l’expression d’une corruption idéologique en provenance de campus nords-américains. En réalité, comme le rappelle Yunnes Abzouz dans un article de Médiapart : « Les premières structurations politiques pour le peuple palestinien ont émergé dès les années 1960 en France, dans le sillage de la guerre d’Algérie et des mouvements anticoloniaux ». C’est donc au sein d’une longue tradition de lutte anti-impérialiste que s’inscrit cette mobilisation, et cherche à lui donner un second souffle dans le contexte actuel, où la criminalisation des militants pour la Palestine fait figure de soutien au génocide.

      Une minorité isolée et radicale

      Le deuxième éventail agité à la fois par Valérie Pécresse, Gabriel Attal, le directeur de Sciences Po mais aussi par la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau, tient à la caractérisation de la mobilisation étudiante comme « isolée et radicale ». S’il existe en effet une radicalité et une détermination affichée, le narratif d’un prétendu isolement des étudiants mobilisés ne résiste pas longtemps à l’épreuve des faits.

      D’une part, l’occupation de Sciences Po a pu s’appuyer sur le soutien d’une majorité d’étudiants, manifestant rue Saint-Guillaume devant l’institution. D’autre part, il faut aussi relever le soutien d’une large partie de la communauté enseignante qui a été un appui pour la mobilisation, notamment suite à l’intervention de CRS au cœur même du campus de Saint-Thomas mercredi dernier. Cette action policière autorisée par le nouveau directeur Jean Bassères au cours de laquelle les étudiants se sont fait déloger du site qu’ils occupaient n’a en effet pas manqué de susciter l’indignation chez la majorité des enseignants-chercheurs de l’institution. A cet égard, on peut relever laa prise de position du Centre de Recherche Internationale de Sciences Po (CERI) dans un communiqué : « Le mouvement étudiant actuel est d’envergure internationale, et il convient de l’appréhender à cette échelle. Dans un établissement d’enseignement supérieur très ouvert sur le monde, les prises de position des étudiant(e)s sur l’actualité internationale sont légitimes, et la réponse de l’institution ne saurait être l’intervention des forces de l’ordre. »

      Malgré la répression et les calomnies, la mobilisation pour la Palestine tient à Sciences Po, et s’élargit même au-delà. Ce mardi, de nombreux instituts d’études politiques étaient ains bloqués partout en France, et 500 étudiants étaient rassemblés au campus de Tolbiac de l’université Paris 1. Face à l’offensive de Pécresse et Attal, la mobilisation des étudiants dessine une issue contre l’autoritarisme, le soutien aux guerres des impérialistes et le génocide en Palestine. Une voie à suivre dès ce 1er mai, pour exprimer la colère d’une génération qui ne se taira pas face aux massacres en cours.

  • Exclusif : C’est désormais une certitude, le chômage tue - POLITIS
    https://www.politis.fr/articles/2024/04/assurance-chomage-etude-inserm-cest-desormais-une-certitude-le-chomage-tue

    Surtout, plusieurs études internationales établissent le lien entre la qualité de la protection sociale et la plus faible surmortalité liée au chômage. Autrement dit, plus ­l’assurance-chômage est protectrice, plus elle permet d’atténuer la violence du chômage et donc de réduire l’augmentation des facteurs de risque cardiovasculaire. Une étude comparée entre les États-Unis et l’Allemagne est très claire sur ce point. Alors que l’Allemagne présente une surmortalité liée au chômage bien moindre qu’outre-­Atlantique, les chercheurs concluent : « [Ce résultat] confirme l’hypothèse selon laquelle l’environnement institutionnel, y compris des niveaux plus élevés de chômage et de protection de l’emploi, tempère la relation chômage-mortalité. »

    Diminuer la protection sociale va augmenter la surmortalité.
    P. Meneton

    En France, du fait d’acquis sociaux importants et d’un modèle social plus protecteur, la surmortalité liée au chômage est bien inférieure à celle observée aux États-Unis, par exemple. Dans le pays du libéralisme, celle-ci s’élève à 140 %, selon la même étude ! « On peut donc aisément faire l’hypothèse que diminuer cette protection sociale va augmenter la surmortalité », commente Pierre Meneton, qui rappelle que les résultats trouvés sont « a minima ».

    • Eh non, ce qui tue c’est le manque de moyens dignes pour subvenir à ses besoins. L’argent n’est qu’une (sale) manière dans l’organisation de la production actuelle. Mais avoir un logement décent, de la nourriture suffisante et de qualité, la santé, et participer à la vie en commun (à produire ces subsistances et à la vie politique), ce n’est pas le manque d’argent le problème.

    • Ah tiens, encore les vieux gauchos qui n’ont pas besoin de recevoir de leçon sur internet (leur science est infuse et leur connaissance indépassable) et qui ont mis un WP à la place de SPIP
      hé ben oui, je m’y habitue pas, pourtant qu’est-ce que j’en vois passer, et puis surtout avec tout plein d’arguments sans savoir du tout de quoi iels parlent, pire que des gamins, extraordinaire. C’est un peu comme les cibles commerciales privilégiée d’apple : celleux qui ne connaissent rien à la techeunique et rechignent jusqu’à ce qu’un jour ils lâchent le pactole pour un téléphonesniffer dernier cri et qu’ils se lancent de façon acharnée sur les réseaux qui puent, ravis de ne plus dormir la nuit, plongés sur leur truc même durant les repas.
      Comment ça j’ai mangé des cactus ?

    • Je n’ai jamais oublié la leçon que nous avons apprise aux portes des usines, lorsque nous arrivions avec nos tracts prétentieux, invitant les travailleurs à rejoindre la lutte anticapitaliste. La réponse, toujours la même, venait des mains qui acceptaient nos chiffons de papier. Ils riaient et disaient : « Qu’est-ce que c’est ? De l’argent ? ». Ils étaient de cette « race païenne brutale », en effet. Ce n’était pas le mot d’ordre bourgeois « enrichissez-vous ! », c’était le mot salaire, présenté comme une réponse objectivement antagoniste au mot profit. L’Opéraïsme a retravaillé la brillante phrase de Marx – le prolétariat atteignant sa propre émancipation libérera l’humanité entière – pour lire : la classe ouvrière [3], en suivant ses propres intérêts partiels, crée une crise générale au sein des rapports sociaux capitalistes.

      https://lesmondesdutravail.net/notre-operaisme-mario-tronti

    • https://www.revolutionpermanente.fr/La-precarite-tue-une-etude-de-l-Inserm-pointe-la-surmortalite-l

      Sans surprise, donc, les personnes vivant une situation précaire et d’inemploi ont plus de risques de vivre des épisodes dépressifs qu’un actif. De plus, plus le chômage est de longue durée, plus les risques s’accroissent. Ces résultats mettent en lumière l’impact profond du chômage sur la santé mentale et physique des individus qui constituent « l’armée de réserve du capital ».

      Les résultats de cette étude tombe mal alors que le gouvernement cherche à faire passer les personnes en situation d’inemploi pour des « profiteurs », pour justifier ses offensives contre l’assurance-chômage, et contraindre les allocataires de l’assurance chômage à accepter des emplois précaires et mal rémunérés – ou à rejoindre les rangs des allocataires du RSA, lui aussi « réformé ».

  • Diplôme d’Etat imposé pour les « danses populaires » : les professionnels du secteur se mobilisent
    https://www.revolutionpermanente.fr/Diplome-d-Etat-impose-pour-les-danses-populaires-les-profession

    Alors que seul l’enseignement des danses classiques, contemporaine et jazz était soumis à l’obtention d’un diplôme d’État pour que sa pratique puisse être rémunérée, une majorité de députés a validé début mars une proposition de loi déposée en avril 2023 par une députée LR et une députée Renaissance étendant cette condition à l’ensemble des danses. Au premier rang des disciplines concernées, le hip-hop mais aussi un ensemble de danses populaires. Cette loi répressive menace les structures d’accueil de fermeture administrative et les enseignants d’une amende de 15 000 euros en cas d’enseignement rémunéré sans diplôme. Elle impose également de présenter un casier judiciaire vierge pour pouvoir obtenir ce titre. Bien que la formulation de la loi promette de prendre en compte « la diversité des pratiques », le vote de cette loi a entraîné une levée de boucliers de la part des enseignants des danses dites « populaires », « du monde » ou « traditionnelles ». qui craignent de se voir dépossédés des arts et cultures qu’ils pratiquent, et dont ils revendiquent la dimension populaire voire contestataire.

    #danse

  • Rima Hassan, candidate LFI aux européennes, convoquée par la police pour apologie du terrorisme
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2024/04/19/rima-hassan-candidate-lfi-aux-europeennes-convoquee-par-la-police-pour-apolo

    Ca vient de sortir...

    Après les annulations en série des conférences de Jean-Luc Mélenchon, l’interdiction d’une conférence sur la Palestine de La France insoumise à Lille, jeudi 18 avril, voilà Rima Hassan, candidate en septième position sur la liste aux européennes du mouvement, convoquée par la police pour apologie du terrorisme.

    Dans un courrier reçu vendredi 19 avril, la juriste franco-palestinienne se trouve convoquée le 30 avril « afin d’être entendue librement sur des faits d’apologie publique d’un acte de terrorisme, commise au moyen d’un service de communication au public en ligne ». Des faits survenus, selon la police, entre le 5 novembre et le 1er décembre 2023, soit avant qu’elle ne soit candidate sur la liste de LFI.

    Pour son avocat, Vincent Brengarth, cette convocation, que Le Monde a pu consulter, « est proprement ahurissante. Elle criminalise les expressions de Rima Hassan alertant sur l’urgence de la situation à Gaza. Chacun voit bien qu’elle intervient en pleine campagne électorale et qu’elle vise à affaiblir Rima Hassan, dans un contexte de pressions multiples ». Contacté, le parquet n’a pas répondu à nos questions.

    « Confiante et prête à coopérer »

    Dans un texte transmis au Monde, Rima Hassan se dit « sereine, confiante et prête à coopérer pleinement avec les agents de la police judiciaire, en laquelle [elle a] pleinement confiance ».

    « Je saisis cette opportunité pour dire mon inquiétude du climat ambiant qui pèse sur les voix militantes et politiques sur le sujet palestinien », poursuit la candidate LFI, condamnant « les pressions politiques visant à compromettre [sa] liberté d’expression. Ces pressions menacent nos libertés et l’état de notre démocratie et interviennent surtout dans le cadre des élections européennes, un moment politique crucial pour l’avenir des Français ».

    En novembre, la militante des droits des Palestiniens avait notamment qualifié l’armée israélienne d’armée « la plus immorale du monde », au-dessus d’une photo de missiles israéliens lui étant apparemment dédicacés, sur X.

    Le 5 novembre, celle qui a longtemps été partisane d’un Etat binational écrivait aussi : « From the river to the sea. On veut libérer TOUS les Palestiniens. Ceux des camps, ceux de Gaza, ceux de Jérusalem, ceux de la Cisjordanie, ceux d’Israël et tous ceux de la diaspora. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra parler d’Etat palestinien, de peuple palestinien. Prétendre offrir un Etat palestinien sur une enclave qui de fait empêchera tous les Palestiniens de s’unir et de déterminer leur destin commun, c’est, je vous le dis d’avance, faire Gaza 2. » Tout en ayant reconnu le « mode opératoire terroriste » du Hamas et sa qualification comme groupe terroriste par l’Union européenne, la candidate aux européennes, cible de menaces de mort, concentre les critiques des adversaires politiques de LFI, qui lui reprochent d’attiser la haine d’Israël.

  • Peines contre les parents, internats : Attal s’en prend encore aux jeunes de quartiers populaires
    https://www.revolutionpermanente.fr/Peines-contre-les-parents-internats-Attal-s-en-prend-encore-aux


    Mais EDM, il n’a pas justement un gamin qui fait le con ? C’est ballot de se tirer ainsi une balle dans le pied. Ou alors, il faut lire en tout petit en bas : seulement pour les gens racisés ?

    Prétextant vouloir « restaurer la parentalité », le texte de loi cible dans un premier temps les parents de mineurs ayant commis des infractions à la loi. Éric Dupond-Moretti s’appuie notamment sur l’article 227-17 du Code pénal, qui punit les parents lorsqu’un mineur commet « plusieurs crimes ou délits ». Après avoir exhorté les parquets à utiliser ce dispositif, le garde des Sceaux se félicitait le 9 avril d’une hausse de condamnation des parents. « Plus de 310 condamnations ont été prononcées en un an. Cela fait une augmentation de 40%, depuis le premier trimestre 2023 », a-t-il ainsi proclamé à l’Assemblée nationale. L’article en question prévoit actuellement des peines allant jusqu’à deux ans de prison et 30 000€ d’amende, qui seraient alourdies par le projet de loi, allant jusqu’à « trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende ».

  • SNU : jusqu’à présent, j’avais héroïquement résisté à l’appel du point Godwin sur le sujet – auquel, au moins @marielle avait cédé –, mais là, les titillements de @biggrizzly forment la goutte de trop, je craque…

    Exclusif : voici l’uniforme du Service national universel
    https://www.parismatch.com/Actu/Societe/Exclusif-voici-l-uniforme-du-Service-national-universel-1618817

    Gabriel Attal dévoilera jeudi [18 avril 2019] la tenue officielle du SNU aux côtés des premiers jeunes volontaires qui testeront ce service national en juin. Paris Match vous la présente en exclusivité.
    Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale, pose avec les 13 premiers volontaires du SNU.
    © Philippe Petit

    Le projet des jeunes du lycée Le Corbusier à Tourcoing, l’a emporté. Avec une cocarde tricolore et un slogan : « Jeunesse engagée. » Une idée des élèves de première de la filière architecture et design. Ils ont gagné le concours lancé par Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education nationale , en charge du Service national universel (SNU). Une tenue faite par des jeunes pour des jeunes.


    Les volontaires du SNU et le secrétaire d’Etat Attal au pied de l’Arc de Triomphe. [variante sans le blouson, « tenue de travail » ?]
    © Philippe Petit

    [EDIT : comme l’adresse de la photo de Match ne passe pas (présence d’une virgule), j’ai été piocher sur le site de Révolution permanente ;-)
    mêmes photos du service de presse, mais titre un peu différent :
    Embrigadement. Service National Universel : bientôt les jeunes déguisés en policiers
    deux salles, deux ambiances]

    et donc, l’évident :


    BNF Gallica, via WP


    Le Maréchal Pétain passe en revue un groupe des chefs des Chantiers de Jeunesse.
    Source : Collection particulière.

    via : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/index.php/fr/les-chantiers-de-la-jeunesse

    mais aussi, avec les déclinaisons
    les chefs


    Tenue de sortie, Tenue de travail, Chef musulman [pour l’Afrique du nord], Chantiers de la Marine
    mais aussi, pour la troupe [к рядовым членам, les « membres ordinaires » dit le texte

    Tenue de sortie, Musique, Tenue de travail, Garde du drapeau
    via https://catherine-catty.livejournal.com/832198.html (en russe…)

  • Interview. Nancy Fraser, virée d’une fac allemande pour avoir soutenu la Palestine
    L’université de Cologne a annulé la nomination de la professeure de philosophie de la New School de New York. Nancy Fraser dénonce les procès en antisémitisme qui touchent de nombreuses personnalités juives en Allemagne qui s’engagent contre le génocide à Gaza.

    Nathaniel Flakin | 11 avril

    https://www.revolutionpermanente.fr/Interview-Nancy-Fraser-viree-d-une-fac-allemande-pour-avoir-sou

    Vous venez d’être licenciée d’un poste de professeure invitée à l’ université de Cologne parce que vous avez signé la déclaration Philosophy for Palestine, qui condamne le « génocide en cours » et le « système d’apartheid » d’Israël. Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé ?

    J’ai été invitée à Cologne en juillet dernier. J’ai signé la déclaration en novembre. Et alors que celle-ci était en ligne depuis un long moment, j’ai reçu un mail la semaine dernière de la part du professeur Andreas Speer me disant que le recteur avait exprimé des inquiétudes. J’ai pensé que c’était très inapproprié. J’ai été invitée sur la base de mes travaux universitaires, qui n’ont rien à voir avec mon avis sur Israël et la Palestine. Je lui ai répondu en disant qu’il y a de nombreux points de vue sur la question, et qu’il y a beaucoup de souffrance de tous les côtés, y compris pour moi en tant que Juive. Mais j’ai insisté sur le fait qu’il n’y avait aucun désaccord sur l’importance d’avoir des discussions libres, ouvertes et respectueuses, comme l’avait déclaré le recteur. Mes cours magistraux n’ont rien à voir avec Israël et la Palestine. Dans les 24 heures j’ai reçu la réponse du recteur : Puisque je ne voulais pas changer d’opinion, il n’avait donc pas d’autre choix que de me licencier.

    Au cours des années vous avez travaillé pour différentes universités allemandes. Est-ce que cela s’était déjà produit auparavant ?

    Jamais, mais je ne m’étais pas exposée aussi ouvertement que certains de mes collègues. La situation à Gaza est en ce moment si extrême que j’ai ressenti le besoin de m’exprimer clairement. (...)

    #IsraelAllemagne

    • Israel’s Architecture of Occupation : Eyal Weizman on Gaza & Targeting of Jewish Pro-Palestinian…
      https://seenthis.net/messages/1048627

      To a certain extent, the Holocaust has become a religious faith, that is uncomparable, that is ahistorical, and that its lesson is completely monovalented. There’s one lesson from it. And that is the protection of Israel as the Staatsräson, as the reason for existing of the German state. The right of being of the German state is understood as the protection of Israel. And the protection of Israel means the protection and support of every Israeli policy. And therefore, you see German arming the Israeli genocidal machine in Gaza now as a reparation for their genocide.

  • Répression des GJs, soutien au meurtrier de Nahel : le policier préféré des médias rejoint le RN
    https://www.revolutionpermanente.fr/Repression-des-GJs-soutien-au-meurtrier-de-Nahel-le-policier-pr

    Spécialiste en défense des policiers coupables de meurtres, l’ex-porte-parole du SICP a annoncé qu’il rejoignait la liste du RN aux européennes. Une carrière politique lancée grâce aux médias dont il est le chouchou ces dernières années, de CNews à France 5 en passant par BFM.

    Commissaire de police et ancien porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP), le très médiatique Matthieu Valet a annoncé ce mardi 9 avril son entrée sur la liste du Rassemblement National pour les élections européennes de juin prochain. Avec cette nouvelle figure médiatique, le RN ajoute à sa liste un champion de la défense de l’impunité policière.

    Commissaire à la BAC du Val-De-Marne, Matthieu Valet est en effet régulièrement invité sur les plateaux de BFM et CNews pour y défendre les policiers, en particulier lorsque ceux-ci sont accusés de meurtre. En 2018, Valet a fait ses armes dans la répression du mouvement des Gilets jaunes à La Ciotat, où le mouvement a connu son lot de manifestants violentés et emprisonnés. Depuis, le commissaire a été propulsé star médiatique de la défense de la répression et de l’impunité policière sur les plateaux de toutes les chaînes, de BFM et CNews à France 5.

    Juste après le scandale provoqué par le meurtre du jeune Nahel, il avait pu y exprimer toute son empathie pour les policiers meurtriers sur CNews : « Aucun policier ne tue de gaité de cœur une personne dans une opération de police très difficile : en un dixième de seconde, le policier doit savoir si l’utilisation de son arme lui permettra de protéger sa vie et celle des autres ». Quelques semaines plus tard, Valet campait de nouveau dans les studios des chaînes d’information pour défendre le meurtrier de Nahel, « traité comme le pire des criminels » selon lui car placé… en détention provisoire.

    Un travail de légitimation des meurtres policiers qui s’accompagne évidemment d’un soutien à la répression des mouvements sociaux. En 2023, lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, Matthieu Valet faisait ainsi le tour des plateaux pour défendre les gardes-à-vue arbitraires, pratiquées massivement par la police, expliquant « est-ce que ce n’est pas mieux, dans notre état de droit, d’avoir une phase de garde à vue de 24/48h ? ». Dans le même sens, au lendemain de la mobilisation contre les méga-bassines à Sainte-Soline, face à l’avocate Elsa Marcel, le syndicaliste policier se faisait l’avocat des violences brutales contre les manifestants, appelant à ne pas traiter les militants écologistes comme des « quidam de droit commun » mais plutôt à faire en sorte que ces derniers soient « condamnés en conséquence ».

    Chouchouté par les médias, Valet sait cacher les positions les plus radicales visant à renforcer le permis de tuer de la police derrière des formules acceptables sur les plateaux de France 5. Il n’ a cependant jamais caché aucune de ses positions. En 2022, Matthieu Valet réclamait ainsi haut et fort la possibilité pour les policiers de pouvoir tuer en toute impunité, face à un « ensauvagement systémique de la société ». Empruntant la rhétorique de l’extrême droite et de Darmanin, les habitantes des quartiers populaires ne seraient que des voyous, pour lesquels « la vie n’a plus aucune valeur (…). Ils ont un rapport complètement débridé à la violence et le fait de tuer est normalisé. » Un constat qui implique de faciliter l’usage des armes à feux pour le policier, et extraire les agents de répression des entraves légales actuelles, qualifiées « d’usine à gaz ».

    Ce mardi, face aux journalistes de CNews, qui l’avaient invité pour annoncer sa candidature, Matthieu Valet a pu une fois encore marteler les éléments de langage de l’extrême-droite. Réagissant au meurtre dramatique du jeune Chamseddine, il a affirmé que « ce n’est plus l’ultra violence, c’est l’ensauvagement qui est en train d’emporter notre jeunesse ». Un discours qui lui a permis, une nouvelle fois, de dérouler, cette fois à visage découvert, un programme sécuritaire bien connu : abaissement de la majorité pénale, peines planchées, expulsions des logements sociaux... Présentant, comme à son habitude, les policiers pour des victimes, il a expliqué : « avant de demander des comptes aux policiers, on demandera des comptes aux voyous. »

    Ce promoteur de l’impunité policière et du racisme d’État, méprisant tout autant les droits des habitants des quartiers populaires que ceux des manifestants, rejoint donc sans surprise le RN. De quoi dévoiler une nouvelle fois l’hypocrisie de ce parti qui voudrait faire croire qu’il soutient les Gilets jaunes et les manifestants contre la réforme des retraites, alors qu’il est 100% aligné avec les forces de répression qui les ont tabassés, éborgnés et emprisonnés. Valet devrait figurer à la 7ème place de la liste, aux côtés de Jordan Bardella et des prises du RN pour ces élections : Malika Sorel-Sutter, essayiste laïcarde et ancienne membre du Haut conseil à l’intégration, et Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex, contraint de démissionner à la suite d’un scandale concernant les pratiques de refoulement aux frontières qu’il encourageait.

    Une liste ultrasécuritaire et réactionnaire, face à laquelle il va falloir commencer à construire une réponse ouvrière, qui oppose au durcissement autoritaire, à la criminalisation des étrangers et des quartiers populaires, et à la répression du mouvement ouvrier et du mouvement social une riposte d’ensemble. Si le RN progresse, c’est en effet en surfant sur les tendances profondes du régime qu’alimente le gouvernement, pas de lutte contre l’extrême-droite et tous ses « Valet », sans lutter contre les politiques de Macron sur tous les terrains. Il y a urgence !